Démarrée le 22 novembre 2024, la 8ème édition de la Biennale internationale des arts d’Abidjan (BINA) poursuit son petit bonhomme de chemin. Ainsi, du beau monde a pris part au lancement de la 7ème articulation de l’évènement cher à Augustin Kassi, mardi 10 décembre, à l’agence Houkami Guyzagn sise à Abidjan-Cocody. A l’occasion du vernissage de l’exposition collective réunissant tous les plasticiens (26 artistes internationaux et 15 nationaux) cooptés pour cette biennale, le public a pu prendre langue avec les artistes venus de divers horizons, 13 pays en tout.
« La Biennale internationale des arts d’Abidjan est la biennale créée par un artiste pour les artistes », a insisté le promoteur Augustin Kassi. Qui est revenu sur la genèse de son évènement, tout en apprenant à ses convives comment développer quelque chose à partir de rien. Prenant en exemple son projet de biennale à ses débuts.
A l’en croire, l’art d’aujourd’hui, c’est le chaos. En lâchant : « Je suis un artiste contemporain. Je déclare pour ceux qui ne le savent pas ou pour ceux qui en doutent encore que l’art contemporain tourne autour du vohou vohou. J’ai créé en 1998 la Biennale internationale des arts naïfs d’Abidjan, aujourd’hui Biennale internationale des arts d’Abidjan, à partir d’une frustration. Nous étions à la Biennale de Dakar et où les œuvres proposées répondaient à des esthétiques uniquement occidentales. Pour remédier à ce fait, j’ai lancé ma biennale, une biennale populaire des arts naïfs. Je l’ai créée pour mettre en avant toutes les formes artistiques».
Pour Augustin Kassi, l’art est démocratique. « Nous avons ici autour de nous tous ces artistes avec des expressions artistiques différentes et diverses. Je me dis que si on partage ce qu’on a, on finira forcément par avoir après ce qui nous manque ».
Le promoteur de la BINA a aussi parlé d’une articulation majeure de la BINA : la Route du Cacao. « J’ai créé la Route du cacao pour associer l’art et le cacao. Je suis enfant de planteurs, enfant de paysans. Et je suis aujourd’hui moi-même planteur. Jeudi, nous nous rendons dans ma région d’origine pour 3 jours d’immersion ». Avant, il est revenu à Lordiane Dia, la manager de la galerie, de situer le contexte de cette expo rencontre.
Elle a, avant tout propos, demandé aux invités de cette rencontre d’«observer une minute de silence en mémoire de nos illustres maitres disparus, Monné Bou, Djiré Mahé et Jacques Samir Stenka, afin de leur rendre hommage pour leur contribution majeure à l’essor de l’art contemporain en Côte d’Ivoire. Leurs œuvres, empreintes de leur talent et de leur sensibilité, resteront à jamais gravées dans la mémoire collective de l’art en Côte d’Ivoire et du monde entier ».
Mlle Dia, qui a relevé que la BINA est un événement qui a su, au fil des années, s’imposer comme un rendez-vous incontournable pour les amoureux de l’art, indiquera : « L’exposition « Rencontre », que nous inaugurons ce soir, est un véritable voyage à travers les univers créatifs de ces artistes. Chacun d’entre eux apporte sa propre vision du monde, son style unique, et nous invite à une réflexion sur notre société, sur nos émotions, sur notre humanité ». Et de saluer chaleureusement tous les artistes présents venus pour la plupart du Burkina Faso, du Cameroun, de la Grande-Bretagne, de la Hollande, du Maroc, du Niger, du Sénégal, de la Serbie, du Togo et de la Tunisie, sans oublier la Côte d’Ivoire, pour leur participation à cette biennale. « Votre travail est une source d’inspiration pour nous tous ! », a-t-elle estimé.
Lordiane Dia n’a pas manqué d’inviter les amoureux de l’art présent à ce vernissage à plonger dans l’univers incroyable de ces artistes qui ont tant à leur raconter. « Laissez-vous emporter par leurs œuvres, laissez-vous surprendre, laissez-vous émouvoir. C’est un moment privilégié pour découvrir de nouveaux talents et pour élargir votre horizon artistique », a-t-elle affirmé.
Le critique d’art Mimi Errol, commissaire général de toutes les expositions à Houkami Guyzagn, qui a mis un point d’honneur à féliciter Augustin Kassi pour sa persévérance, sa résilience et son abnégation à ne rien lâcher en faisant des pieds et des mains depuis 1998 pour que vive la Biennale internationale des arts d’Abidjan, a soutenu que la galerie Houkami Guyzagn s’engage à soutenir et à promouvoir les jeunes talents de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs. Convaincu, a-t-il dit, que l’art est un vecteur d’émancipation et que les artistes ont un rôle important à jouer dans le développement de notre société. Il a, par ailleurs, invité tous les jeunes et promoteurs artistes en quête d’espace et à la recherche de visibilité à se tourner vers cette agence qui promeut en priorité les jeunes talents.
4 représentants des artistes venus de l’étranger se sont exprimés. Pour apprendre qu’ils sont des plus heureux à prendre part à cette rencontre, en vantant l’hospitalité ivoirienne et remerciant l’aubaine à eux offerte par Augustin Kassi de leur permettre de faire partie de cette belle et inoubliable aventure. L’exposition « Rencontre » qui voit les œuvres des plasticiens occuper la salle Mathilde Moreau et l’espace « La Terre promise » court jusqu’au 30 décembre 2024, fin de la BINA.
Un apéro art pour donner des pistes de réflexion sur la valeur d’une œuvre d’art
Dans le cadre de la 8ème BINA, un apéro art autour du thème : «Qu’est-ce qui fixe la valeur d’une œuvre d’art ? » a eu lieu, samedi 7 décembre, à Houkami Guyzagn. A l’unanimité, les intervenants ont fait savoir que si l’artiste est le vendeur de sa propre œuvre, il en déduira la valeur en fonction de différents facteurs. Par exemple, le temps consacré à la réalisation, les matériaux utilisés et les prix relatifs sur le marché. Le succès de l’auteur de l’œuvre aura, bien entendu, un impact sur son prix. Puis de situer tout le monde avec moult exemples : la valeur d’une œuvre dépend directement de la cote de l’artiste. Cette dernière, comme tout bien économique, répond au jeu de l’offre et de la demande.
Aujourd’hui jeudi 12 décembre, tous les artistes présents à Abidjan pour la BINA se rendent pour un projet d’immersion dans le Moronou : Anoumaba, M’Batto, Bonbouanou, Arrah. Cette expérience unique de 3 jours a été baptisée par Augustin Kassi « La Route du cacao ». Il est important de reconnaître que, grâce à Augustin Kassi, Abidjan, par sa biennale, devient également une véritable plateforme d’échanges et de dialogue entre artistes, un lieu où les cultures se rencontrent et s’enrichissent mutuellement.
Marcellin Boguy
Légende photo : Quelques-uns des artistes-plasticiens qui exposent à la galerie Houkami Guyzagn.
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