Affaire « 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali » : Folles rumeurs à Bamako pour empêcher leur libération   

Depuis la conférence de presse, le 13 juillet 2022, animée par le Colonel Guezoa Mahi Armand,  conseiller du chef d’Etat-major général des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) chargé des opérations extérieures, au cours de laquelle il a clairement indiqué que la mission des 49 soldats  ivoiriens, la 8ème  rotation du genre, est légale et que « le détachement de soutien national existe régulièrement et tous leurs prédécesseurs ont toujours bénéficié du badge UN », puis la déclaration de Fidèle Sarassoro, directeur de cabinet du président ivoirien, Alassane Ouattara, lors des négociations de Lomé (Togo), le 3 septembre 2022, les autorités ivoiriennes ont affirmé sans fioriture que jamais la Côte d’Ivoire ne s’associera à une initiative de déstabilisation du Mali ou d’un pays tiers.  Les 49 militaires qui sont détenus au Mali, depuis le dimanche 10 juillet 2022, dont trois soldates ont été libérées, sont donc emprisonnés injustement. D’autant qu’ils sont arrivés à Bamako dans le cadre de la MINUSMA afin de contribuer à la stabilité d’un pays voisin et frère qui fait face à une menace terroriste et une rébellion armée. Ces soldats n’avaient pas un autre agenda, au dire d’Abidjan.

En dépit des gages de bonne foi des autorités ivoiriennes et de leur détermination à régler cette crise par le dialogue et la paix, le régime de transition au Mali reste totalement fermé à toute conciliation. Au point où les 46 soldats ivoiriens encore détenus sont perçus comme des « mercenaires » et inculpés par la justice malienne pour « atteinte à la sureté de l’Etat ». Pour enfoncer le clou du blocage, des rumeurs fallacieuses circulent depuis plusieurs jours à Bamako affirmant que les 46 militaires ivoiriens ne seraient pas tous des Ivoiriens. Et que parmi eux, existeraient des ressortissants étrangers. Pire, ils ne seraient pas tous des militaires, que certains d’entre eux seraient des civils, de véritables seigneurs de guerre, présentés comme des militaires ivoiriens. Par ailleurs, ces mêmes rumeurs bamakoises soutiennent que 4 soldats parmi les 46 soldats ivoiriens détenus auraient été invités , le 29 septembre 2022, lors de la rencontre entre la Mission de Haut niveau de la CEDEAO et les autorités maliennes de la transition. Selon les rumeurs, ces quatre soldats ivoiriens auraient avoué être des « mercenaires »  originaires de la Sierra Leone et de l’Afrique du Sud. Informé des aveux des soldats ivoiriens, le chef de l’Etat de la Sierra-Leone, Juluis Maada Bio, serait précipitamment venu au Mali pour dire au chef de la transition malienne, le colonel Assimi Goita, que son pays n’a rien à voir avec le « complot » ourdi contre le Mali.

De telles rumeurs visiblement infondées et folles qui n’ont rien à envier à des scénarios hollywoodiens ne sont pas faites pour apaiser le climat entre Abidjan et Bamako dans un contexte où la rue bamakoise, qui vogue entre populisme et panafricanisme de mauvais aloi, est plus encline à manifester bruyamment. Selon des sources concordantes à Bamako, la rencontre, le jeudi 29 septembre 2022, des autorités de la transition avec la Mission de Haut niveau de la CEDEAO composée des chefs d’Etat du  Ghana, Nanan Akufo- Addo , et de la Gambie, Adama Barrow ainsi que du ministre togolais des Affaires étrangères représentant son chef d’Etat Faure Gnassingbé, n’aurait pas donné les résultats escomptés. « La CEDEAO n’a pas apaisé les inquiétudes du gouvernement de transition », nous a confié une source sans en dire plus. Quelles assurances le Mali veut-il pour libérer les 46 soldats ivoiriens ?

Face à cette situation, le président ivoirien qui est résolument engagé sur la voie du dialogue,  a reçu, hier, jeudi 6 octobre 2022, à Abidjan, son homologue du Togo, Faure Gnassingbé, le médiateur accepté par toutes parties dans cette crise diplomatique et militaire. Le président togolais aurait fait part au président ivoirien, des sempiternelles « exigences » des autorités de la transition malienne. A savoir que le colonel Assimi Goita et son gouvernement de transition veulent, d’une part, qu’Abidjan reconnaisse leur pouvoir et respecte sa souveraineté ; d’autre part, que le président Ouattara aide Bamako, qui a souffert de six mois d’un embargo économique imposé par la CEDEAO, a sorti définitivement de l’ornière financière et économique. Ayant été l’un des grands artisans de la levée des sanctions économiques et financières imposées par la CEDEAO au Mali, le président Ouattara n’y aurait pas vu d’inconvénients. MM. Ouattara et Gnassingbé sont en phase pour une résolution de cette crise qui perdure. Ils ont eu des convergences de vue avant la tenue du prochain sommet extraordinaire de la CEDEAO qui se déroulera à Dakar (Sénégal), le 14 octobre 2022, sur la question des 46 soldats ivoiriens ainsi que la situation au Burkina Faso et en Guinée-Conakry.

Didier Depry

 

 

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié