Donald Trump a assuré samedi qu’il allait être « arrêté » mardi et a appelé à des
manifestations, avant une possible inculpation concernant une affaire de paiement
juste avant la présidentielle de 2016, pour acheter le silence d’une actrice
pornographique avec laquelle il aurait eu une liaison.
« Le candidat du parti républicain » à la primaire pour la présidentielle de 2024 « et
ancien président des Etats-Unis d’Amérique va être arrêté mardi de la semaine
prochaine », a lancé Donald Trump sur son réseau social Truth Social en lettres
majuscules, comme il en est coutumier.
« Manifestez, reprenez notre nation! », a ajouté M. Trump, dans un message dont la
tonalité rappelle ceux publiés avant l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole
américain, qu’il est accusé d’avoir incité.
L’inculpation d’un ancien président américain serait inédite aux Etats-Unis.
Même si elle n’empêcherait pas Donald Trump de rester candidat à la présidence,
le caractère explosif d’une telle décision judiciaire pourrait avoir des
conséquences incertaines sur la campagne — en le mettant en difficulté face à ses
rivaux républicains, ou au contraire en stimulant sa base.
Sollicitée par l’AFP, l’une des avocates de Donald Trump, Susan Necheles, a
répondu que son client avait décidé de s’exprimer « sur la base d’informations de
presse » publiées depuis quelques jours sur une possible inculpation la semaine
prochaine.
« Comme il s’agit d’une poursuite politique, le bureau du procureur du district (de
Manhattan, ndlr) a recours à des fuites à la presse plutôt que de communiquer
avec les avocats du président Trump comme cela devrait être le cas
normalement », a dénoncé Mme Necheles.
Les rumeurs sur une éventuelle inculpation au pénal se sont multipliées depuis
que M. Trump a été invité à témoigner devant un grand jury — un panel de
citoyens doté de larges pouvoirs d’enquête et chargé d’entériner une mise en
examen. Un signe possible de la volonté du parquet de poursuivre l’ancien
président dans l’affaire dite « Stormy Daniels ».
En cause, 130.000 dollars versés à cette actrice et réalisatrice de films
pornographiques, Stephanie Clifford de son vrai nom, pour — accuse la justice
new-yorkaise — acheter son silence et ainsi ne pas porter préjudice au candidat
Trump lors de la présidentielle de novembre 2016, finalement remportée par le
milliardaire républicain contre Hillary Clinton.
Le versement de cette somme, en soi légal, pose problème car le parquet de New
York considère qu’il s’agit d’un don dissimulé à la campagne du président, en
violation des lois de financement électoral.
Quelques heures après sa première publication samedi, Donald Trump a
renouvelé son appel: « Il faut sauver l’Amérique, manifestez, manifestez,
manifestez!!! »
Ces messages font écho à celui qu’il avait lancé fin 2020, convaincu qu’il s’était
fait « voler » l’élection face à Joe Biden, pour que ses partisans manifestent à
Washington le 6 janvier 2021, prélude à leur assaut contre le Capitole américain,
siège du pouvoir législatif, qui avait choqué l’Amérique et le monde.
Banni de Twitter et d’autres grands réseaux sociaux dans la foulée de ce qui avait
été perçu comme une incitation à la violence, il a récemment été réintégré au
réseau à l’oiseau bleu, ainsi qu’à Youtube et Facebook.
« L’annonce de l’ancien président ce matin est dangereuse », a taclé la démocrate
Nancy Pelosi, qui présidait la Chambre des représentants au moment de l’attaque
contre le Capitole. Elle l’a accusé de vouloir « continuer à faire les gros titres et
provoquer ses partisans ».
Donald Trump, qui tiendra un meeting samedi prochain à Waco, au Texas, a
qualifié sur Truth Social les services du procureur de Manhattan, le démocrate
Alvin Bragg, de « corrompus et très politiques ».
Et le président républicain de la Chambre, Kevin McCarthy, a dénoncé sur Twitter
un « abus de pouvoir scandaleux par un procureur de district extrémiste qui laisse
courir des criminels violents tout en voulant assouvir une vengeance politique
contre le président Trump ».
Visé dans plusieurs affaires judiciaires, l’ancien président républicain (2017-2021)
n’a encore jamais été inculpé. C’est son ancien avocat personnel Michael Cohen,
devenu l’un de ses pires ennemis, qui s’était chargé d’effectuer le versement des
130.000 dollars à Mme Clifford pour qu’elle taise cette supposée relation de 2006
avec Donald Trump. Déjà condamné dans cette affaire, M. Cohen a témoigné au
moins à deux reprises devant le grand jury la semaine dernière.
Le milliardaire Elon Musk, qui a permis la réintégration de l’ancien président sur
Twitter, a quant à lui estimé samedi qu’en cas d’arrestation, « Trump sera(it) réélu
dans une victoire écrasante » en novembre 2024.
AFP
NB : La titraille est de « Le Monde Actuel »
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