La crise au Proche-Orient provoque un vent de fronde au sein du département d’État américain, l’équivalent en France du ministère des Affaires étrangères, secoué par l’approche diplomatique de Joe Biden. Fait rarissime, plusieurs diplomates de haut rang dénoncent un positionnement trop va-t-en-guerre au mépris de la vie des populations civiles. Ceux-ci viennent de pousser Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, à se fendre d’une lettre ouverte dans laquelle il reconnaît l’énorme pression qui pèse sur les diplomates américains.
C’est la démission de John Paul qui a déclenché l’incendie. Ce diplomate de très haut niveau travaillait depuis plus de dix ans au prestigieux Bureau des affaires politiques et militaires, l’organe chargé d’organiser les livraisons d’armes américaines aux pays étrangers. L’attaque du Hamas sur le sol israélien est une « monstruosité », dit-il dans son mot de départ, « mais je crois au plus profond de moi-même que la réplique d’Israël, soutenue par l’administration américaine, n’entraînera que plus de souffrances aussi bien du côté israélien que palestinien : livrer d’urgence de l’armement à l’un des belligérants ne peut qu’être injuste et destructeur ».
En l’espace de trois jours, sa lettre publiée sur les réseaux sociaux a recueilli plus de 12 000 réactions. Et John Paul affirme avoir été surpris par le nombre de messages de soutien reçus de ses collègues. Si nombreux qu’il n’est pas encore parvenu à tous leur répondre. Sous couvert d’anonymat, des cadres du département d’État parlent dans la presse américaine de déprime, de honte, de résignation et même d’une mutinerie en train de se dessiner. Les fonctionnaires mécontents s’apprêtent à signer en interne ce que l’on appelle un câble de dissidence, afin que leurs doutes soient entendus au sommet de la pyramide diplomatique.
RFI
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