Le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui a pris une part active, le jeudi 10 août 2023, au deuxième sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sur la situation politique au Niger, à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, a fait une importante déclaration à son retour à Abidjan, capitale ivoirienne.
Il a officiellement annoncé que la Côte d’Ivoire « fournira un bataillon » pour participer à l’intervention militaire décidée par la CEDEAO pour « rétablir l’ordre constitutionnel au Niger » où des militaires conduits par le général Tchiani, ancien commandant de la garde présidentielle, se sont emparé du pouvoir en renversant le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Qu’ils détiennent au demeurant comme otage avec son épouse et son fils.
« Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont décidé d’activer la force en attente et de déployer cette force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Les chefs d’Etat ont marqué un accord pour un déploiement des troupes d’un certain nombre de pays dont la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire fournira un bataillon et a pris toutes les dispositions financières pour l’opération si elle doit durer trois mois », a soutenu le président Ouattara lors de ce point-presse.
Des propos qui traduisent la détermination de la Côte d’Ivoire, l’un des pays locomotives de la CEDEAO, d’apporter sa contribution à la sauvegarde de la démocratie et de l’accession au pouvoir par les urnes qui se trouvent mises à mal dans la sous-région ouest africaine, depuis quelques années.
Cette déclaration du président ivoirien n’est pas du goût des partisans des putschistes nigériens. Dans un message irrévérencieux, injurieux et au vitriol qu’il a diffusé, le jeudi 10 août 2023, sur Tweeter, l’activiste et « panafricaniste » franco-béninois Kemi Seba a attaqué le président Alassane Ouattara et le président béninois Patrice Talon. « Petit traitre d’Alassane Ouattara. Ton armée risque, tanttu es détesté, de te déloger avant même que tu ne puisses toucher aux vaillants militaires du Niger. Tu es bien placé pour savoir que celui qui est venu par les armes, partira par les armes. Seigneur de guerre que tu es.
Nul n’oublie que tu as été installé par l’armée néocoloniale française. Tu es le premier saigneur de ton peuple. Quant à la trahison de Patrice Talon vis-à-vis du principe de souveraineté (un principe si cher à la terre de Behanzin) , l’histoire te jugera. Nous n’oublierons jamais ta forfaiture qui vise à servir l’agenda impérialiste de la France et des Etats-Unis au Niger. Compte sur nous. Nous sommes une nouvelle génération. Et nous n’allons jamais accepter votre adhésion à la néo-colonisation de nos populations ». Un tweet inadmissible qu’a écrit cet activiste qui fait l’apologie des coups d’Etat et la déstabilisation des présidents africains élus qu’il ne soutient pas.
Après le Mali, la Guinée-Conakry et le Burkina Faso, c’est au Niger que les militaires ont abandonné, en juillet dernier, leurs casernes et le théâtre des opérations face aux terroristes qui menacent leur pays pour investir le palais présidentiel pour interrompre l’ordre constitutionnel au motif que le président élu ne travaillerait pas selon leur vision.
Restée inactive, hormis les sanctions économiques, face aux militaires maliens, guinéens et burkinabé, la CEDEAO voudrait maintenant agir énergiquement au Niger afin d’éviter l’effet domino en Afrique de l’ouest. Quand on voit la situation de tension politique qui prévaut au Sénégal, on pourrait aisément comprendre le bien-fondé de l’action de force qu’envisage la communauté des Etats ouest africain au Niger. En plus de la force militaire, la CEDEAO continue de mener des négociations afin de normaliser la situation au Niger par le dialogue.
Didier Depry
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