Bénin / Assemblée Générale Biennale de l’APNAC, Adama Bictogo : « Le terrorisme se nourrit en partie de la corruption »   

La 8ème assemblée générale  de la biennale du Réseau des parlementaires africains contre la corruption de la région Afrique (APNAC-Afrique) se tient à Cotonou, capitale du Bénin,  du 25 au 27 juillet 2022, sous le « Créer des synergies pour une lutte efficace contre la corruption en Afrique : rôle du parlement et des parlementaires » . Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, M. Adama Bictogo, a prononcé un discours aujourd’hui, mardi 26 juillet, lors de ces assises. Nous vous proposons l’intégralité de cette intervention dans laquelle il exhorte les parlementaires africains à s’approrier fermenet la lutte contre la corruption dans les différents pays du contient.

 

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale du Benin, cher collègue et frère,

Monsieur le Ministre des Affaires Parlementaires,

Monsieur le Président par Intérim du Réseau des parlementaires africains contre la corruption (APNAC-Afrique),

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les partenaires techniques et financiers,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est avec beaucoup de joie et de bonheur que je me retrouve sur cette terre hospitalière de la République sœur du Bénin, ce grand pays dont la riche diversité culturelle évoque de grands noms de l’Histoire tels que Béhanzin, roi du DAHOMEY.

Cette terre africaine qui partage avec la Côte d’Ivoire mon pays, des liens d’amitié et de fraternité qui remontent à la lutte émancipatrice menée d’un commun engagement par les pères fondateurs Felix Houphouët BOIGNY, Hubert MAGA, Sourou Mighan Apithi pour ne citer que ces figures emblématiques.

De mémoire, ce sont bien Félix Houphouët BOIGNY, Hubert MAGA, en compagnie de leurs homologues Hamani DIORI du Niger et Maurice YAMEOGO de la Haute-Volta qui se sont battus pour la création du Conseil de l’Entente, la doyenne des Institutions sous-régionales ouest-africaines. Déjà à cette époque, ces pionniers avaient compris le sens et le poids de la solidarité pour les jeunes Etats accédant à la souveraineté nationale. Ainsi, du fait de leur histoire commune, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont su tisser des liens de coopération très étroits qui se sont perpétués dans le cadre de l’UEMOA, de la CEDEAO et de bien d’autres organisations internationales.

Fort heureusement, aujourd’hui, leurs Excellences Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et Monsieur Patrice TALON, Président de la République du Bénin, en dignes héritiers de cette coopération, assument et entretiennent avec enthousiasme cet héritage grandiose, au nom de la stabilité politique et économique de notre sous-région.

 

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale du Benin, cher collègue et frère,

 

Je note avec vous et avec plaisir que la coopération entre nos Assemblées parlementaires s’inscrit dans le prolongement de ces relations excellentes de coopération et d’amitié de l’Exécutif de nos deux pays.

C’est pourquoi, je voudrais vous saluer et vous remercier très sincèrement de m’avoir invité si fraternellement à prendre part à cette activité et aussi pour les attentions particulières dont nous avons été l’objet, ma délégation et moi.

Cela dénote de notre convergence de vue autour de l’avenir de nos parlements qui doivent être des forces motrices au service du rayonnement et du développement inclusif de nos nations.

La présente cérémonie qui nous réunit ici, consolide à n’en point douter nos liens autour d’un thème d’actualité et souligne le rôle et la contribution des Assemblées parlementaires dans leurs efforts de lutte contre la corruption et les infractions assimilées.

A cet égard, je voudrais adresser mes vives et chaleureuses salutations à l’ensemble des personnalités qui honorent la présente cérémonie de leur participation. En effet, la présence remarquée des représentants des institutions de l’Etat, des partenaires techniques et financiers ainsi que de la société civile est la marque du grand intérêt que les différents acteurs de la chaîne de décision aussi bien au niveau étatique que supranational portent à la question de la corruption.

 

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Monsieur le Président par Intérim de l’APNAC-Afrique,

Mesdames et Messieurs, distingués Invités,

 

Permettez-moi, avant de poursuivre mon propos, de m’incliner devant la mémoire des victimes du terrorisme et vous prier humblement, à avoir une pensée émue à leur endroit notamment celles de notre espace géographique à savoir : le Benin, le Togo, le Burkina Faso, le Nigeria, le Mali et la Côte d’Ivoire.

Comme vous pouvez le constater, malheureusement, chers collègues parlementaires, le terrorisme qui sévit au sahel et qui étend ses tentacules dans les pays côtiers se nourrit en partie de la corruption. En effet, les divers trafics des armes, de drogue, de carburant, de métaux précieux et autres qui servent de ressources à l’amplification du terrorisme sont alimentés par la corruption.

Dans un tel contexte international où la corruption sape les progrès des institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale, il me revient de saluer fortement l’opportunité d’une telle rencontre et surtout la pertinence du thème qui nous sert d’angle de perception, à savoir : « créer des synergies pour une lutte efficace contre la corruption en Afrique : rôle du parlement et des parlementaires ».

En lien étroit avec nos missions constitutionnelles de légiférer, de contrôler l’action gouvernementale et d’évaluer les politiques publiques, le rôle du parlementaire peut consister, en premier, à apprécier les efforts étatiques consentis à la lutte contre le phénomène de la corruption.

Ce matin, il m’est donc agréable de louer les efforts remarquables de la République sœur du Benin en matière de lutte contre la corruption et de rendre un hommage mérité à Son Excellence Monsieur le Président de la République Patrice TALON, pour son grand engagement à cette cause.

Le disant, j’aimerais également souligner que l’un des axes forts de la politique de développement de la Côte d’Ivoire rassemblée et solidaire du Président de la République Son Excellence Alassane OUATTARA reste la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption à travers la mise en conformité du pays avec les engagements internationaux.

C’est ainsi qu’en 2012, le Gouvernement ivoirien a ratifié la Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et celle des Nations Unies. Dans ce même élan, en début d’année 2022, notre Assemblée nationale a adopté à l’unanimité de ses membres le Protocole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la lutte contre la corruption.

 

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Outre ces instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux, dans l’optique de la lutte contre la corruption, les parlementaires ivoiriens sont heureux que la Côte d’Ivoire ait aussi fait du renforcement de la qualité des Institutions et de la gouvernance, le premier axe stratégique du référentiel national de développement, à savoir le Plan National de Développement (PND).

Après les entités administratives et judiciaires créées en vue de lutter contre ce fléau et les infractions assimilées, le Gouvernement a lancé depuis avril 2022 une plateforme de dénonciation des actes de corruption et infractions assimilées dénommée Système de Prévention et de Détection des Actes de Corruption et Infractions Assimilées en abrégé SPACIA.CI.

 

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Monsieur le Président par Intérim du Réseau des parlementaires africains contre la corruption,

Honorables Députés,

Face à ces constats où la volonté politique affichée par nos Etats et la robustesse de leurs actions de lutte sont à la fois louables et rassurantes, la contribution synergique des parlementaires, pour demeurer significative, devrait aller au-delà de la simple motion de félicitation de l’Exécutif.

En effet, du fait de notre statut de représentants et porte-voix des peuples, nous jouissons aussi bien de la légalité que de la légitimité nécessaire pour contribuer au renforcement de la bonne gouvernance dans nos Etats respectifs.

D’un autre côté, plus que toutes les autres institutions, nous sommes appelés à faire preuve d’une grande probité morale et financière, ce qui commence déjà au niveau même de la déclaration du patrimoine du parlementaire au début de l’exercice de ses fonctions ainsi qu’à la fin de la législature. Cette exigence nous placerait d’office au rang de modèles et de champions de la lutte contre la corruption.

Dans ce sens, il apparait opportun que nous parlementaires, au-delà du rôle régalien de contrôle et de l’évaluation de l’action publique, nous nous approprions quelques grands principes et valeurs inhérents au parlementarisme. Il s’agit entre autres, des principes de transparence, de reddition des comptes et de redevabilité envers les populations, nos mandants.

Pour y parvenir, il est important que nos Institutions soient et restent dotées de charte d’éthique et de déontologie commune afin de promouvoir un sens élevé de probité et d’intégrité morale dans la gestion des affaires publiques. Ces valeurs justement, rendent crédibles les Elus que nous sommes aux yeux des populations lors des actions de sensibilisation menées sur le terrain en vue de les inciter à dénoncer les cas de corruption dont ils sont témoins.

 

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Dans la même veine, il nous appartient, au cours de notre mandat parlementaire, d’intensifier notre rôle de contrôleur sur les corps de nos administrations qui sont les plus citées comme corrompues en vue de faire des recommandations pertinentes conduisant au renforcement des moyens mis à la disposition des structures de lutte contre la corruption dans nos Etats.

A ce stade de mon propos, j’aimerais insister sur le rôle que nous sommes appelés à jouer sur la scène internationale.

Cette dimension de l’activité des parlements exige une coopération parlementaire plus efficace dans la lutte contre la corruption, en veillant à ce que la gestion des affaires nationales réponde aux plus hautes normes internationales de probité.

A ce sujet, je note avec satisfaction que le Bénin et la Côte d’Ivoire ont tous deux ratifié les Conventions continentales visant à renforcer le cadre institutionnel et l’arsenal juridique pour la répression des actes de corruption.

 

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Nous devons formaliser des cadres d’échanges et de partage de bonnes pratiques en matière de lutte contre la corruption mais aussi sur divers sujets d’intérêts communs à savoir les changements climatiques, les migrations avec leurs corollaires de drames, la question du chômage des jeunes, la cherté de la vie, les différentes pandémies, la pauvreté et plus particulièrement le phénomène du terrorisme.

C’est le lieu pour moi, d’exhorter les différents groupes d’amitié et Organisations Interparlementaires au sein de nos institutions législatives à se saisir des recommandations de nos réflexions et à les étendre à des problématiques similaires en vue de leur exploitation bénéfique à nos Etats et nos populations.

Au moment de clore mon propos, je voudrais encore une fois, réitérer mes vifs et sincères remerciements à l’ensemble des Députés de l’Assemblée nationale sœur du Bénin, avec à leur tête, mon très cher grand frère, le Président Louis Gbèhounou VLAVONOU.

A ces remerciements, j’associe volontiers les organisateurs de l’Assemblée générale biennale du Réseau des Parlementaires Africains contre la Corruption de la Région Afrique.

Aussi, je m’en voudrais de ne pas saisir l’occasion de ma présence à ces travaux de l’APNAC-Afrique pour lancer un vibrant et solennel appel à l’ensemble des Présidents des Assemblées nationales africaines à commencer par celles de l’espace CEDEAO. Nous devons nécessairement instaurer des rencontres régulières entre nos différentes institutions parlementaires afin de jeter les bases du renforcement des liens d’amitié, de fraternité et de solidarité entre nos peuples. Par-dessus tout, nous devons conjuguer nos efforts à travers le partage d’expérience et dans une corrélation intelligente avec le pouvoir exécutif, pour bâtir de véritables institutions au service de l’intégration économique et de la libre circulation des biens et des personnes pour le bonheur de nos vaillantes populations.

Tous, autant que nous sommes, faisons avec détermination et engagement, de ce rendez-vous, le point de départ d’un élan conjugué qui placera désormais nos différents hémicycles en première ligne du combat pour la paix, la cohésion, le progrès, le prospérité, l’intégrité de nos États et l’épanouissement de nos populations.

C’est sur ces notes d’espérance et pleins de foi en un lendemain meilleur, que je voudrais souhaiter un plein succès à nos assises.

 

Vive la coopération interparlementaire !

Vive l’amitié des peuples africains.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

 

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