Discours musclé du Premier ministre par intérim du Mali devant l’ONU : Depuis Bamako, un analyste politique révèle le vrai enjeu

« Assemblée générale de l’ONU / Le discours de succession prononcé par le PMI, Abdoulaye Maiga : La page Chogel Maiga pourrait-elle être définitivement tournée ? ». Tel est l’intitulé du texte ci-dessous que nous a fait parvenir un analyste politique vivant au Mali depuis plusieurs décennies et connaissant parfaitement le microcosme politique malien ainsi que les enjeux passés et présents. Il révèle ici l’enjeu majeur du discours enflammé prononcé, le samedi 24 septembre 2022, à la tribune de l’ONU  par le Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maiga.

 

Le Premier ministre par intérim, Son Excellence, Monsieur Abdoulaye Maiga, a fait son baptême du feu à la tribune des Nations Unies, le samedi 24 septembre 2022, lors de la 77ème Assemblée générale. Oui, c’était la toute première grande rencontre officielle, en sa qualité de Premier Ministre par intérim, du grand orateur Choguel Kokalla Maiga, admis à un repos forcé.

L’enjeu était vraiment de taille, même si beaucoup de personnes n’ont pas fait attention à l’idée centrale du discours. Le PMI pourrait-il réellement succéder à Choguel Kokalla Maiga ? Tel était le véritable enjeu. En effet, le monde entier avait été séduit par le Premier ministre de la rectification de la transition, à la même tribune des Nations Unies en 2021.

Très stratège, le Dr Choguel Maiga avait cloué au pilori les militaires qui avaient renversé le régime légal d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), en les qualifiant de tous les maux. Pire, il avait engagé une plainte contre la transition. Ladite plainte n’aurait pas encore été retirée. Entre temps, les militaires qui avaient désormais l’entièreté du pouvoir, tentaient de se justifier face à la CEDEAO, l’UA et la communauté internationale, pour avoir renversé Ba N’Daw, alors président de la transition malienne.

Une fois nommé Premier ministre, Choguel Maiga avait choisi la stratégie des polémiques et des affrontements à l’international pour faire taire toutes contestations et remous sociaux au niveau national dont les grèves des enseignants, des médecins, de l’UNTM et autres.Il engagea les hostilités avec la CEDEAO, la France et la MINUSMA.

Ainsi, à la tribune des Nations Unies en 2021, il lança la fameuse phrase contenant la formule suivante : « ABANDON EN PLEIN VOL ».Tous les médias en avaient fait écho. C’était le vrai déclic du combat pour un Mali souverain.

Choguel Maiga venait ainsi de toucher à l’orgueil et à la dignité de son peuple qu’il connait parfaitement. Le sursaut patriotique et nationaliste a donné lieu au soutien spontané de la population.

 

Devenu très célèbre, il a éclipsé Issa kaou Jim, Mamoud Dicko et ses compagnons du mouvement M5-RFP. Il donna également la mauvaise image des partis politiques de la mouvance démocratique ayant renversé le régime de Moussa Traoré. La population a vomi, sans hésiter, les politiques.

Malheureusement, Choguel Maiga perdra son combat de la politique politicienne face au CNT lors du projet de loi électorale.Mais, jusqu’à ce qu’il soit admis à un repos forcé, le Premier ministre Choguel Maiga maîtrisait le jeu de la transition. Et il était aussi très aimé dans l’opinion publique et surtout à l’échelle internationale.

Alors pourrait-il être facilement remplacé ?

Il convient de noter que sa succession a eu la forte approbation de toute la classe politique. Son intérimaire a été salué et félicité. Et surtout des vœux de plein succès ont été formés. D’ailleurs, le grand silence autour du repos forcé du Premier ministre Choguel Maiga en dit long.

Et comme si l’histoire devait se répéter, son intérimaire Abdoulaye Maiga est à la tribune des Nations Unies.

Mais quelle posture tenir pour mériter la vraie succession ?

Quel discours pour égaler ou surclasser ?

L’enjeu était là ! Succéder valablement à Choguel Maiga !

Tout le Mali attendait donc ce discours. Mais surtout, les partisans de Choguel étaient prêts à rebondir pour le décryptage.

Et pour penser faire mieux, le Premier ministre par intérim a préféré blesser toutes les cibles. En vrai officier supérieur, il a tiré sur tous sans rater.Chacune des cibles a eu sa dose. Nulle n’a été épargnée. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la France désormais mercenaire. Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qualifié de dribbleur. Quant au président du Niger, Mohamed Bazoum, il a été traité d’étranger.

Ce discours a-t-il convaincu au point de faire oublier Choguel Maiga ?

Pour l’heure, les avis sont partagés. Et il n’est pas évident que cela fasse oublier celui de Choguel Maiga. En interne, l’opinion n’est pas unanime, surtout que beaucoup ont été négativement touchés.

 

Monoko Toaly

Expert International en Communication et Marketing Politique

Analyste politique résidant à Bamako (Mali)

 

 

 

NB : La titraille est de « Le Monde Actuel »

 

Photos : Accueil triomphal du Premier ministre par intérim du

Mali, Abdoulaye Maiga, à son arrivée à Bamako,  le mardi 27 septembre 2022.

 

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