Le vice-président de la République de Guinée Equatoriale, SEM. Teodorin Obiang N’Guema Mangue, a récemment invité le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à répondre à la convocation à lui adressée et à son fils, Thomas Le Drian, par la justice malienne. MM. Jean-Yves et Thomas Le Drian devront se présenter, le lundi 20 juin 2022, devant le juge d’instruction du deuxième cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune 3 du district de Bamako (Pôle économique et financier) pour « affaire les concernant ».
Le ministre français des Affaires étrangères et son fils, l’homme d’affaires, Thomas Le Drian, y seront-ils ? Le vice-président équato-guinéen estime que leur présence à Bamako est nécessaire et devrait obéir à la logique du parallélisme des formes. « Comme la justice française le fait avec les dirigeants africains, nous espérons que Jean-Yves se présentera à sa convocation, le 20 juin, sous peine d’un mandat d’arrêt international », a-t-il déclaré à LSI Africa.
Ces propos pleins de vérité du vice-président équato-guinéen reprennent en écho, le sort quasi humiliant que lui a réservé la Justice française alors qu’il est une haute autorité d’un pays souverain et qu’il ne faisait l’objet que de soupçons. Le 18 juillet 2021, la Cour de cassation de la France a confirmé deux condamnations prononcées par des juridictions inférieures françaises contre M. Teodorin Obiang N’Guema Mangue qu’elles avaient déclaré coupable de détournement et de blanchissement de fonds publics. Durant plus d’une décennie, le vice-président de la République de la Guinée Equatoriale ne s’est pas dérobé, il a fait face à la procédure judiciaire avec ses avocats. Il continue d’ailleurs de se dire innocent de « biens mal acquis » d’une valeur de 150 millions d’euros (soit 177 millions de dollars US) au détriment de son pays.
Si la Justice française a ouvert une procédure judiciaire contre un dirigeant africain en fonction et qu’elle l’a condamné, pourquoi un dirigeant français en fonction ne répondrait-il pas à la convocation de la Justice malienne ? Telle est la question que se posent de nombreux observateurs africains. En effet, dans une convocation adressée au ministre français des Affaires étrangères dont la presse a reçu copie, le juge d’instruction du deuxième cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune 3 du district de Bamako (Pôle économique et financier), Mahamoudou Bello Dicko, a convoqué Jean-Yves Le Drian à se présenter «à son cabinet au palais de Justice du Tribunal de Grande Instance de la commune 3 au district (Pôle économique et financier), le lundi 20 juin 2022 à 8h pour affaire le concernant».
De quelle affaire s’agit-il ? « NB : Affaire : Société civile et MP/C Jean-Yves et Thomas, tous Le Drian, pour atteinte aux biens publics et autres infractions au dépens de l’Etat du Mali », mentionne la convocation qui date du 20 avril 2022. A noter qu’en 2015, Ibrahim Boubacar Kéita, alors président de la République au Mali, avait attribué à travers un contrat de gré à gré pour une dizaine d’années, le marché de la fabrication des passeports biométriques maliens à la société française Oberthur Technologies (devenue Idemia).
Cette décision aurait été prise par IBK après un lobbying intensif qu’aurait mené Jean-Yves Le Drian, qui était à cette époque, ministre français de la Défense. Cette société était, dit-on, celle de son fils Thomas Le Drian. Le mouvement Maliko (en français, l’affaire du Mali), constitué par plusieurs organisations de la société civile malienne, a décidé de faire la lumière sur ce dossier. D’où la plainte déposée, le 22 février 2022, contre Jean-Yves Le Drian et son fils, Thomas, auprès du pôle économique et financier du Tribunal de Bamako.
Didier Depry
Laissez une réponse