Les négociations tous azimuts se poursuivent à diverses échelles pour la libération des 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali, après la libération pour des « raisons humanitaires » de trois soldates ivoiriennes, membres du contingent des 49 militaires ivoiriens arrêtés, le dimanche 10 juillet 2002, à l’aéroport président Modibo Kéita de Bamako-Senou. En plus de la médiation menée par le président du Togo, Faure Gnassingbé, le président du Sénégal, Macky Sall, président de l’Union africaine (U.A) ainsi que les Nations Unies, le président du Nigeria, Mahamadou Bouari, a décidé de s’impliquer également afin qu’un dénouement heureux soit trouvé à cette crise entre la Côte d’ivoire
et le Mali qui a installé la CEDEAO et la sous-région ouest africaine dans un profond malaise à l’issue incertaine.
Alors qu’Abidjan observe une attitude de conciliation et un calme olympien, c’est Bamako qui fait feu de tout bois. Après avoir exigé des excuses officielles et des engagements écrits de la part de la Côte d’ivoire que le Mali accuse de vouloir le déstabiliser, ce qu’Abidjan a récusé et totalement nié, Bamako revient à la charge en réclament l’extradition vers le Mali, de personnalités maliennes dont l’ancien Premier ministre, Boubou Cissé, et l’ex-député Karim Kéita, fils de feu le président IBK, réfugiés en Côte d’ivoire et faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux.
Recevant les émissaires du président du Nigeria, Mahamadou Bouari, à Bamako, le vendredi 9 septembre 2022, le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita, a accusé la
Côte d’ivoire en soutenant qu’au même moment où Abidjan demande la libération de ses soldats, il continue de servir l’asile politique à certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux émis par la justice. Pire, que ces personnalités œuvrent, depuis la
Côte d’ivoire, selon Assimi Goita, à déstabiliser le Mali. Assimi Goita insinue même que des présumés déstabilisateurs du Mali bénéficieraient du soutien de la Côte d’ivoire. «D’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali», précise Bamako.
On peut l’affirmer sans se méprendre que le régime de transition malien reste sourd aux appels à la raison de la communauté internationale, sous-régionale, régionale et mondiale. Bamako se pose ainsi en preneur d’otages à l’égard des 46 militaires ivoiriens. Pendant que le Mali demande à la Côte d’ivoire, au Nigeria et aux pays de la CEDEAO de bien vouloir reconsidérer les sanctions individuelles prises par l’organisation sous-régionale contre les personnalités de la transition malienne, il rechigne à adopter une posture de paix et de dialogue relativement à la crise avec la Côte d’ivoire.
Didier Depry
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