Qu’est-ce qui explique la défaite de George Weah à la présidentielle de novembre 2023 que ne comprendraient pas les admirateurs du célèbre footballeur qui a eu une carrière excellente et époustouflante ? En effet, le footballeur George Weah, grand renard des surfaces, a été totalement différent de l’homme politique George Weah qui a dirigé le Liberia pendant un quinquennat, de 2018 à 2023. Le bilan de la gouvernance de George Weah, qui avait suscité beaucoup d’espoir au sein de la population libérienne et surtout de la jeunesse, s’est avéré désastreux.
Sa défaite à l’élection présidentielle de 2023 n’est donc pas une surprise ; elle était même prévisible. Les promesses qu’il a faites à la population avant son élection, pendant qu’il était le farouche opposant de la présidente d’alors Ellen Johnson Sirleaf, ont été oubliées lorsqu’il a été élu et qu’il a présidé aux destinées du pays.
L’église évangélique dont George Weah était l’un des fidèles importants n’a pas porté de gants, à l’instar des autres congrégations, pour fustiger sa gouvernance et dire haut l’espoir déçu qu’il a incarné. « (…), nous avons élu un gouvernement dans l’espoir que nos vies seraient transformées sur le plan économique. Mais le plus souvent, ce que nous entendons, c’est le côté négatif de la gouvernance, les défis économiques… la corruption, les abus de pouvoir, les fraudes, le gaspillage », a déploré, en janvier 2019, sur une radio privée dénommée Prime FM, un responsable du Conseil des églises du Liberia.
Quant aux jeunes, étudiants et aux sans-emplois, ils se sont montrés, en 2019, 2021 et 2022, fort critiques relativement à la gouvernance de George Weah en affirmant ouvertement que l’ancien célèbre footballeur les avait trahis. L’opposition, tout comme la société civile et la population, dénonçait la pauvreté galopante et restée sans solutions de la part du gouvernement Weah. « Le peuple a faim. Une économie peu performante n’est pas un bon signe pour la paix et la sécurité ; quand les gens ont faim, ils sont très certainement en colère ; le Liberia est en colère parce que son peuple a faim », a affirmé le Parti de l’unification du peuple, une formation de l’opposition:
Elu président de la République du Liberia en 2017 et investi, le 22 janvier 2018, le célèbre footballeur et unique Africain Ballon d’Or, George Weah, devenu homme politique en guise de reconversion, ne briguera pas un second mandat présidentiel. Il a été battu à l’occasion de l’élection présidentielle dont le deuxième tour s’est tenu, le mardi 14 novembre 2023.
En démocrate, somme toute, et pour assurément éviter un nouveau conflit armé à son pays qui sort de plusieurs années de guerre civile, il a reconnu sa défaite avant la proclamation officielle en adressant, dans la soirée du vendredi 17 novembre, ses félicitations publiques à son adversaire et vainqueur du scrutin, l’opposant Joseph Boakai.
« Ce soir, le CDC (le parti de George Weah) a perdu l’élection mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la victoire », a affirmé George Weah, dans un discours sur la radio publique. « Les résultats annoncés ce soir, bien que non finaux, indiquent que Boakai a une avance que nous ne pouvons rattraper. J’ai parlé au président élu Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire », a précisé M. Weah. Les résultats publiés, vendredi, par la commission électorale, après des votes dans plus de 99% des bureaux donnaient 50,89% à Joseph Boakai et 49,11% à
George Weah. Joseph Boakai bénéficiait d’un peu plus de 28 000 voix d’avance après que quelque 1,6 million de bulletins ont été dépouillés. Environ 2,4 millions de Libériens étaient appelés aux urnes, mardi, et la participation a dépassé les 65% selon les chiffres publiés par la commission électorale. Agé de 78 ans, l’opposant Joseph Boakai, vainqueur de l’élection présidentielle et successeur de George Weah, a été le vice-président de la République sous la présidente Ellen Johnson Sirleaf.
Didier Depry
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