Référendum au Mali – Des présidents de bureaux de vote enlevés, des urnes volées, des tirs entendus

Le peuple malien a été appelé aux urnes, le dimanche 18 juin 2023, pour dire « oui » ou « non » au projet de Constitution proposé par le régime de transition tenu par le Colonel Assimi Goita. Les résultats sont attendus dans 72h. Pour l’instant les autorités de la transition n’ont annoncé aucun chiffre.

Mais la Mission d’observation électorale parle d’un faible taux de participation avoisinant 27 %. Par ailleurs, le vote s’est déroulé, dans certaines localités, dans un climat de tension. Pendant qu’il n’a pas eu lieu dans d’autres telles que Kidal. Mettant ainsi en exergue la crédibilité du scrutin référendaire.

Le vote n’a pas pu se tenir sur l’ensemble du territoire. Il n’a notamment pas eu lieu à Kidal (Nord), contrôlée par les ex-rebelles indépendantistes de la CMA, signataires de l’accord de paix de 2015 et opposés à ce projet constitutionnel. La Mission d’observation électorale a également relevé une longue série d’empêchements dans le centre du Mali :

dans les cercles de Niono et de Djenné, les présidents de plusieurs bureaux de vote et des assesseurs ont été enlevés par des hommes armés. Des urnes ont été volées dans les cercles de Nara et de Koulikouro, d’autres brûlées dans le cercle de Diema.

Plusieurs dizaines de bureaux de vote n’ont pas pu ouvrir à cause de la menace terroriste, ou ont été fermés de façon précipitée : soit à cause d’attaques, soit parce que des tirs étaient entendus à proximité. C’est ce qu’ont constaté les observateurs pour les cercles de Bankass, Bandiagara, Niono, Nara, Koro, notamment : la liste n’est pas exhaustive.

Plusieurs ministres et même le président de transition, le colonel Assimi Goïta, ont communiqué le jour du vote pour inciter la population à se rendre aux urnes et à soutenir le projet de nouvelle Constitution. Mais à ce stade, aucune communication officielle n’a eu lieu sur le déroulé du scrutin, ni de la part du gouvernement malien, ni de la part de l’Autorité indépendante de gestion des élections.

A noter que le président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, a rempli son devoir citoyen à 8h dans le bureau No VI du centre de vote, du Camp militaire de Kati. « Je suis convaincu que ce référendum ouvrira la voie à un Mali nouveau, fort, efficace et émergent, mais surtout un Mali au service du bien-être des populations », a-t-il soutenu. Avant d’inviter les Maliens à s’unir quelle que soit les résultats du référendum. Le Colonel Assimi Goita était accompagné du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, du président de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), du Commandant de zone et du Maire de la commune urbaine de Kati.

Si le taux de participation de  27 % est confirmé par les autorités de transition, il donnera la mesure de l’engouement que suscite ou non le projet constitutionnel, en faveur duquel le gouvernement de transition et ses soutiens se sont massivement mobilisés. Il donnerait également la mesure des difficultés auxquelles les autorités ont été confrontées pour organiser ce vote.

Le scrutin a été jugé « illégitime » par une partie de la classe politique, qui appelait à le boycotter. D’autres appelaient à voter mais pour rejeter un texte qui renforce fortement les pouvoirs du président. Les soutiens des autorités appelaient au contraire à voter massivement le nouveau texte afin d’avancer vers le retour à l’ordre constitutionnel et de doter le pays d’institutions jugées plus adaptées.

Didier Depry

(avec RFI)

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