DĂ©tenu depuis le vendredi 9 aoĂ»t 2024, au PĂŽle PĂ©nitentiaire dâAbidjan, anciennement MACA, TraorĂ© Mamadou, membre de la Commission dâOrientation et de Coordination (COC) et formateur au sein de la Commission Formation et Livres de GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires (GPS), a Ă©tĂ© jugĂ©, hier, vendredi 16 aoĂ»t 2024, au tribunal de premiĂšre instance dâAbidjan et condamnĂ© Ă 24 mois d’emprisonnement ferme et 500.000 FCFA d’amende. Il Ă©tait accusĂ© de « diffusion de nouvelles fausses de nature Ă porter atteinte au moral de la population ; incitation à la rĂ©volte ; atteinte Ă lâordre public ».Â
Pour sa part GĂ©nĂ©rations et Peuples solidaires (GPS), la formation politique, officiellement dissoute par la Justice ivoirienne , dirigĂ©e par lâancien Premier ministre et prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, Guillaume Soro, affirme que son cadre est accusĂ© dâavoir exprimĂ© des opinions critiques sur le fonctionnement de certaines institutions de la RĂ©publique Ă la suite du dĂ©filĂ© du 7 aoĂ»t 2024.Et quâil est victime du bĂąillonnement de la libertĂ© dâexpression en CĂŽte dâIvoire.
Autre cadre de GPS emprisonnĂ©, il sâagit de Kando Soumahoro avait pris part, au nom de GPS, Ă la confĂ©rence de presse organisĂ©e par le collectif des partis politiques de lâopposition et des organisations de la sociĂ©tĂ© civile, le vendredi 9 aoĂ»t 2024, au siĂšge du PDCI-RDA Ă Abidjan-Cocody. Alors que le GPS, le parti politique de Guillaume Soro, est considĂ©rĂ© comme dissous par la Justice ivoirienne, dâoĂč son arrestation et son incarcĂ©ration. Ci-dessous la dĂ©claration du GPS.
Didier Depry Â
DĂ©claration du Cadre restreint de GPSÂ
Le Mouvement Citoyen GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires (GPS) alerte lâopinion publique sur lâarrestation et lâemprisonnement arbitraires de M. Kando Soumahoro, membre de la Commission d’Orientation et de Coordination et Coordonnateur rĂ©gional de GPS de Biankouma et Sipilou.
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Le vendredi 9 aoĂ»t 2024, M. Kando Soumahoro, au nom de GPS, a pris part Ă la confĂ©rence de presse organisĂ©e par le collectif des partis politiques de lâopposition et des organisations de la sociĂ©tĂ© civile tenue au siĂšge du PDCI-RDA Ă Abidjan-Cocody. Ă cette occasion, il a apposĂ© sa signature au bas de la dĂ©claration conjointe appelant Ă des rĂ©formes Ă©lectorales et Ă des Ă©lections inclusives, transparentes et dĂ©mocratiques en CĂŽte dâIvoire en 2025.
Le dimanche 11 aoĂ»t 2024, M. Kando Soumahoro a reçu un coup de fil lâinvitant Ă une audition Ă la PrĂ©fecture de Police dâAbidjan. Face Ă une telle dĂ©marche cavaliĂšre, M. Soumahoro a pris attache avec le conseil dâavocats de GPS. AussitĂŽt, un des avocats sâest rendu Ă la prĂ©fecture de Police pour sâassurer quâune convocation formelle soit Ă©tablie. Le mĂȘme jour, avec une rapiditĂ© surprenante, lâautoritĂ© policiĂšre a Ă©mis Ă son encontre une assignation sans motif. En tant qu’ancien dĂ©putĂ© respectueux des lois de son pays, celui-ci s’est prĂ©sentĂ© le mardi 13 aoĂ»t au lieu-dit accompagnĂ© de son avocat.
Lâaudition a dĂ©marrĂ© Ă 10 heures prĂ©cises. Elle a Ă©tĂ© jalonnĂ©e de longues suspensions pour des motifs inconnus. Lâofficier de police judiciaire y a mis fin formellement Ă 15 heures prĂ©cises. Cependant, sans autre forme de procĂšs, M. Kando Soumahoro a Ă©tĂ© maintenu dans les locaux de la PrĂ©fecture de Police assistĂ© de son avocat jusquâĂ 21h30. Heure Ă laquelle lâavocat sâest vu intimer lâordre de rentrer chez lui. Il faut souligner que lâaudition elle-mĂȘme nâa durĂ© quâune vingtaine de petites minutes.
En effet, en guise dâinterrogatoire, lâenquĂȘteur a commencĂ© par lui prĂ©senter sa signature au bas de la dĂ©claration conjointe du collectif des partis politiques de lâopposition et des organisations de la sociĂ©tĂ© civile. Il lui a ensuite Ă©tĂ© demandĂ© de certifier qu’il s’agissait bien de la sienne. M. Kando Soumahoro a rĂ©pondu par lâaffirmative. L’enquĂȘteur a alors demandĂ© s’il Ă©tait informĂ© de la dissolution de GPS. M. Kando Soumahoro a allĂ©guĂ© que GPS avait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© dissous en premiĂšre instance, mais que les avocats du Mouvement avaient interjetĂ© appel. De ce fait et fort de la procĂ©dure judiciaire en cours, GPS a pu fonctionner normalement jusquâĂ ce que lâinstance dâappel confirme la dissolution. Le collĂšge dâavocats sâest aussitĂŽt pourvu en cassation par dĂ©claration n°16 du 22 fĂ©vrier 2023 et est dans lâattente de cette audience.
Toutes choses Ă©tant Ă©gales par ailleurs, si GPS a pu fonctionner une premiĂšre fois aprĂšs un premier jugement, le pourvoi en cassation ne pouvait que produire le mĂȘme effet, Ă savoir la suspension dâapplication de la dissolution. Dâailleurs, le Code de ProcĂ©dure PĂ©nale ne dit pas autre chose puisquâil indique clairement en son article 605 que « pendant les dĂ©lais du recours en cassation et s’il y a eu recours, jusqu’au prononcĂ© de l’arrĂȘt de la Cour de cassation, il est sursis Ă l’exĂ©cution de l’arrĂȘt objet du recours sauf en ce qui concerne les condamnations civiles ». De sorte quâau regard du droit positif ivoirien, GPS demeure Ă©ligible au fonctionnement normal jusquâĂ ce que la Cour de cassation statue et rende un verdict dĂ©finitif.
Visiblement confrontĂ© Ă un argument de droit irrĂ©fragable, lâenquĂȘteur, quelque peu dĂ©boussolĂ©, a indiquĂ© que le procureur joint, sâĂ©tait proposĂ© de venir entendre lui-mĂȘme lâassignĂ©. Ensuite, il a arguĂ© attendre un appel tĂ©lĂ©phonique pour dĂ©terminer la suite Ă donner Ă la procĂ©dure. Câest aux alentours de 21h30 que lâenquĂȘteur a finalement reçu un appel, non pas du procureur, mais de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique, ordonnant le dĂ©ferrement de M. Kando Soumahoro au parquet dâAbidjan pour le lendemain.
La suite est connue. M. Kando Soumahoro a Ă©tĂ©, le mercredi 14 aoĂ»t 2024, conduit au parquet avant dâĂȘtre emprisonnĂ© au PĂŽle pĂ©nitentiaire dâAbidjan. Cela, en violation de lâarticle 13 de la Constitution ivoirienne qui garantit le droit aux citoyens de crĂ©er des partis et groupements politiques et dâexercer leurs activitĂ©s.
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Il est essentiel de comprendre les motivations derriĂšre l’acharnement manifeste de M. Ouattara contre GPS depuis sa crĂ©ation. Il faut considĂ©rer que la querelle fratricide est souvent la plus engagĂ©e et la plus violente. Le divorce entre M. Ouattara et M. Soro en fĂ©vrier 2019, suivi de la fondation du mouvement citoyen GPS en juillet de la mĂȘme annĂ©e, a incontestablement provoquĂ© lâire du premier citĂ©.
En rĂ©alitĂ©, M. Ouattara n’a jamais tolĂ©rĂ© ni acceptĂ© que GPS Ă©merge comme une force politique qui « chasse » sur « ses propres terres ». Il a toujours agi comme sâil avait un droit de prĂ©emption sur les populations du Nord de la CĂŽte dâIvoire. Cette portion du territoire Ă©tant considĂ©rĂ©e par lui comme sa propriĂ©tĂ© privĂ©e exclusive. La montĂ©e en puissance d’une nouvelle force politique ou d’un autre homme politique dans cette rĂ©gion septentrionale est tout simplement impardonnable et inacceptable Ă ses yeux, car cela menace de fragmenter son Ă©lectorat.
En outre, M. Ouattara, dans son ambition de capturer lâĂtat de CĂŽte dâIvoire ad vitam aeternam, a entrepris de rĂ©Ă©crire lâHistoire de notre pays, de telle sorte que ses dettes morales passĂ©es envers la classe politique ivoirienne soient progressivement effacĂ©es dans les mĂ©moires. Il entend ĂȘtre le maĂźtre absolu. Enfin, M. Ouattara sâacharne contre GPS en raison de son incapacitĂ© Ă causer son inanitĂ© en dĂ©pit des moyens colossaux engagĂ©s pour traquer son leader et ses militants. Le retour dâexil du PrĂ©sident Guillaume Soro et lâaccueil enthousiaste dont il a Ă©tĂ© lâobjet dans la plupart des pays ouest-africains ont dĂ©clenchĂ© chez lui crainte et colĂšre.
Cependant, cette situation ne constitue que la premiĂšre dimension du problĂšme. Il est Ă©galement crucial d’examiner les raisons qui sous-tendent la vague dâarrestations et dâemprisonnements en ce moment prĂ©cis. Que personne ne sây mĂ©prenne : la bataille pour la capture du pouvoir d’Ătat en 2025 est dĂ©jĂ en cours. M. Ouattara a ouvert les hostilitĂ©s et les arrestations arbitraires en sont la manifestation Ă©vidente. La recrudescence de la rĂ©pression contre GPS rĂ©sulte de l’Ă©chec des espoirs de dĂ©crispation exprimĂ©s en mars 2024. Ă cette Ă©poque, M. Ouattara avait probablement cru que les appels tĂ©lĂ©phoniques de M. Soro Ă©taient mus par le dĂ©sespoir dâun homme Ă bout de course, qui le supplierait de retourner au RHDP. En revanche, lâinattendu rapprochement de GPS avec les partis politiques de lâopposition nâa fait quâaggraver les choses. En effet, la formation d’une plateforme unifiĂ©e de l’opposition ivoirienne reprĂ©senterait une menace fondamentale pour ses certitudes concernant son maintien au pouvoir.
đĂ©đ§Ă©đ«đđđąđšđ§đŹ đđ đđđźđ©đ„đđŹ đđšđ„đąđđđąđ«đđŹ condamne avec la plus grande fermetĂ© la dĂ©tention arbitraire de M. Kando Soumahoro et de tous ses militants emprisonnĂ©s. GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires fait observer que ces faits sont le signe d’une dĂ©rive autoritaire prĂ©occupante. Le diktat prĂ©sidentiel sur le pouvoir judiciaire bouleverse lâorganisation et le fonctionnement de lâinstitution gardienne des libertĂ©s citoyennes, la transformant en bras sĂ©culier dâun pouvoir exĂ©cutif engagĂ© dans une campagne de rĂ©pression systĂ©matique et aveugle.
đĂ©đ§Ă©đ«đđđąđšđ§đŹ đđ đđđźđ©đ„đđŹ đđšđ„đąđđđąđ«đđŹ exige la remise en libertĂ© immĂ©diate de M. Kando Soumahoro et lâarrĂȘt de toutes les poursuites visant ses militants. Ă ceux-ci comme Ă tout citoyen ivoirien attrait devant la justice, GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires requiert que soient appliquĂ©es de maniĂšre juste et Ă©quitable, par des juges indĂ©pendants, les lois de la RĂ©publique. La longue chaĂźne des arrestations et des condamnations au forceps des militants de GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires sous le fallacieux prĂ©texte de sa dissolution dĂ©crĂ©dibilise notre systĂšme judiciaire.
đĂ©đ§Ă©đ«đđđąđšđ§đŹ đđ đđđźđ©đ„đđŹ đđšđ„đąđđđąđ«đđŹ marque son soutien Ă M. Kando Soumahoro, Ă sa famille et tient Ă inviter ses militants Ă la plus grande sĂ©rĂ©nitĂ©, Ă garder courage et dĂ©termination dans la poursuite du travail de maillage du territoire national. En effet, il est crucial de poursuivre le combat pour la dĂ©fense des valeurs de la RĂ©publique, des libertĂ©s individuelles et collectives et dâĆuvrer Ă lâavĂšnement dâun Ătat de droit solidaire.
 Fait le 16 aoĂ»t 2024Â
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LĂ©gende photo : Kando Soumahoro, militant et cadre de GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires (GPS) a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©.
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