Des djihadistes venus du Burkina Faso et du Niger ont fait une vingtaine d’incursions au Bénin par le nord depuis 2021. A l’instar des autres pays du golfe de Guinée, le Bénin fait face à de réelles menaces terroristes. Face à cette situation préoccupante, le président de la République du Bénin, Patrice Talon, qui fait de la quête sécuritaire, un enjeu important de sa gouvernance, a établi des relations bilatérales approfondies entre le Bénin et le Rwanda.
Entre les présidents Patrice Talon et Paul Kagamé, il s’est progressivement dessiné des relations amicales et fraternelles qui permettent au Rwanda d’apporter son expertise au Bénin et vice versa, dans plusieurs domaines de coopération.
Au plan sécuritaire, le Bénin va bénéficier de l’expérience du Rwanda. Le président Patrice Talon l’a affirmé haut face à la presse, lors de la visite officielle du président rwandais, Paul Kagamé, au Bénin, les 15 et 16 avril 2023. « L’armée rwandaise a de l’expérience et est aguerrie.
Elle est intervenue sur plusieurs théâtres d’opération», a soutenu le président béninois pour justifier la coopération militaire et sécuritaire avec Kigali. « Nous irons le plus loin possible si c’est nécessaire. Le Bénin est confronté à l’insécurité qui descend du Sahel et la menace est réelle au nord du Bénin », a-t-il précisé. Et d’ajouter que cette coopération militaire portera sur « l’encadrement, le coaching, la formation et le déploiement conjoint des troupes ».
Avec un engagement ferme, le président rwandais a rétorqué que son pays se tient aux côtés de son ami, le Bénin. « Nous sommes prêts à travailler avec le Bénin pour prévenir tout ce qui peut se produire dans la zone autour de ses frontières. Il n’y aura pas de limite dans ce qui sera accompli ensemble pour les défis sécuritaires qui s’imposent », a soutenu Kagamé.
« Le terrorisme est bel et bien là et fait des ravages dans les quatre coins de l’Afrique. Ce n’est pas moi seulement et le président Talon qui le voyons, c’est tout le monde. C’est pourquoi une collaboration sécuritaire est nécessaire pour mater ces terroristes présents dans différentes régions africaines (…) Nous avons des forces de maintien de la sécurité en République Centrafricaine, au Sud Soudan et au Mozambique. Cela s’ajoute à notre histoire et nous oblige à renforcer nos capacités en matière de sécurité et nous sommes prêts à intervenir partout où nous sommes sollicités », a dit le président du Rwanda.
A noter qu’en 2022, le chef d’Etat-major général des Forces armées béninoises, le général de brigade Ahodegnon Gbaguidi , avait effectué une visite de travail au Rwanda pour discuter de la coopération militaire entre les deux pays. Les Forces rwandaises de défense (RDF) disposent d’une riche expérience dans la guerre conventionnelle, la guérilla et la lutte anti-terroriste. Par ailleurs, les services de renseignement du Rwanda figurent parmi les meilleurs du continent. Ce qui lui confère beaucoup de capacités de faire face au terrorisme.
Les excellentes relations diplomatiques entre le Bénin et le Rwanda se traduisent aussi par la coopération dans d’autres secteurs, en plus de la sécurité. Les deux pays nations sont liées par plusieurs accords de coopération dans l’agriculture, le numérique, la gouvernance locale, le développement durable, l’industrie, le tourisme, la promotion des investissements etc.
Les relations bénino-rwandaises ont connu une étape importante de leur renforcement par la signature, le 31 août 2016, d’un accord-cadre de coopération bilatérale visant l’intensification des échanges entre les deux pays dans plusieurs domaines dont celui du transport aérien. Un accord relatif au transport avait été signé le 23 mars 2016 consacrant l’exploitation de la liaison Kigali-Cotonou par la compagnie aérienne RwandAir.
A la faveur de cet accord de coopération, les deux pays ont admis de constituer une compagnie aérienne transnationale de droit béninois ayant son siège au Bénin. La concrétisation future de ce projet et la bonne santé des relations de coopération entre le Bénin et le Rwanda dans les divers domaines d’activités achèveront de convaincre les observateurs sur la justesse de l’option prise par les présidents Talon et Kagamé en ayant foi dans les relations sud-sud. Ces deux chefs d’Etat méritent donc de faire des émules sur le continent.
Didier Depry
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