« Le discours discourtois, mégalomane et compromettant du chef de la junte malienne au seuil de l’an 2024 ». Tel est le regard que le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), Ismaël Sacko, porte, depuis l’exil, sur le message de nouvel an 2024 que le colonel Assimi Goita, président de la Transition au Mali, a adressé au peuple malien, le dimanche 31 décembre 2023. Ci-dessous, la tribune écrite par le président du PSDA.
La gouvernance de la junte malienne a été marquée par l’absence de cap et de vision. Nous sommes plongés dans une transition sans fin. Le saut dans l’inconnu inquiète les initiés qui observent impuissants le Mali en déliquescence.
Indigne et incohérence
Assimi Goita dans son adresse à la nation refuse d’assumer son échec régalien. Il a expliqué aux maliens sa volonté et son incapacité à honorer ses propres engagements pris devant le peuple malien. La honte a donc quitté le pays de Soundjata Kéita, de Babemba Traoré et de Firoûn. Assimi Goita est indigne en violant sa parole et par conséquent, il vient d’humilier le Mali qui perd son crédit. Les Assimites ont encore menti au peuple et cachent leur incapacité à lui fournir l’électricité. Incapable de faire mieux qu’en 2020, ils préfèrent s’abriter derrière les anciens régimes. Le Mali est tombé trop bas. On se souvient que la junte avait promis d’apporter une amélioration et de sanctionner la mafia pilotée par son jeune frère, un autre Goita, qui siphonne le carburant d’EDM. SA. Finalement, Assimi Goita refuse d’assumer son échec régalien. Quelle honte !
Le retour à l’ordre constitutionnel normal
Le chef de la junte ne souhaite pas, courant 2024, passer la main. Les Assimites ont pris la décision unilatérale de se maintenir au pouvoir contre vents et marées et d’accroître la souffrance des maliens qui peinent à joindre les deux bouts du monde. C’est comme si la junte Assimite craint d’être évincée et d’être mise aux arrêts. Pour preuve le budget national voté au CNT ne prévoit pas de ligne budgétaire pour les élections présidentielles en 2024. La junte devrait compter sur les emprisonnements et la brimade pour contraindre le peuple au silence.
Le dialogue inter-malien
Les putschistes proposent un autre « dialogue » rien qu’avec les maliens et refusent l’intermédiation de toutes autres parties. Il se retrouve que, ni les groupes armés de la CMA, ni les opposants politiques et encore moins la société civile avisée et les patriotes sincères n’ont confiance au gouvernement. Puisque la junte militaire a crié haut et fort que 90% maliens approuvent sa gouvernance suicidaire, finalement, avec qui la junte engagera le dialogue inter-malien ? Est-ce un autre leurre ou une autre façon d’endormir la CEDEAO ? Nul n’est dupe et j’ai espoir que les intelligences avisées au Mali sauront garder raison pour décliner l’offre empoisonnée des putschistes qui ne manquent pas de ruse pour se maintenir au pouvoir. Le dialogue inter-malien a un seul objectif, c’est d’éliminer toutes les voies discordantes à la gestion chaotique d’Assimi Goita et de les bâillonner. Pour ce faire, la junte ferme la porte à toute supervision extérieure comme les Nations Unies, la CEDEAO etc. Pour rappel, l’Accord de paix issu du processus d’Alger prévoit en son article 65, la possibilité de sa révision sans recourir à l’usage de la force.
La lutte contre la corruption
Selon le vérificateur général, 700 milliards FCFA ont été détournés en 2022 sous les putschistes. Jusqu’ici, Assimi Goita n’en parle pas dans son discours creux et propagandiste. Comment réussir la lutte contre la corruption alors que le conseiller de la présidence, à la sécurité nationale, le général Yamoussa Camara, qui est impliqué dans le détournement de 11 milliards FCFA, lors de la transition de 2012, est protégé par Assimi Goita et que des marchés de gré-à-gré en violation de nos lois sont autorisés à la favorite du prince du jour ?
Le peuple serait-il le dindon de la farce ?
Nous avons été témoin de l’absence de solidarité et de compassion des autorités de Bamako. Les délestages intempestifs courant 2023, la paupérisation des maliens, la morbidité des entreprises PMI/PME sont la preuve vivante de l’insouciance et de l’inconscience des dirigeants maliens qui ont manqués de mettre en place des mesures d’accompagnement du secteur privé et informel qui constituent le socle de notre économie nationale. Oui, le peuple malien a fait preuve de « bravoure » et de résilience mais il a été oublié et maltraité par son bourreau logé sur les collines de Koulouba. Assimi Goita insulte son peuple lorsqu’il fait mention de « Respect de Biens Publics.» Il aurait dû faire preuve d’humilité et de retenue. Mais le pouvoir lui est monté à la tête. Pauvre de lui.
« Apaiser et sécuriser »
Comme si les maliens avaient la mémoire courte et qu’ils avaient perdu tout espoir à accéder au bien-être. Cela fait trois ans que le peuple malien vit le martyr et le calvaire sans avoir été « apaisé ». Cela fait trois ans que les terroristes brûlent nos camps militaires, éventrent nos femmes et enfants et assiègent nos villages. Cela fait deux ans que les mercenaires Wagner pro-Russes violent nos femmes et sœurs et les massacres sans état d’âme. Des crimes contre l’humanité sont commis au vu et au su de toute la communauté internationale par les mercenaires de Vladmir Poutine, le maître vénéré d’Assimi Goita. Les maliens sont sacrifiés et le Mali se meurt pendant que les Assimites se la coulent douce. Et sans scrupule, ils osent parler de « apaiser et sécuriser», sauf s’il s’agit de sécuriser leurs familles. Souvenons-nous, tout de même que « feu Douglas, ex- chef de cabinet» d’Assimi Goita a été calciné en 2023 dans la zone de Nara par des terroristes et Assimi n’a pas été en mesure de le protéger. Qui pourra-t-il donc protéger ?
Inclusivité et cohésion sociale
Nous avions espéré que la junte allait consolider la cohésion et l’unité nationale grâce à l’inclusivité prônée en décembre 2021 lors de ses assises dites de la refondation. Mais hélas, cet acquis a vite volé en éclat. Aujourd’hui, à cause des multiples arrestations arbitraires d’ordre politique et de règlements de compte, le tissu social est en lambeau. Ce vœu pieux est vidé de sa sève nourricière. Jamais, le Mali n’a connu autant de détenus politiques, d’exilés politiques, de division dans tous les pans de notre société)religieux, patronat, jeunesse, les politiques etc…). La junte a échoué en déclarant une guerre sans issue qui a élargi le fossé entre les groupes armés du Nord et la junte bunkerisée au Sud. Hier, la population de Kidal est sortie massivement pour réclamer la démission de son assassin, cela après l’évacuation du général gouverneur de Kidal, El Jadj Gamou, opposé au diktat de Wagner dans la région.
Propositions
Pour sceller la paix et l’unité nationale, la junte devrait :
- revenir à l’accord d’Alger et le réviser conformément à son article 65 ;
- libérer tous les détenus politiques et mettre fin à toutes les formes de brimade et de barbarie ;
- Accepter de libérer la parole au Mali dans le respect des lois et règlements en vigueur ;
- Décaporaliser la justice qui ne doit dire que le droit ;
- donner les garanties pour le retour des exilés qui le souhaitent ;
- réussir le dialogue politique avec la supervision et la garantie d’une institution forte ;
- organiser les élections présidentielles dans le semestre de 2024 ;
- Auditer les comités de la présidence, du CNT, de la Primature et le service de passation de marchés.
- A défaut, pour haute trahison, Assimi Goita doit être démis de ses fonctions et mis aux arrêts.
Conclusion
Au Mali, l’année 2023 a été caractérisée par l’absence de libertés et l’insécurité métastasée avec son lit de crimes contre l’humanité. Notre peuple par sa résilience méritait des services sociaux de base à proximité et une unité de paix. Les Assimites devraient saisir le nouvel an pour demander pardon aux maliens pour tous les manquements et les abus qui ont saigné et peiné l’écrasante majorité désabusée et muselée par le pouvoir sanguinaire de Bamako. Les Assimites doivent conjuguer la propagande et le mensonge d’Etat au passé et se tourner vers la paix des braves via des élections présidentielles passées à la mi 2024. Retenons que la transition militaire a une fin et que la junte comme les hommes politiques n’ont pas un chèque en blanc. Nous nous engageons à maintenir haut le flambeau de la résistance dans le seul but de sauver notre nation en péril. Ce devoir est une obligation pour chaque malien épris de justice et de prospérité dans une redevabilité partagée. Nous avons le devoir d’agir pour repositionner notre pays dans le concert des Nations et nous réconcilier avec nous-mêmes et avec nos voisins en prenant le soin de respecter notre parole, car elle nous engage par notre signature. J’invite les maliens à s’organiser en conséquence et à rester mobiliser pour restaurer la démocratie et l’état de droit dans notre pays. Oui, nous userons de tous les moyens légaux à cet effet.
Vivement un Mali uni, en paix et prospère.
Le 1er janvier 2024
Ismaël Sacko
Président du PSDA
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