Le moyen de transport le plus sûr actuellement pour se rendre aisément dans la ville de Tai, chef-lieu de département, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, à la frontière avec le Liberia, c’est l’hélicoptère. Mais les populations de cette cité touristique et coloniale peuvent-elles s’offrir ce type de transport ? Bien entendu, la réponse est non. La précarité ayant largement gagné du terrain dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Le peuple Oubi de Tai qui assurait dans les limites du minimum son bien-être social grâce à ses revenus basés sur l’hévéaculture, il y a quinze (15 ans), tire aujourd’hui le diable par la queue. Le prix de l’hévéa ayant sombré au niveau national.
L’hélicoptère, le moment de transport sûr pour des populations pauvres
Comme si cela ne suffisait pas, ce peuple fait atrocement face à un autre problème, jusqu’ici insoluble. Et source de tous ses malheurs. L’état cauchemardesque de l’axe routier Guiglo – Tai, long de 85 kilomètres. Une voie qui n’existe aujourd’hui que de nom. Tant son état de dégradation est très avancé. Un véritable enfer sur terre pour qui ose l’utiliser. Que ce soit à pied ou par moyen de locomotion d’engins à deux roues ou quatre roues. Cette situation cause un grave problème de ravitaillement à tous les niveaux à toute la zone. Le ravitaillement à partir de Guiglo, chef-lieu de région, en denrées alimentaires ou commerciales vers Tai est quasiment impossible. Et c’est l’économie locale, dans son ensemble, qui prend un sacré coup.
Un grave problème de ravitaillement
Le 12 août 2023, dans un discours solennel, le président de la République, Alassane Ouattara, avait annoncé le bitumage imminent de ces 85 kilomètres. Quelques années avant cette annonce qui a semé la joie dans le cœur des populations locales, le défunt Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, devant les populations de la région du Cavally, à la résidence de la ministre d’État Anne Désirée Ouloto, avait déjà fait cette promesse. « Toutes les études concernant l’axe Guiglo -Tai, les financements sont bouclés », lâchait feu le chef du gouvernement.
Après toutes ces annonces, la ministre d’État Anne Désirée Ouloto, celle qu’on appelle affectueusement « la mère du Cavally », par ailleurs, présidente de la région du Cavally et députée de Toulépleu, ne ratait aucune occasion pour relayer la promesse de l’Etat. Quoi de plus normal. Surtout qu’elle partageait la joie avec ses mandants. Seulement, voilà. Deux ans après, l’on est à la case départ. Aucune machine positionnée dans la zone en vue du démarrage effectif des travaux de bitume.
Les promesses d’Alassane Ouattara trahies ?
Le drame lié à l’impraticabilité de la route que vivent les populations n’a donc pas changé. Bien au contraire. Le problème ici, c’est que la dégradation du tronçon est permanente. Peu importe la saison. Qu’elle soit pluvieuse ou sèche. Et c’est pourquoi la saison pluvieuse qui bat son plein, en ce moment, dans l’ouest ivoirien ne fait pas de cadeau au département de Tai.
Le tronçon est si impraticable que les motocyclistes et les automobilistes se retrouvent parfois sur des trajets de fortune, arpentant forêts et plantations d’hévéa pour contourner ponts effondrés et autres ornières béantes, à ciel ouvert. Les pannes prolongées sont le lot quotidien des véhicules qui s’aventurent sur cette voie. Et ce ne sont pas les chauffeurs de corbillards, des ambulances et des camions citernes qui diront le contraire. Entre les villages de Dahobly et de Sacré, s’est instauré aujourd’hui un véritable blocus. Laissant sans voix, Hyppolite Bayala, maire de Tai.
La colère des populations qui se disent trahies
Du côté des populations, c’est un sentiment de trahison. « Si on veut pas de nous, qu’on nous le dise. On peut se considérer Libériens », ne peut s’empêcher d’affirmer amer un habitant de la ville de T’ai, située à quelques encablures du Liberia. Une localité dont les populations en veulent au ministre de l’équipement et de l’entretien routier, Amédée Kouakou. « Ce ministre est venu plusieurs fois en compagnie de sa collègue Anne Désirée Ouloto, il connaît bien la situation routière ici. Mais il ne lève pas le moindre doigt malgré la promesse faite par le président de la République. C’est incroyable », commente un autre habitant qui a requis l’anonymat.
David Merlot
Correspondant permanent dans l’Ouest ivoirien
Légende photo : L’axe routier Guiglo-Tai est fortement dégradée et impraticable. Un véritable enfer sur terre, soutiennent les usagers.


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