Mouvement Coalition Sahel Démocratie : « Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont trois pays enclavés qui agonisent »

Le Mouvement « Coalition Sahel Démocratie », rassemblant des acteurs politiques, de la société civile et des médias des pays de l’AES contraints à l’exil, a animé, le 18 avril 2025, un point de presse à Paris, capitale française. Le Mouvement a dénoncé la situation de détresse dans laquelle ont plongé les régimes militaires, les trois pays que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le point de presse s’est déroulé en présence d’Ismaël Sacko, président du PSDA et Coordinateur de la Coalition Sahel Démocratie ;  Maixent Somé, chef d’entreprise et responsable de la prospective de la Coalition Sahel Démocratie, Newton Ahmed Barry, responsable médias et communication de la Coalition Sahel Démocratie, ainsi que d’autres responsables. Ci-dessous la déclaration de la Coalition Sahel Démocratie lue par M. Ismaël Sacko.

 Mesdames et messieurs;

Hommes et femmes de médias;

Chers invités;

Très chers compagnons de lutte,

Très estimés exilés politiques du Sahel central ici présents  et ceux du continents; En vous souhaitant l’agréable et chaleureuse bienvenue, je voudrai préciser que ce point de presse se tient à un moment très critique de l’histoire démocratique de nos pays.  Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont trois pays enclavés qui agonisent. Et depuis l’avènement des juntes militaires, ces trois pays sombrent et s’enfoncent dans les violations des droits humains et les faillites économiques.  Aujourd’hui plus qu’en 2020, le Burkina  Faso, le Mali et le Niger s’enlisent et croulent sous le poids du terrorisme. Les groupes armés nationaux du FLA au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les groupes terroristes du JNIM et de l’EIGS contrôlent malheureusement une grande partie de nos territoires au détriment de nos armées qui sont délaissés et humiliées au profit des mercenaires Wagner et SADAT.

Les indices de stabilité tant sur le plan sécuritaire que sur le plan économique sont très alarmants. Le climat délétère de l’insécurité dans nos pays, les rackets et les rançons des entrepreneurs ont provoqué la fuite des investisseurs. L’or du Sahel central ne brille plus pour les sahéliens, mais pour les juntes, leurs partisans et leurs nouveaux partenaires stratégiques. Le coton du Sahel central ne fait plus vivre le sahélien. Les paysans n’ont plus la quiétude nécessaire pour produire. Les routes qui mènent aux champs de coton sont, soit coupées, soit minées. Les rares récoltes sont souvent brûlées par les GAT, en représailles.

« L’or du Sahel central ne brille plus pour les sahéliens, mais pour les juntes, leurs partisans et leurs nouveaux partenaires stratégiques »

Le pétrole du Sahel central qui avait nourri un si grand espoir est aujourd’hui un mirage pour la majorité des Sahéliens. Le peu qui arrive par les eaux béninoises sert à rembourser les crédits déjà contractés et dilapidés pour entretenir les propagandistes de tout acabit, dont certains vivent grassement au bord des plus beaux lacs européens.  La rareté voir l’absence de l’électricité a contraint les petites et moyennes entreprises et l’économie informelle à ne plus produire de la richesse. La pauvreté, le chômage et la fermeture des écoles en milieu rural ont permis aux terroristes de recruter de nombreux jeunes désœuvrés et abandonnés par les régimes totalitaires et putschistes de Ouagadougou, de Bamako et de Niamey.

En fuyant le théâtre des opérations et en troquant le treillis contre la vie d’orgie et la gabegie, les despotes Assimi Goita du Mali, Ibrahim Traoré du Burkina Faso et Abdrahamane Tchiani du Niger ont trahi leur serment.  Le recrutement des mercenaires Wagner dans ces trois pays du Sahel central dénote de l’échec cuisant de la politique sécuritaire des officiers félons qui ont fait le choix de retourner les armes achetés avec l’argent du peuple contre leurs peuples. Les tueries et les massacres de nos populations civiles par la milice Wagner sont documentés; les juntes sont tenues responsables des crimes de guerre et des  crimes contre l’humanité.

« Assimi Goita du Mali, Ibrahim Traoré du Burkina Faso et Abdrahamane Tchiani du Niger ont trahi leur serment »

« Moi ou le chaos » est la doctrine des juntes militaires. Une doctrine qui sème la désolation et la ruine. L’effort de guerre parlons-en.  Comment comprendre que des populations appauvries par la boulimie du pouvoir des régimes despotiques doivent saigner pour porter les dépenses militaires alors que les dépenses de la présidence et des institutions augmentent de façons exponentielles ? Tout pour moi et rien pour le peuple est une approche suicidaire que nos peuples ne pourront supporter sur le long terme. Par ailleurs, l’absence d’un vrai dialogue entre fils et filles d’une nation scellée par une communauté de destin a rendu quasi impossible sous l’ère des dictateurs, la cohésion et l’unité nationale de plus en plus effritée.

Devenus impopulaires et vomis par nos populations, les régimes tortionnaires et militaires de Niamey, Ouagadougou et  Bamako se refusent d’aller aux élections pour amorcer le retour à l’ordre constitutionnel normal.  Vous aurez compris que ces manquements et violations graves sont cautionnés par une justice à la solde du prince du jour.  Ce point de presse se tient au moment où des leaders d’opinions et des leaders politiques sont enlevés et torturés afin de semer la terreur. Des arrestations arbitraires sont monnaies courantes afin de promouvoir la pensée unique et taire les voix dissonantes. Des journalistes, vos confrères, sont envoyés en prison. Ce délit de presse n’est pas une exception mais un mode de gouvernance. Ce délit de presse est une violation de nos constitutions.

« Moi ou le chaos » est la doctrine des juntes militaires 

La coalition Sahel démocratie et l’ensemble des structures à caractère socio-politique ont certes emprunté le chemin le plus long, le plus difficile; un chemin parsemé d’obstacles mais c’est le chemin de la délivrance. Le sursaut national qui s’organise au Mali augure d’un lendemain meilleur. À l’unissons, Nous sommes une alternative crédible gage d’espoir. Gage d’espoir, pour semer la graine de la réconciliation afin de récolter la paix.

À l’unissons, nous œuvrons pour une liberté, une justice équitable et pour une démocratie au service du développement humain et économique. Au dedans et au-dehors, Nous sommes opposés à la guerre avec nos voisins, des pays frères. Pendant que la junte sème le chaos, nous proposons la reconstruction; Pendant que la junte prône une diplomatie d’isolement et de confrontation, nous plaidons pour l’ouverture  et privilégions un partenariat multilatéral dans le respect des intérêts de nos populations et de la différence culturelle.

Mesdames et messieurs de la presse, avec vous, nous aborderons : 

  1. La confiscation des libertés et le cas de nos compagnons de lutte Newton Ahmed Barry, un journaliste de renom, et l’entrepreneur doublé de la casquette d’activiste Maixent Somé;
  2. La brouille diplomatique entre le Mali et l’Algérie suite à la destruction d’un drone malien par Alger;
  3. L’éventuelle dissolution des partis politiques au Mali par la junte;

Des témoignages vibrants vous permettront de comprendre la situation du terrain. Il s’agira donc de partager avec vous, des réalités peu connues ou méconnues du Sahel central. Frank Fanon disait : « Chaque génération a sa mission. Il s’agira de la réussir ou de la trahir. » En rapport avec nos relais locaux, nationaux et africains, nous restons déterminés pour inverser le rapport de force afin de transformer la crise multidimensionnelle que subissent nos pays en opportunité de développement. Une transition civile de mission pour réconcilier nos populations et mettre en place une architecture institutionnelle crédible à même de réussir les élections transparentes, reste la meilleure option. Car, il appartient au peuple et rien qu’à lui seul de choisir son président et ses élus. Nul besoin de rappeler aux despotes que tout pouvoir totalitaire a souvent une fin malheureuse.

Aussi, nous profitons de cette vitrine pour saluer le courage de nos camarades politiques au Mali qui ont décidé de s’assumer et de parler d’une voix majoritaire pour s’opposer à la dissolution des partis politiques. Leurs actions contribueront à sauver la démocratie et l’Etat de droit. Plus d’une centaine de partis politiques ont fait le choix de se retrouver pour dire leur refus à l’entorse faite à notre constitution. Une première en 5 ans.

Le sursaut national qui s’organise au Mali augure d’un lendemain meilleur

C’est aussi le lieu de saluer le courage de la diaspora du Sahel central de France qui a manifesté massivement le 11 janvier 2025 à Place de la République à Paris pour exprimer son désaccord sur la gouvernance des juntes des trois pays du Sahel central suite à la sortie unilatérale de la CEDEAO.  Au Mali, la multiplication des grèves et le ras-le-bol des populations qui haussent le ton et qui grincent les dents suite une taxe d’engraissement des Assimites est le signe d’un désaveu et du déclin d’un régime au crépuscule  de son apogée.

Exacerbée par 10h à 15 h de coupure d’électrice par jour, et cela depuis 2023, les populations maliennes demandent de plus en plus le départ d’Assomi Goita pour absence de résultats.  Au demeurant, nous sommes convaincus que  la démocratie et l’état de droit sont indispensables pour la survie et la stabilité de nos états fragiles.

« Les populations maliennes demandent de plus en plus le départ d’Assomi Goita pour absence de résultats » 

L’éducation, l’employabilité de la jeunesse et l’accessibilité au service sociaux de base soutenue par une justice impartiale sont autant de leviers pour fixer nos jeunes mais aussi pour les doter d’outils puissants contre le recrutement des terroristes au Sahel central.  Enfin, je vous remercie infiniment pour votre présence massive mais aussi pour la vitrine que vous nous offrez pour rendre audible notre parole.

Dieu bénisse nos pays.

 Merci de votre aimable attention. 

Ismaël Sacko

 Président du PSDA 

 Coordinateur de la Coalition Sahel Démocratie

 Légende photo : Ismaël Sacko, président du PSDA et Coordinateur de la Coalition Sahel Démocratie (au milieu) entouré d’autres responsables du Mouvement lors du point de presse, le 18 avril 2025, à Paris.

 

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