Le syndrome du troisième mandat présidentiel a quasiment atteint tous les palais présidentiels des pays de l’Afrique de l’ouest avec pour certains, des expériences dramatiques comme ce fut le cas en Guinée-Conakry où le président Alpha Condé a été renversé par une junte militaire.
Au Sénégal, les hésitations du président Macky Sall sur la question du troisième mandat suscitent des tensions qui ont fait récemment 19 morts parmi la population. Seule l’alternance démocratique au Nigéria avec la renonciation de l’ancien président Muhammadu Buhari de briguer un troisième mandat a constitué l’espoir.
Le président de la République du Bénin, Patrice Talon, s’est, à l’instar du nigérian Muhammadu Buhari, engagé sur la voie de la non-sollicitation d’un troisième mandat auprès du peuple. Pas question donc pour M. Talon de faire un troisième mandat. Contrairement à ceux qui le soupçonnaient, à tort, de vouloir briguer un troisième mandat, le président Patrice Talon demeure attaché à l’alternance et au respect des dispositions prescrites par la Constitution. N’est-ce pas cela le socle de la démocratie ? Quel serait « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple » si la volonté du peuple transcrite dans la Constitution est piétinée ?
Le président Patrice Talon ne veut pas fouler au pied la volonté du peuple. Bien au contraire, il veut permettre au peuple béninois de choisir librement ses dirigeants et les voir se succéder sans accroc après avoir servi le peuple. Parce qu’on devient président de la République du Bénin pour servir le peuple béninois et non se servir. C’est dans cette vision qu’en 2017, une année après son élection à la magistrature suprême, le président Talon avait initié un projet de réforme constitutionnel qui devrait ramener le mandat présidentiel à un seul. Un unique mandat présidentiel de 6 ans non renouvelable.
Même proposition pour les députés dont le mandat parlementaire devrait être aussi de 6 ans non renouvelable. Ces dispositions n’ont pas été acceptées.
La révision votée en 2020 par l’Assemblée nationale ne touche pas à la durée du nombre de mandats du président de la République. Il s’agit d’un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Il y a même un rajout. Le nouveau texte précise «qu’aucun Président de la République ne peut faire plus de deux mandats dans sa vie ». En clair, le président Patrice Talon a proposé et obtenu la révision constitutionnelle selon laquelle aucun président de la République y compris lui-même ne fasse un troisième mandat.
Plus important, un citoyen qui a été président de la République du Bénin pendant deux mandats ne sera plus jamais candidat à l’élection présidentielle durant toute son existence. Une façon pour le président Patrice Talon de consacrer l’alternance au pouvoir dans du marbre mais surtout dire au peuple et aux acteurs politiques béninois, qu’il existe une vie après le palais de la Marina.
On peut le constater sans se méprendre, le président Patrice Talon n’est pas atteint par le syndrome du troisième mandat présidentiel et très tôt il avait affiché ses intentions pour le renforcement de la démocratie au Bénin.
Un constat qu’ont reconnu, en définitive, certains acteurs de l’opposition béninoise ainsi que des parlementaires. « Tout le monde croyait qu’on allait toucher à la Constitution pour pérenniser Patrice Talon au pouvoir, mais tout le monde découvre que c’est pour l’avancée de notre pays », a soutenu M. Orden Aladatin, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale du Bénin. Et d’ajouter : «Dans notre subconscient, parce que les chefs d’État africains ont l’habitude de tripatouiller les Constitutions pour rester au pouvoir, personne n’ose toucher à la Constitution. Et je pense que ce blocage psychologique que nous avons dépassé est une célébration. Les fondamentaux sont restés. Les questions de libertés, d’état de droit, de démocratie, de droits humains sont restées ».
Didier Depry
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