Cette fois, ça y est ! Les trois États de l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S), à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont sauté le pas en décidant, définitivement, de partir de l’organisation sous-régionale. Pourquoi donc cette évolution, la veille de la réunion à Abuja (Nigeria), des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ? Est-ce une bonne nouvelle ? Un (énième) saut dans l’inconnu ? Le début d’une nouvelle et positive ère pour ces trois Etats, tous dirigés par des militaires putschistes ?
Une chose est claire : les trois régimes militaires qui constituent l’AES se veulent et se disent avant tout « panafricanistes » c’est-à-dire partisans de l’unité et de l’intégration africaine. Les objectifs de la CEDEAO recoupent, bien évidemment, ceux de l’intégration sous-régionale, puis régionale et continentale. Dès lors, l’on se perd en conjectures avec ce départ de la CEDEAO pour aller voguer vers des nouveaux et inconnus voire incertains cieux. Pourquoi lâcher la proie de ce qui existe pour se lancer dans l’ombre d’une nouvelle aventure ?
En 2025, la CEDEAO va célébrer ses 50 ans d’existence, une expérience instructive de cinq décennies. Quels que soient les errements, les erreurs et les manquements de la CEDEAO, la solution, de mon point de vue, ne se trouve nullement dans cette fuite en avant qui semble plus démagogique, populiste que réellement positive.
Par exemple, la libre circulation des hommes et des biens que l’AES veut, à présent, brandir comme l’attraction inédite et originale est, bel et bien, en marche dans la sous-région avec notamment le passeport commun et communautaire qui est aujourd’hui une réalité connue de tous. Il y a d’autres « achievements » (réalisations) de la sorte même si des insuffisances, erreurs voire fautes, peuvent exister et être signalés ça et là, notamment sur l’épineuse question des coups d’État civils et constitutionnels auxquels ces soldats s’accrochent.
Rien n’est parfait. Tout est perfectible dans la vie. En réalité, ces militaires putschistes veulent continuer à prendre leurs pays et leurs peuples en otage car ils veulent s’accrocher indéfiniment au pouvoir dont ils découvrent les délices et les privilèges. Sinon, par ces temps de transition, eux qui n’ont jamais été élus par personne, ont quelle légitimité pour quitter la CEDEAO ? Ont-ils consulté le peuple au nom de qui ils prétendent agir ? Depuis quand ? Où? Avec qui?
En réalité, ils feraient mieux et vite d’organiser des élections transparentes et crédibles pour vite retourner dans les casernes et laisser aux nouvelles autorités régulièrement élues le soin et la responsabilité de décider de l’avenir de ces pays avec la CEDEAO.
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