Côte d’Ivoire / Décrispation sociopolitique : Pourquoi le général Dogbo Blé n’a pas bénéficié de la grâce présidentielle

A la faveur de la célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président de la République Alassane Ouattara a pris des décisions allant dans le sens de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Au nombre de ces décisions figure la grâce présidentielle qu’il a consentie au profit de son prédécesseur, l’ancien président Laurent Gbagbo, dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO » ainsi que du contre-amiral Vagba Faussignaux, ancien patron de la Marine nationale, et de l’officier de gendarmerie, le commandant Jean-Noël Abéhi , tous deux prisonniers de la crise post-électorale de 2010-2011.Ni le général Brunot Dogbo Blé ni le commandant de gendarmerie, Anselme Séka Yapi dit Séka Séka et bien d’autres éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) encore détenus n’ont bénéficié de cette grâce présidentielle.

« Le président Ouattara va à son rythme pour la libération de tous les prisonniers de la crise post-électorale de 2010-2011. Un fait est sûr, il fera aboutir le processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale qu’il a déclenché avec succès depuis quelques années. Il faut que les Ivoiriens lui fassent confiance et que les uns et les autres soient patients ». Ces propos sont d’un cadre du RHDP, membre des instances du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire. Il nous a confié, à l’instar d’autres cadres du PDCI-RDA et du PPA-CI, les partis de Bédié et Gbagbo, que la question de la libération des prisonniers de la crise post-électorale de 2010-2011 a été l’un des sujets des échanges entre le chef de l’Etat Alassane Ouattara et ses deux prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo lors de leur rencontre tripartite au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, le 14 juillet 2022. Laurent Gbagbo a fait part à Alassane Ouattara son souhait de voir Vagba Faussignaux,  Brunot Dogbo Blé et tous les autres prisonniers recouvrer la liberté au « nom de la réconciliation » d’autant que lui, Gbagbo, est rentré et a été accueilli dans « un esprit de fraternité ». Le président Ouattara aurait approuvé la demande de son prédécesseur et promis de voir ce qu’il faut faire.

Cependant selon nos sources, sur la question de la libération du général Brunot Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine et ancien chef d’Etat-major adjoint des armées sous le régime Gbagbo, des conditions auraient surgi au cours des échanges. Il s’agit principalement de la mise en résidence surveillée du général Dogbo Blé, dans son village ou à Abidjan, dès sa libération de son lieu de détention actuel suite à une grâce présidentielle. Ainsi que sa mise à la retraite anticipée dès après cette libération. Le principe de la libération du général Dogbo Blé a été acquis lors de cette rencontre des trois « grands », le 14 juillet 2022. Mais c’est au président Alassane Ouattara, chef de l’Etat, que revient le dernier mot et la décision finale relativement aux conditions de cette libération. Dans les tout prochains mois assurément le président de la République Alassane Ouattara qui « œuvre inlassablement pour une Côte d’Ivoire réconciliée et de paix prendra d’autres décisions comme celles du 6 août 2022 », a soutenu ce cadre du RHDP.

A noter que l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, président-fondateur d’un nouveau parti politique dénommé PPA-CI, depuis sa démission du FPI, convoque ses collaborateurs, les membres du Conseil stratégique et politique (CSP) à une réunion, ce lundi 8 août 2022. Une rencontre, selon le communiqué signé de l’ex-ministre Assoa Adou, qui sera élargie à la présidente du Comité de contrôle, au président exécutif du PPA-CI, au secrétaire général du PPA-CI, au président du Conseil politique permanent, au président de l’école du parti, au président du Conseil de discipline et à six responsables des commissions permanents du PPA-CI. Cette rencontre qui se tiendra 48h après les décisions prises par le chef de l’Etat sera sans doute l’occasion pour Gbagbo et ses hommes de réfléchir à la nouvelle main tendue d’Alassane Ouattara.

Arrêté le 15 avril 2011, quatre jours après la chute de Laurent Gbagbo, le général  Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine et ancien chef d’Etat-major adjoint des armées, poursuivi par la justice pour « enlèvement, séquestration et assassinats pourtant sur quatre expatriés » durant la crise post-électorale, a été condamné en 2017 aux assises à 18 ans de prison ferme.

Didier Depry

 

 

 

 

 

 

 

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