Education nationale : Comment des enseignants désertent l’enseignement

Le Premier ministre Patrick Achi a dénoncé, il y a quelques mois, la présence de certains travailleurs dans des ministères autres que leur tutelle. Il avait, à cet effet, exigé que ces fonctionnaires retournent dans leur ministère d’origine, d’autant plus qu’ils étaient, pour la plupart, payés à ne rien faire. Malheureusement, l’exode interministériel continue et bat son plein au niveau du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation.

De nombreux enseignants, notamment les professeurs de collège, grade A3, désertent aujourd’hui leur ministère, via l’Ecole normale supérieure (ENS). Selon des sources proches des personnels enseignants, ils passent le concours des Inspecteurs d’orientation (IO) ou des Inspecteurs pédagogiques (IP), puis font une formation de deux ans à l’ENS. A leur sortie, a-t-on appris, nombreux sont ceux qui ne retournent plus dans les lycées et collèges. Les ministères prisés sont ceux des Transports, de l’Economie et des Finances, de l’Emploi et de la Protection sociale, de la Famille et de l’Enfant, etc. Du coup, ce concours pose deux problèmes.

D’abord, il crée un déficit d’enseignants dans les lycées et collèges. Ensuite, il ne résout pas totalement le déficit d’inspecteur d’orientation dans les établissements secondaires, puisque beaucoup d’entre eux se font affecter dans d’autres ministères. Au niveau de l’enseignement primaire, des instituteurs, dit-on, passent le concours des éducateurs et entrent à l’ENS. Selon nos sources, certains d’entre eux changent également de ministère à leur sortie, au lieu de servir comme éducateurs dans les lycées et collèges.

Mais, qu’est-ce qui fait « fuir » les enseignants vers d’autres cieux ? Réponse d’un ex-professeur, aujourd’hui en service au ministère de la Fonction publique : « C’est les primes. Il n’y a pas de primes au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation. Aucune motivation pour les personnels. Les frais de missions et les indemnités des Encadreurs pédagogiques sont dérisoires. Il y a même des encadreurs pédagogiques qui n’ont toujours pas d’indemnités depuis 2008 pour certains et 2014 pour d’autres. Ailleurs, les autres travailleurs ont des indemnités ou des primes trimestrielles élevées. C’est ce qui explique cet exode interministériel. Il faut que le MENA revoie les indemnités de correction et celles des encadreurs pédagogiques à la hausse, qu’il institue des journées d’excellence dans les 36 DRENA au cours desquelles les personnels de l’éducation seront primés. Il faut motiver les personnels. »

 

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