La crise s’intensifie au PPA-CI – Deux camps s’affrontent sur fond de suspicions et d’accusations

Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) traverse une période de tension interne. Il y a actuellement un conflit ouvert entre deux camps au sein de ce parti. A l’origine, l’élection de la présidente de la ligue des femmes.

D’un côté, il y a ceux qu’on pourrait qualifier de « partisans » dits « indécrottables » de Laurent Gbagbo, l’actuel président du PPA-CI. Leur porte-parole ou  du moins leur porte-voix serait, nous a confié un cadre du parti, Gilchrist Djédjé, un militant qui a récemment rejoint le cercle des proches parmi les proches de l’ancien chef de l’Etat ivoirien. Dans un post diffusé, le dimanche 24 décembre 2023, sur les réseaux sociaux, celui-ci appelle au calme et affirme que le président Laurent Gbagbo travaillerait pour sortir la Côte d’Ivoire de l’abîme.

Il souligne aussi que l’élection de la présidente de la Ligue des femmes s’est déroulée dans une bonne ambiance et que les résultats sont crédibles. Et il ne s’arrête pas là. Le porte-voix de ces « pro-Gbagbo » dits « indécrottables » au sein du PPA-CI a saisi l’occasion pour tancer ceux qui remettent en question les résultats. Il les accuse de complicité avec l’adversaire du PPA-CI. Sans citer nommément cet adversaire. Mais au regard de l’aversion du parti de Gbagbo pour le RHDP, le parti au pouvoir, on pourrait présumer qu’il s’agit du président de la République, Alassane Ouattara, président du  RHDP.

De l’autre côté, il y a les militants du PPA-CI qui insistent sur le respect des textes que le parti s’est donnés. Leur chef de file est le Greffier en chef Dakouri Roger, un des membres influents du Comité de contrôle du parti de Laurent Gbagbo. C’est ce dernier qui répond aux accusations d’insubordination portées contre les contrôleurs du  PPA-CI. Dakouri Roger rétorque que les contrôleurs ne sont soumis qu’aux textes organiques du PPA-CI et qu’il n’existe aucun lien de subordination entre l’autorité exécutive du parti et eux. Profitant, il invite à une meilleure compréhension des textes organiques du parti pour éviter les malentendus.

Dakouri Roger réfute aussi les affirmations de ce « pro-Gbagbo indécrottable » concernant le rôle et les responsabilités du Comité de contrôle dans le processus électoral interne du PPA-CI. Il souligne que le Comité de contrôle n’est pas chargé d’organiser les élections internes mais de statuer sur les candidatures, les contestations éventuelles et de proclamer les résultats définitifs des élections internes. Dakouri Roger critique également la gestion d’Amon Agoh Marthe, présidente du Comité de contrôle. En particulier sa décision de choisir les vice-présidents et le directeur de cabinet en dehors des dispositions statutaires du PPA-CI. Il affirme ainsi qu’elle a refusé d’appliquer la préséance prescrite par les textes fondateurs du PPA-CI et a pris des décisions unilatérales sans débat lors des sessions.

Le contrôleur du PPA-CI fournit aussi des détails sur la session extraordinaire du Comité de contrôle qui a eu lieu, le samedi 23 décembre 2023. Il n’accepte pas l’affirmation du porte-voix des « pro-Gbagbo » dits « indécrottables » selon laquelle les contrôleurs qui ont pris leurs responsabilités lors de cette session étaient une minorité. Selon Dakouri Roger, sur la liste bloquée de 61 militants élus lors du congrès des 17 et 18 décembre 2021, trois sont décédés. A la réunion du 23 décembre 2023, 25 contrôleurs étaient présents et 21 contrôleurs ont été excusés. En tenant compte de ces chiffres, 46 participants ont été considérés à la réunion au départ. Le quorum normal de 26 contrôleurs a donc été largement atteint. Il critique également la gestion de la session par Mme Amon Agoh Marthe qui a déclaré la réunion annulée face à l’opposition et s’est retirée, laissant derrière elle les contrôleurs. Selon Dakouri Roger, 21 des 25 contrôleurs présents à cette session extraordinaire sont restés ; ce qui, avec les 21 excusés, dépasse largement le quorum de 26 contrôleurs.

Mais Dakouri Roger conteste surtout les affirmations du défenseur de la présidente du Comité de contrôle du PPA-CI concernant la légitimité des résultats définitifs proclamés par cette dernière. Il soutient qu’Amon Agoh Marthe  n’a jamais convoqué une session ordinaire pour statuer sur l’élection de la présidente de la Ligue des femmes à Ouragahio et que le procès-verbal qu’elle a produit ne mentionne pas la transmission du résultat provisoire de cette élection par la Commission électorale du parti. Il critique également la manière dont elle a géré la convocation d’une session en tant que présidente du Comité de contrôle, et affirme que ce qu’elle a dit à Ouragahio est nul et non avenu. Il insiste sur le fait qu’elle n’est pas le Comité de contrôle et que ses actions ne représentent pas les décisions du Comité. Face à toutes ces accusations, Mme Amon Agoh Marthe, présidente du Comité de contrôle du PPA-CI, réagira bientôt pour apporter sa part de vérité. Comme on le voit donc, derrière cette façade où deux camps semblent se livrer une guerre des tranchées, les choses sont beaucoup plus compliqués qu’on ne le croit. Le PPA-CI est aux abois et l’euphorie constatée chez les partisans de Laurent Gbagbo, dès le début, a fini par faire place à la méfiance des uns et des autres.

Robert Krassault

ciurbaine@yahoo.fr

 Légende de la photo : Dakouri Roger (en costume bleu, à droite) avec l’ancien ministre Moise Lida Kouassi lors d’une cérémonie.

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