Le général Abdourahamane Tchiani, chef de la junte militaire et du pouvoir de transition au Niger, a porté récemment , à travers une interview accordée à la presse de son pays, de graves accusations contre la Côte d’Ivoire. Il accuse les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) de former des mercenaires pour déstabiliser le Niger. Il a apporté des précisions, selon lui, indiquant que le premier round de cette formation de mercenaires s’est déroulée à Jacqueville, à quelques encablures d’Abidjan, avec le soutien de puissances étrangères, principalement la France. 150 personnes entrainées au maniement des armes et équipées seraient donc prêtes pour attaquer le pouvoir de Niamey, croit savoir le chef de la junte militaire nigérienne.
Face à de telles accusations gravissimes inacceptables pour Abidjan, l’armée ivoirienne a vivement réagi. « Les Forces Armées de Côte d’Ivoire qui demeurent concentrées sur la défense et la sécurité de la Côte d’Ivoire, s’inscrivent en faux contre ces graves accusations proférées, sans aucun début de preuve par le Chef de la junte au Niger », soutient la hiérarchie militaire ivoirienne, dans le communiqué ci-dessous en date du samedi 28 décembre 2024 et signé du Général de corps d’armée, Lassina Doumbia, Chef d’Etat-Major Général des Armées.
La Grande muette ivoirienne donne de la voix
Le pouvoir militaire de transition au Niger est-il dans une paranoïa de coups d’Etat ? Tout semble être le cas d’autant que le général Tchiani et ses amis voient visiblement des putschs en préparation contre eux partout. Après le Nigeria, c’est au tour de la Côte d’Ivoire et du Bénin d’être accusés par le Niger de vouloir le déstabiliser.
On se souvient que, le samedi 21 décembre 2024, dans un communiqué, le gouvernement nigérian s’était dit « très inquiet » par les accusations portées par Niamey contre Abuja. Dans ce communiqué, il a affirmé « fermement qu’il n’y a pas de troupes militaires françaises dans le nord du pays se préparant à déstabiliser le gouvernement du Niger ». C’est ce qu’a indiqué Kimiebi Imomotimi Ebienfa, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Nigeria. « Ces allégations sont sans fondement et doivent être rejetées dans leur intégralité », a-t-il précisé. Le ministre nigérian de l’information, Mohammed Idris, a réaffirmé dans un autre communiqué, le jeudi 26 décembre 2024, que son pays n’avait aucune alliance avec « la France ou tout autre pays » pour déstabiliser le Niger.
De son côté, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a dénoncé ces accusations sans fondements proférées par le Niger contre le Nigeria mais également contre la Côte d’Ivoire et le Bénin. « Depuis des années, le Nigeria soutient la paix et la sécurité de plusieurs pays, non seulement dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi sur le continent africain », a commenté la CEDEAO dans un communiqué publié, le jeudi 26 décembre 2024. « La CEDEAO réfute donc toute insinuation selon laquelle un pays aussi généreux et magnanime deviendrait un État soutenant le terrorisme », ajoute le communiqué de l’organisation sous-régionale.
Didier Depry
Mise au point de l’armée ivoirienne face aux allégations de la junte militaire nigérienne
Dans une vidéo diffusée par la télévision d’État nigérienne et en circulation sur internet, le Général Abdourahamane Tchiani, chef de la junte au pouvoir au Niger a cru devoir, dans une interview, se répandre en une série de récriminations contre notamment les Forces Armées de Côte d’Ivoire qu’il accuse ouvertement de contribuer à une formation militaire de prétendus irrédentistes nigériens réfugiés en Côte d’Ivoire. L’objectif de cette formation, selon le Général Abdourahamane Tchiani, serait de déstabiliser le pouvoir issu du putsch du 26 juillet 2023. La gravité des accusations portées, le média choisi et la personnalité de l’orateur commandent une mise au point afin de dissiper les doutes que pourrait susciter cette succession de contre-vérités.
Les Forces Armées de Côte d’Ivoire qui demeurent concentrées sur la défense et la sécurité de la Côte d’Ivoire, s’inscrivent en faux contre ces graves accusations proférées, sans aucun début de preuve par le Chef de la junte au Niger. Les Forces Armées de Côte d’Ivoire, fidèles à leur longue tradition de coopération avec les pays de la sous-région, demeurent engagées à continuer à apporter leurs contributions à la paix et à la stabilité régionale. Elles demandent, en conséquence, que les autorités militaires nigériennes se focalisent sur leurs objectifs sécuritaires qui, malheureusement, sont, pour l’heure, loin d’être atteints.
Fait à Abidjan, le samedi 28 décembre 2024
Le Général de Corps d’Armée Lassina DOUMBIA,
Chef d’Etat-Major Général des Armées.
Légende photo : Le Général de Corps d’Armée Lassina Doumbia, Chef d’Etat-Major Général des Armées.
Leave a Reply