Accusations du Capitaine Ibrahim Traoré, réponse du RHDP, prisonniers militaires, réfugiés refoulés –  Les relations entre Abidjan et Ouagadougou toujours tendues

« Il nous accuse, il dit qu’il a des preuves, mais nous attendons. Nous sommes un pays de paix, un pays d’hospitalité, la terre promise où tous ceux qui se sentent persécutés dans leurs pays peuvent venir se reposer ». C’est en ces termes que le porte-parole principal du  Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Kobenan Kouassi Adjoumani, par ailleurs, ministre d’Etat, ministre de l’agriculture, du développement durable et des productions vivrières, a répondu aux accusations formulées, le jeudi 11 juillet 2024, contre les autorités de Côte d’Ivoire par le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso, président de la transition.

« Nous attendons les preuves », soutient Kobenan  Adjoumani

 C’était le mercredi 17 juillet 2024 lors de la conférence de presse hebdomadaire du RHDP baptisée « Les Rendez-vous du RHDP » qui s’est tenue au siège du parti présidentiel à Abidjan-Cocody. En l’absence du président Alassane Ouattara qui s’est envolé pour la France, en visite privée, après le conseil des ministres, son parti politique, le RHDP, a réagi aux propos du capitaine Ibrahim Traoré qui a accusé, récemment, la Côte d’ Ivoire de vouloir déstabiliser le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso.

Pour le porte-parole principal du RHDP, ces accusations sont infondées. « La Côte d’Ivoire n’a aucun problème avec les pays qui nous environnent, au contraire ce sont nos frères et sœurs », a affirmé M. Kobenan Kouassi Adjoumani. Et d’ajouter : « Vous avez vu le dispositif mis en place par le gouvernement ivoirien pour accueillir tous ces frères et sœurs qui ont des difficultés réelles à vivre dans leurs pays et qui trouvent comme refuge la Côte d’Ivoire ». Il a également affirmé « prier pour ce pays (le Burkina) afin que la paix revienne et qu’il y ait des élections (…) et qu’on en finisse avec les coups d’État ».

 Abidjan ne hausse pas le ton

 En effet, ce sont plus de 60.000 Burkinabé qui se sont réfugiés en Côte d’Ivoire fuyant les attaques terroristes et les exactions perpétrées par des militaires ainsi que des civils armés officiellement dénommés « Volontaires pour la défense de la patrie » (VDP). Pour accueillir tous ces réfugiés, la Côte d’Ivoire a construit des camps et encouragé les populations ivoiriennes à recevoir chez elles, ces frères et sœurs venus du Burkina Faso.  A noter que le chef de la junte militaire du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022, accuse la Côte d’Ivoire d’héberger un « centre d’opérations pour déstabiliser » son pays. Il promet de montrer prochainement des « preuves physiques » de ses accusations. Il a indexé également le Bénin.

Ibrahim Traoré indexe également le Bénin

 Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina sont de plus en plus exécrables. Fin mars, un soldat burkinabè et un supplétif civil de l’armée ont été arrêtés dans le nord de la Côte d’Ivoire. En septembre 2023, ce sont deux gendarmes ivoiriens qui avaient été interpellés sur un site d’orpaillage en territoire burkinabè

 Récemment, le 13 juillet 2024, 173 Burkinabè sont arrivés à Ouangolodougou, localité du Nord de la Côte d’Ivoire. Selon la radio française RFI,  sept d’entre eux se signalent à la préfecture et font les démarches pour enregistrer leur bétail. Trois jours plus tard, 164 personnes de ce groupe sont reconduites à bord d’un bus dans leur pays, le Burkina Faso. Aucune raison officielle n’a été invoquée pour le moment. « Ces personnes ne s’étaient pas enregistrées auprès des autorités », indique une source locale. « Il y a la crainte d’un afflux migratoire, avec une peur d’infiltrations » confie une source à RFI.

173 Burkinabè reconduits dans leur pays

 Ces personnes ont été refoulées « au mépris des règles humanitaires », a déploré, le mercredi 17 juillet 2024, Jean Emmanuel Ouédraogo, le porte-parole du gouvernement burkinabè, à l’issue d’un Conseil des ministres. Dans la foulée, la ministre burkinabè de l’Action humanitaire s’est rendue à Niangoloko pour apporter du soutien et du matériel, rapporte l’agence d’information du Burkina Faso. Côté ivoirien, on assure qu’il s’agit là d’une « mesure isolée » et que depuis près de trois ans, les demandeurs d’asile bénéficient d’une assistance de la part du gouvernement.

Cet épisode constitue une autre preuve des relations toujours tendues entre Abidjan et Ouagadougou en dépit des efforts de la Côte d’ivoire, a appris le site indépendant d’informations « Le Monde Actuel », de normaliser ses relations avec son voisin, le Burkina Faso.

Didier Depry

Légende photo : En sa qualité de doyen, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, déploie des efforts pour normaliser les relations de son pays avec le Burkina Faso. Mais visiblement, le capitaine Ibrahim Traoré, ne semble pas regarder dans la même direction que lui. (Archives)

 

 

 

 

 

 

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