Les ressortissants du Burkina Faso, du Mali et du Niger vivant France ont organisé, le samedi 11 janvier 2025, une manifestation à la Place de la République à Paris, capitale française, pour protester contre la décision unilatérale prise par les juntes militaires au pouvoir à Ouagadougou, Bamako et Niamey de retirer définitivement les trois pays de l’AES de la CEDEAO. Au terme de la manifestation, ils ont adoubé cette déclaration commune écrite par l’homme politique malien Ismaël Sacko, président du parti PSDA, qui vit en exil.
À l’entame de mes propos, je m’incline devant la mémoire de toutes les victimes du terrorisme au Sahel. Crée en 1975, la CEDEAO est encore aujourd’hui, l’un des meilleurs outils d’intégration régionale sur le continent africain. Le Mali sous la première république fut pionnier dans le processus d’édification de la CEDEAO à l’instar du Burkina Faso et du Niger. De même que dans la création de toutes les organisations sous régionales, régionales voire internationales dont l’OUA devenu UA, l’OMVS et le LIPTAKO GOURMA.
Dans le tournant des années 1990-1991, nos pays ont été aux avants postes du processus de démocratisation.Il faut rappeler à cet effet, la DÉCLARATION de BAMAKO de novembre 2000 suite au sommet de la Francophonie qui est aussi l’inspirateur du PROTOCOLE ADDITIONNEL DE LA CEDEAO sur la DÉMOCRATIE et la BONNE GOUVERNANCE qui PROSCRIT les PUTSCHS MILITAIRES et a mis les DISPOSITIONS pour EMPÊCHER les PUTSCHISTES de JOUIR de leur FORFAITURE.
Voilà ce que les juntes du Sahel ne veulent plus accepter. Elles veulent qu’on leurs permette de jouir à VIE du braquage des institutions. La place des MILITAIRES c’est dans les CASERNES et au FRONT de la lutte contre le terrorisme et la Défense de l’intégrité territoriale, des personnes et des biens. Depuis nos INDÉPENDANCES, chaque fois que les MILITAIRES se sont emparés du pouvoir politique, cela s’est terminé par la catastrophe. Nous pouvons dire sans se TROMPER que la FAIBLESSE structurelle de nos ARMÉES vient de ces INTRUSIONS INTEMPESTIVES dans la vie politique.
Sur le plan international, le mouvement des non-alignés qui s’était illustré comme la troisième voie face au deux blocs, au temps fort de la guerre froide afin de préserver la neutralité et l’indépendance affichée par nos pères de l’indépendance et du panafricanisme; un Principe qui est allègrement foulé par les tenants actuels du pouvoir.
Sans risque de se tromper, les pères de l’indépendance et du panafricanisme se retournent dans leurs tombes. Il s’agit de ceux du : RDA, PAI, de l’Union General des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), la FEANF, du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Nous gardons en mémoire, Maurice Yameogo, Daniel Ouezzin Coulibaly, Nazi Boni du Burkina Faso.Modibo Keita, Mamadou Konaté, Mamadou Madeira keita et Fily Dabo sissoko du Mali.Hamani Diori, Boubou Hama, Djibo Bakary du parti Sawaba enfin, Abdou Moumouni Djoffo du Niger.
Par ailleurs, le Sahel central sous la dictature des chefs des juntes, Assimi Goita, Ibrahim TRAORÉ et Abdouramane TIANI est devenu l’épicentre de la déstabilisation de la Sous-région. POURTANT nos pays avaient toujours réaffirmé dans leurs différentes constitutions leur attachement à l’unité africaine au point d’y inscrire la possibilité d’abandon d’une partie ou de toute partie de la souveraineté nationale pour l’édification de l’unité africaine.
Pour ce qui est de la CEDEAO, malgré les insuffisances décelées, l’organisation régionale répond aux besoins économiques avec environ 300 millions de dollars pour financer des projets structurants au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La CEDEAO forte de 400 millions d’habitants est un exemple en matière de mobilité donc de libre circulation des populations et de leurs biens. C’est pourquoi nous condamnons la décision unilatérale du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. C’est une décision irréfléchie et inopportune car des pays sans débouchés sur la mer ne peuvent vivre en autarcie.
Sur le plan diplomatique et de développement, la CEDEAO dispose, des LEVIERS importants et puissants, qui ont contribué à la stabilité des pays membres et au bienêtre de ses habitants. Le passeport CEDEAO est crédible et son label rassure. La CEDEAO doit être à cheval avec ses textes sans parti pris, ni état d’âme.
Nous nous démarquons cependant des choix et orientations qui pénalisent nos concitoyens dans les trois états du Sahel central, notamment :
– L’annonce de la mise à disposition d’un passeport pour le 29 janvier 2025, sans avoir par ordre de priorité, mis en circulation la carte nationale d’identité biométrique.
Cette incohérence est bien la preuve d’amateurisme et exprime l’impréparation, alors que les juntes ont eu 1 an pour répondre aux besoins des populations par rapport aux documents administratifs indispensables à leur mobilité. Les effets d’annonce et la propagande ne sont pas des solutions réalistes.
L’absence de cap et de vision ont conduit au désespoir et au désamour entre les maîtres d’un pouvoir répressif et la très grande majorité silencieuse, qui hausse désormais le ton. L’effritement de la confiance entre les juntes militaires et leurs peuples réside dans le non-respect des engagements et des promesses non tenues, dont :
La prolongation indéfinie de la transition;
Le refus catégorique d’amorcer de façon inclusive, le retour à l’ordre constitutionnel normal. Aujourd’hui, plus que jamais, les tenants actuels du pouvoir de fait, ont atteint leur seuil d’incompétence notoire.
Frantz Fanon dans les Damnés de la terre a dit que : « la prochaine colonisation sera celle des colonisés par les colonisés».
« S’ils veulent que nous disons Non aux colons blancs, nous disons également Non aux colons Noirs ». Ces régimes militaires ont affiché leur irresponsabilité totale et leur échec dans tous les domaines de développement. L’exemple de la crise énergétique au Mali où Assimi Goita est allé de mensonges en contradiction avec des déclarations parfois ubuesques.
Au cours de sa présentation des vœux du nouvel an 2025, il a demandé aux maliens de se procurer tous d’un panneau solaire tout en ignorant le coût du panneau. Quel manque de respect pour le peuple malien. Quel manque de respect pour le secteur informel et industriel victime de cette crise énergétique.
Les régimes militaires des trois pays sont interpellés sur le coût financier et l’utilisation des revenus des contribuables maliens, burkinabés et nigériens pour l’achat des armements.
Les régimes militaires sont interpellés à faire le bilan sécuritaire. Qu’ils nous disent le nombre de déplacés internes qui ont regagné leurs localités respectives; Qu’ils nous disent le nombre de villages libérés du joug des terroristes et des forces obscurantistes et moyenâgeuses ; Qu’il nous fasse le bilan des centres de santé et des écoles fermées du fait de la crise.
Oui KIDAL a été libéré en novembre 2023.
Pourquoi Assimi GOITA n’a jamais fêté le 22 septembre ni le 20 janvier à KIDAL ?
Pourquoi Assimi GOITA n’a jamais effectué une tournée dans toutes les régions du pays à l’instar de ses prédécesseurs ?
Les Trois mois d’Ibrahim Traoré sont devenus les TROIS MOIS LES PLUS LONGS.
Et pourtant, il avait affirmé de façon péremptoire qu’il allait finir avec le terrorisme en 3 mois. Qu’en est-il de ces trois mois?
Tchiani le despote, où va la TRANSITION nigérienne?
Tchiani voit les bases militaires occidentales partout, au Benin et au Nigeria mais il est INCAPABLE de LOCALISER les TERRORISTES à TILABERI.
Leur dénominateur COMMUN, reste les délices du POUVOIR.
Assimi Goita règne d’une main de fer depuis 5 ans
Ibrahim Traoré s’est octroyé un QUINQUENNAT INTRA MUROS avec des FORCES VIVES au Rabais.
Que DEVIENT L’OR des trois états du Sahel ? Qu’en est-il des retombées financières de l’exploitation de l’or sous les JUNTES militaires ?
L’or SAHELIEN brille-t-il pour tous? Maliens, Burkinabés et Nigériens ?
Qu’en est-il de la souveraineté retrouvée lorsque nos armées nationales deviennent les supplétifs de la milice privée Wagner ?
Une milice qui tue, viole, vole, terrorise et assassine nos paisibles populations, en violation de toutes les règles de la guerre.
Quel est le bilan de cette lutte anti-terroriste?
Face à la dégradation des conditions de vie des populations maliennes, burkinabés et nigériennes, toutes confrontées à la confiscation des libertés individuelles et collectives, de l’expression démocratique et plurielle.
Face au pillage des ressources de ces états par ces camarias militaro- oligarchiques, quel avenir pour nos états?
Face à l’incapacité de ces régimes de fait, à résoudre la crise énergétique;
Face à la détérioration de la situation sécuritaire, aux assassinats ciblés, à l’épuration ethnique en cours, orchestrée par les autorités militaires du Mali et du Burkina Faso.
Face à la dislocation du tissu social et à l’effondrement de la cohésion et de l’unité nationale;
Face à l’aggravation de la gabegie financière et de la corruption devenue systémique sous les trois prononciamento.
Nous appelons à la libération de l’ensemble des détenus politiques et d’opinion au nombre desquels : Son Excellence, le Président Mohamed BAZOUM du Niger, symbole de la démocratie en Afrique qui est séquestré et pris en otage par le putschiste TchIANI. Moussa TCHANGARI, Ibrahim YACOUBA.
Au Burkina Faso, Me KAM Hervé, porte-parole du balai citoyen, Serge ATIANA OULOUN, Journaliste d’investigation, Dr Louré Arouna.
Au Mali, Mme DOUMBIA Rokia SIDIBE dite Tata Rose vie chère, Youssouf BATHILY alias RASBATH, L’ensemble des détenus du mouvement MPPM, Naby Ibrahim TOGOLA, président du parti NPVM, porté disparu depuis plus d’un mois, Étienne Fakaba SISSOKO, Clément DEMBÉLÉ, pour ne citer que ceux-ci.
Constatant l’incapacité totale de répondre aux aspirations profondes et légitimes, Nous peuples Burkinabés, Maliens et Nigériens, exigeons la démission d’Assimi GOITA du Mali, d’Ibrahim TRAORÉ du Burkina Faso et d’Abdrahamane TIANI du Niger.
Nous exhortons les forces démocratiques organisées du Mali, du Burkina Faso et du Niger à prendre le pouvoir, à la suite d’un vaste Rassemblement Démocratique et Populaire pour libérer leurs peuples.
Cela se traduira par :
- la dissolution des organes de la transition.
- la mise en place d’une transition et d’institutions civiles gérées par des personnalités reconnues pour leur probité, leur intégrité et leur compétence professionnelle avérée;
- l’ouverture d’un dialogue franc et sincère avec tous groupes armés;
- La libéralisation de l’espace démocratique à travers le respect des libertés publiques;
- la tenue d’élections libres, démocratiques, transparentes et inclusives;
- le retour au dialogue avec l’ensemble des partenaires traditionnels et la communauté internationale.
La capacité des peuples burkinabé, malien et nigérien de s’indigner et de s’insurger ne mourra jamais. La situation actuelle que vivent le Burkina Faso, le Mali et le Niger peut changer. Elle doit changer. Elle va changer.
Vivement la restauration de la démocratie et de l’état de droit au Sahel central.
Ismaël Sacko
Pour la conférence
Légende photo : L’homme politique malien, Ismaël Sacko, président du parti PSDA, contraint à l’exil depuis quelques années.
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