49 militaires ivoiriens dont 15 éléments des Forces spéciales (FS) sont détenus, depuis le dimanche 10 juillet 2022, par les autorités maliennes dès leur arrivée à l’aéroport de Bamako. Gardés à l’Ecole nationale de gendarmerie du Mali où ils ont passé la nuit, les 49 soldats ivoiriens ont été déplacés, le lundi 11 juillet, dans un autre lieu. Dans un communiqué officiel du gouvernement de transition rendu public, lundi, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, a qualifié les 49 militaires ivoiriens de « mercenaires ». Et de préciser « le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser le dynamisme de la refondation et de la sécurisation du Mali ainsi que le retour à l’ordre constitutionnel ».
Le lendemain, mardi 12 juillet, à l’issue d’un Conseil national de sécurité (CNS) extraordinaire, la Côte d’Ivoire a réagi aux accusations proférées par le Mali contre les 49 militaires ivoiriens. Tout en exigeant leur libération « sans délai », les autorités ivoiriennes ont précisé dans le communiqué du CNS ceci : « Ces militaires sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvaient au Mali, dans le cadre des opérations des éléments nationaux de soutien (NSE). La présence de ce détachement des éléments nationaux de soutien est conforme aux mécanismes de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des missions de maintien de la paix et est bien connue des autorités maliennes. En effet, en vertu d’une convention signée, en juillet 2019, entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations Unies, et conformément à un contrat de sécurisation et de soutien logistique signé avec la société Sahel Aviation Service (SAS), des militaires ivoiriens sont présents à l’aéroport de Bamako.
Depuis cette date, 7 contingents se sont relayés périodiquement sur ce site, sans aucune difficulté. A leur arrivée au Mali, dans le cadre de la 8ème rotation, le dimanche 10 juillet 2022, une copie de l’ordre de mission du contingent a été transmise aux autorités aéroportuaires maliennes, pour attester de la régularité de la mission. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale ainsi que le chef d’état-major des Forces armées maliennes, en ont reçu copie. Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de minutions de guerre, à sa descente de l’avion. Les armes du contingent, comme autorisées par les Nations Unies pour la protection personnelle et les cas d’auto-défense et selon les procédures en la matière, se trouvaient dans un second avion ».
Comme on peut le constater, le Mali et la Côte d’Ivoire ont des positions divergentes sur le statut et la mission de ces 49 militaires ivoiriens. Si le Mali soutient mordicus qu’ils sont des « mercenaires » venus déstabiliser le pays, la Côte d’Ivoire affirme qu’il s’agit d’accusations sans fondement. Que ces militaires ivoiriens sont au service de la MINUSMA. A New-York au siège de l’ONU, on semble dubitatif sur les affirmations de la Côte d’Ivoire et même du porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado qui a indiqué, lundi, dans un tweet que ces militaires font effectivement partie d’ « éléments nationaux de soutien (NSE) » logistique de la MINUSMA.
Selon la radio française RFI, « (…) l’ONU en est sûre, ces hommes n’ont pas le statut d’éléments nationaux de soutien (…). RFI en a eu la confirmation exclusive. Impossible de fait pour New York de déterminer dans quel cadre ces soldats ont été dépêchés à Bamako, ni leur lien contractuel avec la société censée les embaucher, Sahel Aviation Service. Les armes du contingent transportées dans le deuxième avion n’auraient ainsi, par déduction, jamais été autorisées par les Nations unies non plus ». Et RFI de poursuivre :
« À l’ONU et dans l’esprit des diplomates de la plupart des pays concernés par cette affaire, c’est la surprise et la circonspection qui dominent. Prévenue bien en aval de l’arrestation des 49 militaires Ivoiriens, l’ONU a lancé mardi ses équipes vérifier différentes pistes et incohérences sur place ». Une grosse cacophonie et confusion est perceptible autour de cette affaire qui apparaît rocambolesque. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est saisi du problème et a engagé avec les autorités maliennes et ivoiriennes des négociations pour démêler l’écheveau afin que les 49 militaires ivoiriens recouvrent la liberté et regagnent Abidjan ou œuvrent pour la MINUSMA.
Didier Depry
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