Opposants emprisonnés, démocratie et liberté d’opinion menacées au Mali – Ismaël Sacko (PSDA) : « Les leaders d’opinion et religieux dans le creux de la vague assimite »

Dans cette tribune, le président du Parti socio-démocrate africain (PSDA), Ismaël Sacko, contraint à l’exil, dénonce le vent de dictature qui a cours, sous les militaires, au Mali, son pays, où « la démocratie est prise en otage. La liberté d’expression est devenue un délit (…) », dit-il.

 Les leaders d’opinion et  les chefs religieux sont plus que jamais persécutés par la junte Assimite.  Impopulaires et largués par les maliens, Assimi Goita et ses rejetons craignent les voix qui s’émancipent et s’élèvent au nom de la majorité silencieuse écrasée par milice civile soutenue par la dictature en place.  En 2017, le mouvement populaire « Anté À BANA » a connu sa gloire grâce au respect des libertés et de la démocratie sous feu IBK.  Dans les mosquées, les chefs et leaders religieux ne manquaient pas de tacler à tort ou raison,  lors des pêches de vendredi, la gouvernance du Mandé Massa feu IBK. Les sorties du Cherif Ousmane Haidara pendant les célébrations du Maouloud ont été des occasions pour faire des piqûres de rappel au chef de l’Etat feu IBK. L’imam Mahamoud Dicko, à l’époque président du Haut Conseil Islamique puis, figure emblématique du M5RFP tombeur du défunt régime, a porté haut les revendications d’une partie des maliens. Toutes les occasions étaient bonnes pour critiquer et proposer des solutions au pouvoir d’alors.  C’était l’époque de la démocratie, la belle époque en matière de liberté d’expression. Et pourtant les maliens s’en plaignaient.

Bâillonnement et arrestations arbitraires  

On assiste à la capitulation des démocrates et à un recul en ce qui concerne nos droits et libertés. Récemment, bon nombre de leaders d’opinions ont fait l’objet d’arrestations arbitraires et illégales dans le but de les bâillonner. Des anciens soutiens de la transition qui ont fini par se ranger du côté de la vérité comme Ben le cerveau, SidikiI Kouyaté, Tahirou Bah, Nouhou Togo se sont retrouvés à la prison centrale de Bamako-Koura. Le charismatique Rasbath, la véridique Mme Vie chère dite Rose n’ont pas échappé aux abus d’une junte en perte de repères et en manque de popularité. Kaou Njim, soutien des premières heures de la junte Assimite, ancien 4e vice-président du CNT du colonel Malick DiawI a aussi goûté à tort aux humiliations de la MCA de Bamako Koura.

L’Imam Chouala, victime de sa popularité

Parce que personne n’avait jusqu’ici bronché et que tous se sont finalement tuent, après l’arrestation et l’exil des hommes politiques maliens, et celle des leaders d’opinion donc de la société civile dont l’emprisonnement de Clément Delbélé, les putschistes maliens se sont décidé de frapper fort dans les rangs des religieux.

La boucle se ferme sur les religieux

Jeune, charismatique et populaire, Chaoula Bayaya Haidara est connu pour ses largesses au sein de sa communauté en commune 3. Le monde religieux malien lui voue un grand respect et une oreille attentive. Arrêter Chouala, c’est brisé l’élan de solidarité des religieux et c’est surtout éprouvé les leaders spirituels maliens. Transferé à la MCA, Chouala paie le prix de son soutien de la vérité, son soutien à l’Imam Dicko et son refus d’abdiquer face à l’incurie et à la forfaiture. Ses partisans et adeptes, vent debout, ne doivent pas se dégonfler et encore moins reculer.  Qu’ils sachent que le Haut conseil Islamique ne fera pas bouger les liens. Le Haut conseil engagera une médiation vouée d’avance à l’échec car la junte ne reculera que devant un vrai rapport de force qui la fera plier.  Les adeptes de Chouala doivent agir, non pas que les leaders religieux soient au- dessus de la loi mais pour dénoncer un abus et agir pour l’intérêt général car au Mali, dire sa part de vérité est devenu un crime pendant que les vrais criminels gèrent le pouvoir d’Etat. C’est  le comble. Pour preuve, pendant que le pays brûle et que l’économie s’effondre faute d’une réelle volonté politique et de l’absence de leadership au sommet de l’Etat, les Assimites s’embourbent dans les querelles internes.

Les Assimilites se radicalisent

Au lieu de saisir la main tendue de ceux qui appellent à la paix et au dialogue pour sortir les Mali du gouffre, les Assimites préfèrent se radicaliser tels les terroristes qui briment et embrigadent en semant la terreur chez les maliens. Désormais, tous ont peur à Bamako. La terreur s’installe comme mode de gouvernance.  Personnes n’osent plus brocher à Bamako même le Haut Conseil Islamique, pour ne pas se retrouver à la MCA. Chouala va-t-il aussi être abandonné par ses pairs comme les hommes politiques ont lâché les leurs ? Le temps nous le dire. Sauf que l’erreur commise par Assimi Goita est d’avoir réussi à mettre la grande majorité des grands électeurs et des forces vivent de la nation contre sa gestion suicidaire et corrompue.

Le peuple vit dans le regret des démocrates

La déception des maliens est visible et grande. En plus de rouspéter, Il est temps que les maliens de tout bord et au-delà des religieux se retrouvent. La démocratie est prise en otage.  La liberté d’expression est devenue un délit, toute chose contraire à la loi.  La presse a les mains liées. La justice est caporalisée. Le Nord du Mali brûle et échappe à l’état central de Bamako. Le centre du Mali agonise et se meurt. Nos lois sont constamment violées. La vie privée des leaders d’opinions est espionnée. L’économie nationale est sur les cales par la faute des  rejetons de notre armée.  Les entreprises PMI/PME tournent au ralenti.  Nos familles s’appauvrissent d’avantages sous l’ère Assimite pendant les colonels félons et leur suite se la coulent douce.  La communauté régionale et internationale semble avoir abandonné le peuple résilient du Mali.

Appel à la mobilisation générale

Au-delà des questions personnelles, c’est la stabilité socio-économique et politique qui est menacée. Il urge que les patriotes se liguent pour mettre en échec la dictature. La junte a montré ses limites et ne saurait être la solution malienne. Assimi Goita et sa bande doivent être démis de leurs fonctions. Pour ce faire, une mobilisation générale s’impose. Inversons ensemble le rapport de force. Et ensemble, mettons hors d’état de nuire les putschistes maliens pour haute trahison et pour incapacité à réussir l’unité et la cohésion sociale au Mali.

Le 20 décembre 2023

 Ismaël Sacko

 Président du PSDA

Chevalier de l’ordre national

 

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