Côte d’Ivoire / Voyage au Mali et emprisonnement à la MACA de Pulchérie Gbalet : Vérité et charivaris autour d’une affaire

Dans un communiqué daté du vendredi 26 août 2022, le procureur de la République près le Tribunal d’Abidjan-Plateau, Richard Adou, a informé l’opinion publique nationale et internationale de l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de Pulchérie Gbalet, activiste de la société civile ivoirienne, et son interpellation. Pulchérie Gbalet est donc détenue à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), en attendant la suite de l’action judiciaire la concernant. Cette situation a suscité des réactions au sein de la classe politique notamment de l’opposition. Certains acteurs tels que Pascal Affi  N’Guessan du FPI ont estimé que Pulchérie Gbalet a eu peu d’égard pour son pays, la Côte d’Ivoire, dans un dossier très sensible comme celui des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le dimanche 10 août 2022.

D’autres acteurs, à l’instar de Michel Gbagbo du PPA-CI (parti politique présidé par Laurent Gbagbo), soutiennent que «cette autre arrestation est déplorable et hautement regrettable pour la consolidation de la paix et la cohésion sociale ». Même son de cloche pour Gervais Boga Sako de l’ONG FIDHOP qui « demande la libération immédiate de l’activiste des droits civiques ».

D’autres acteurs politiques encore, à l’image de Danièle Boni Claverie de l’URD, implorent l’indulgence du gouvernement face à l’attitude de Pulchérie Gbalet. «Nous l’avons dit, la chose militaire relève, certes, d’un domaine sensible qui demande réserve et prudence mais les actions menées par Mme Gbalet s’inscrivent essentiellement dans un cadre de bonne volonté afin d’apporter sa pierre à la libération de nos soldats », précise Danièle Boni Claverie.

Nous vous livrons ci-dessous le communiqué du procureur Adou Richard ainsi que les déclarations de Michel Gbagbo (PPA-CI) , Danièle Boni-Claverie (URD) et  Gervais Boga Sako (FIDHOP).

Didier Depry

 

Les déclarations du procureur Adou Richard, de Michel Gbao, de Danièle Boni-Claverie et de Gervais Boga Sako

 

 

Depuis le 19 août 2020, Dame Pulchérie Edith Gbalet, se disant membre de la société civile, est poursuivie pour des faits d’atteinte à l’ordre public, participation à un mouvement insurrectionnel, atteinte à l’autorité de l’État, destruction volontaire de biens publics et provocation à un attroupement, suite à son mot d’ordre de désobéissance civile.

En dépit de l’extrême gravité de ces faits, elle a bénéficié, le 28 avril 2021, d’une mise en liberté provisoire et a été placée sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur.

Le 27 juillet 2022, Dame Pulchérie Gbalet s’est rendue au Mali, où elle a rencontré certaines personnalités. À son retour en Côte d’Ivoire, le 03 août 2022, elle a été interrogée par les agents enquêteurs sur les motifs de son voyage. Elle a gardé le silence devant toutes les questions qui lui ont été posées. Dame Pulchérie Gbalet était, par la suite, remise en liberté.

Quelques jours plus tard, elle se lançait dans une véritable campagne de dénigrement de l’action du Président de la République et du Gouvernement dans la gestion de la crise liée à la rétention de 49 de nos militaires au Mali.

Elle dénonçait, en outre, une prétendue escalade de la violence à l’endroit des populations maliennes vivant en Côte d’Ivoire.

Dans une vidéo en date du 16 août 2022, diffusée sur le réseau social Facebook, elle déclarait que

-l’État de Côte d’Ivoire n’empruntait pas la bonne voie pour faire libérer les 49 soldats, mais choisissait plutôt «la voie de la violence verbale, autorisait en outre des manifestations qui visent à agresser des maliens».

– L’État de Côte d’Ivoire aurait d’autres intérêts inavoués en encourageant l’escalade de la violence.

-L’opinion publique était instrumentalisée en faisant croire que le Mali avait tort etc.

Toujours dans le cadre de son activisme visant à jeter le discrédit sur les institutions de la République, Dame Pulchérie Gbalet a rencontré certains parents de soldats retenus au Mali en vue de les inciter à désavouer l’action gouvernementale. Elle a fait savoir que ses mandants et elle étaient à même de faire libérer ces 49 soldats.

Les faits susmentionnés, dont la gravité n’est pas à démontrer, tombent sous le coup des articles 155, 179 et 183 du code pénal sous les chefs d’entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d’Ivoire, de manœuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l’ordre public  et de diffusion de nouvelles fausses de nature à entrainer une atteinte au moral de la population.

Dame Pulchérie Gbalet a, en conséquence, été interpellée et déférée à mon Parquet. Une information judiciaire a été ouverte à son encontre et suit son cours.

C’est le lieu pour le Procureur de la République de rappeler aux uns et aux autres que les libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association, ainsi que le droit de participer aux affaires publiques doivent s’exercer dans le strict respect des lois.

Enfin, le Procureur de la République met en garde toutes les personnes qui, sous le couvert de l’exercice de leur liberté d’expression ou d’action citoyenne, s’adonneraient à violer la loi pénale, notamment en mettant en danger la vie de nos concitoyens à l’étranger. Il tient à indiquer qu’elles seront interpellées et qu’elles subiront la rigueur de la loi.

 

Fait à Abidjan, le 26 Août 2022

 

Procureur de la République

Adou Richard

 

 

 

L’Urd a appris avec consternation l’arrestation, le 23 août 2022 de Pulchérie Gbalet, Présidente de l‘Aci. Agissant dans le cadre des activités de la société civile, la Présidente de l’Aci a voulu apporter sa contribution pour un dénouement rapide et pacifique à la situation de nos 49 soldats incarcérés au Mali.

 

Dans l’action de son combat, si sa démarche et son style particulier, faits de franc-parler et de combativité ont quelque peu contrarié le gouvernement, l’Union Républicaine pour la Démocratie, l’Urd, requiert l’indulgence de nos gouvernants et en particulier celle du Président de la République afin de libérer Pulchérie Gbalet.

 

Nous l’avons dit, la chose militaire relève, certes,  d’un domaine sensible qui demande réserve et prudence mais les actions menées par Mme Gbalet s’inscrivent essentiellement dans un cadre de bonne volonté afin d’apporter sa pierre à la libération de nos soldats.

 

Aussi, l’Urd réitère-t-elle sa requête de voir s’unir toutes les entités vives de la Nation à l’effet de fédérer nos forces et nos prières autour du Président de la République, Chef suprême des Armées pour que nos fils retrouvent le chemin de la maison et que ce différend entre le Mali et la Côte d’Ivoire cesse de prendre une dimension inquiétante.

 

Danièle Boni-Claverie

Présidente de l’URD

 

 

 

Ce mercredi 24 août 2022, Mme Pulchérie Gbalet, Présidente de l’organisation Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI) et membre de la société civile, a été appréhendée et placée sous mandat de dépôt. Elle est en ce moment incarcérée à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA).

Cette nième arrestation pourrait fragiliser le tissu social et la réconciliation nationale.

J’interviens pour interpeler le gouvernement ivoirien sur la nécessité d’une bonne gestion de cette arrestation et au-delà, pour la libération de Madame Pulchérie Gbalet.

Considérée par Amnesty Internationale comme détenue d’opinion, en août 2020, Mme Pulchérie Gbalet a bénéficié d’une liberté conditionnelle le 28 avril 2022. Ce mercredi 24 août 2022, elle vient d’être arrêtée pour « entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation diplomatique de la Côte d’Ivoire, diffusion de fausses nouvelles de nature à porter atteinte au moral des populations et atteinte à l’ordre public ».

Cette autre arrestation est déplorable et hautement regrettable pour la consolidation de la paix et la cohésion sociale. En effet, c’est au prix de la réconciliation nationale que sa libération fera partie des dynamiques entreprises par les autorités politiques et judiciaires de notre pays. Au nom de ce processus de réconciliation, des actions politiques et sociales concertées devraient être menées en vue d’éviter celles pouvant fragiliser cette cohésion sociale tant souhaitée.

Par ailleurs, selon les avocats de Mme Pulchérie Gbalet, elle a été appréhendée dans des conditions aux « antipodes des règles de procédures pénales » avant d’être inculpée, puis conduite à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. Selon des journalistes, son domicile aurait subi une perquisition sans mandat.

Cette situation qui jette un doute évident sur la partialité des procédures entamées, permet d’espérer que le Parquet révisera sa position et autorisera la libération de l’inculpée sans délai. Car « lorsque les haines ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses » (Denis Diderot).

N’oublions pas qu’une rubrique de notre histoire renseigne que de nombreux membres de l’opposition et de la société civile, croupissent dans les geôles du pays pour « trouble à l’ordre public et atteinte à la sûreté de l’état ».

J’invite le gouvernement dont les membres, eux aussi, auront un jour besoin de cette société civile, à scruter cette situation.

J’appelle enfin Monsieur le Garde des sceaux, Ministre de la Justice à s’inscrire pleinement dans le processus de réconciliation en jouant la carte de l’apaisement dans cette affaire qui va au-delà de nos frontières.

 

Fait à Abidjan le 25 août 2022

 

Michel Koudou Gbagbo 

Député de la Nation

 

 

La FIDHOP a appris avec stupéfaction l’arrestation et le déferrement à la MACA, encore une fois, de la Présidente de l’ACI, Pulchérie Edith GBALET, le mardi 23 Août 2022. La FIDHOP ne peut dès lors s’empêcher d’élever la voix devant cette nième tracasserie contre les acteurs de la Société civile, Défenseurs des Droits de l’Homme et de rappeler aux Autorités leurs obligations de respecter la LOI.

EN EFFET, Depuis son accession à l’Indépendance en 1960, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est toujours défini comme un ETAT DE DROIT ; Mieux, dans le Préambule de la Constitution ivoirienne du 8 Novembre 2016, il est dit :

« Nous, Peuple de Côte d’Ivoire ; Réaffirmons notre détermination à bâtir un État de droit dans lequel les droits de l’Homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine, la justice et la bonne gouvernance tels que définis dans les instruments juridiques internationaux auxquels la Côte d’Ivoire est partie, notamment la Charte des Nations unies de 1945, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples de 1981 et ses protocoles additionnels, l ‘Acte constitutif de l’Union africaine de 2001, sont promus, protégés et garantis ».

En outre, en 2014 fut votée la LOI N° 2014-388 DU 20 JUIN 2014 PORTANT PROMOTION ET PROTECTION DES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME ; qui a été promulguée par l’actuel Président de la République Alassane OUATTARA lui-même ! A l’Article 5 de cette Loi, il est écrit : « Les défenseurs des Droits de l’Homme ne peuvent être poursuivis, recherchés, arrêtés, détenus ou jugés à l’occasion des opinions émises et des rapports publiés dans l’exercice de leurs activités. »

AINSI ; Se fondant sur la Constitution et sur la Loi n°2014-388 du 20 Juin 2014 ;  Considérant que Pulchérie Edith GBALET est une activiste citoyenne défendant les libertés et doits civiques des populations et qu’elle n’a agit que dans le cadre de ses activités de Présidente de l’ACI ; La FIDHOP exige des Autorités ivoiriennes qu’elles respectent la Constitution et la Loi protégeant les Défenseurs des Droits de l’Homme ; La FIDHOP demande par conséquent la libération immédiate de Pulchérie E. GBALET !

Fait à Abidjan, le 24 Août 2022

 

Dr Boga Sako Gervais

Président-Fondateur de la FIDHOP

 

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