Exclusif / Fadal Dey, artiste-reggae :  «Je n’aime pas la manipulation et je refuse d’être manipulé »

Dans cette interview exclusive qu’il a accordée au site indépendant d’informations générales « Le Monde Actuel », l’artiste-chanteur de reggae, Fadal Dey, l’une des figures du reggae ivoirien, lève le voile sur sa personne et sa filiation, les raisons de son choix pour le reggae, ses messages, sa carrière et son prochain album. Il parle également des relations des différents chefs d’Etat successifs à la tête de la Côte d’Ivoire avec les artistes-chanteurs ivoiriens.

 

Le Monde Actuel : Qui êtes-vous à l’état-civil et que signifie votre nom d’artiste Fadal Dey ?  

Fadal Dey : A l’état-civil, je me nomme Koné Ibrahima Kalilou. Je suis originaire d’Odienné, de par mon père et de Zuénoula, de par ma mère. Pour les besoins de mon métier, Fadal Dey est un pseudonyme  que je me suis donné. Ça signifie l’enfant qui demande pardon à son père (Fa dari den).  Et ce père, c’est DIEU. Je lui demande pardon chaque jour pour mes péchés car je ne suis qu’un être humain et je ne suis pas parfait. Fadal Dey est donc une prière.

Depuis quand êtes-vous artiste-chanteur et pourquoi le choix du reggae ?

De façon professionnelle, on dira depuis 1997, année de la sortie de mon premier album «Religion». J’ai d’abord aimé le reggae à travers des artistes tels que Bob Marley, Gregory Isaacs, U-Roy, I Jah Man, Sonny Okusun etc. Et Alpha Blondy est venu renforcer mon choix en ce qui concerne la pratique de cette musique. Je leur dis merci de nous avoir ouvert la voie. Ensuite, j’ai estimé que j’avais beaucoup de messages à faire passer et pour moi, la musique reggae est faite pour cela.

Dans quel style de reggae vous inscrivez-vous et pourquoi ?

Mon style de reggae s’appelle le Mandé Roots Culture qui signifie la racine des cultures mandé. C’est un reggae très original avec beaucoup de sonorités mandingue. Certes influencé par des dinosaures de cette musique mais je ne voulais pas faire comme eux. C’est pour cela que je me suis battu pour avoir mon propre style à moi, le Mandé Roots Culture.

Quelles sont vos sources d’inspiration et quels sont les messages que vous véhiculez dans vos chansons ?

Je m’inspire de tous les sujets de la vie. Aussi mes vécus m’inspirent beaucoup. Mais ma base d’inspiration, c’est l’AMOUR car j’estime que tout est amour. Dieu lui-même se suffisait en tant que Dieu mais s’il a décidé de créer l’homme, c’est juste par amour. Et l’être humain a besoin d’être sensibilisé  sur l’amour chaque jour que Dieu fait, certes dans les lieux de prière mais aussi à travers des chansons.

Lorsqu’on écoute vos chansons, votre engagement politique est de plus en plus prononcé. A quoi obéit ce choix ?

Mon engagement pour le peuple dans mes chansons reste le même depuis le début de ma carrière jusqu’aujourd’hui. Seulement je refuse d’être un opportuniste. Je ne profite pas d’une émotion généralisée des gens pour me faire une place au soleil. Je n’aime pas la manipulation et je refuse d’être manipulé. Je ne joue pas non plus avec ma conviction. Je ne suis pas un essuie-glace. Je respecte la conviction de chacun et je souhaite qu’on respecte la mienne. Le plus important est que nous arrivions tous à Rome, chacun sur son chemin.

Êtes-vous un artiste proche du pouvoir ivoirien ou vos titres portent-ils des critiques contre celui-ci ? 

Je peux affirmer que sous l’ère Ouattara, la quasi-totalité des artistes de Côte d’Ivoire sont proches du pouvoir. Moi quand je participe à une cérémonie organisée par le parti au pouvoir, j’y trouve toujours des artistes de tous les genres musicaux, de toutes les ethnies et ressortissants de toutes les régions de notre pays et souvent même d’autres bords politiques.  Bravo au pouvoir pour cette ouverture d’esprit. Par le passé on a vu des présidents où ce sont les artistes de leurs groupes ethniques qui ont formé des associations pour les servir et ne servir seulement qu’eux. Nous autres étions exclus. Jamais, je n’ai été invité à une seule cérémonie par le passé sous les autres régimes. Je suis donc reconnaissant au pouvoir en place et au président de la République, Alassane Ouattara,  pour les opportunités qu’on me donne souvent pour faire mon travail.

Ce pouvoir est un pouvoir qui pense à tous les Ivoiriens et qui s’intéresse à tous les métiers qu’exercent les Ivoiriens. Merci encore à Son Excellence Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire pour cet esprit de rassemblement de tous les fils et filles du pays autour de la mère patrie dans tous les domaines. Merci aussi à son gouvernement. Mais comme l’œuvre humaine n’est jamais parfaite, souvent j’attire leur attention à travers des chansons telles que «DIOULA» qui est une chanson qui dénonce les cumuls de postes.

A quelle génération de reggaemen appartenez-vous ? Et quel bilan pouvez-vous établir aujourd’hui de votre carrière musicale après plusieurs années d’expérience ? 

Chez nous, au reggae, aucune génération ne passe. Toutes les générations sont toujours ensemble dans le temps et le même bateau car le reggae est une musique qui traverse le temps.  Les messages que nous véhiculons sont toujours d’actualité. Ce n’est donc pas une musique de mode. En un mot, le reggae c’est la vie car il véhicule des messages qui régulent la vie.  Parlant de bilan, je dirai que si je vise la lune et que je la rate, je m’accroche à une étoile et je fonce lentement mais sûrement vers la lune.

Combien d’albums avez-vous sortis au total et quel est celui qui a le plus marqué les mélomanes ? 

Je totalise 6 (six) albums et plusieurs singles. Mon premier album «Religion» m’a révélé aux Ivoiriens et aux Africains avec des titres comme Love for Hadja, Gouvernants chauves-souris, démagogie, corruption meurtrière etc. Il a vraiment marché.  Mon deuxième album «Jahsso» avec des titres comme: Conflit à l’ouest, Jahsso, Bôyôrô djan, Gbagbaragba, Barakissa love etc. a confirmé mon talent auprès de mon public. Mes fans ont également apprécié mes autres albums avec plusieurs titres qu’ils continuent de kiffer notamment : Tchèden, Marassa, suruku keni, Heridjèguè, Bobo dioulasso, Kalama, Coeur noir, islam, Mea Culpa, Barakèla, Karifa etc.

Quels sont vos projets à court et long terme ? 

Je prépare un nouvel album qui va sortir en 2025. Mais avant, je donne rendez-vous à tous mes fans du côté de MINIGNAN, c’est dans le Folon district d’Odienné, le samedi 21 décembre 2024, pour un giga concert live. Merci au journal en ligne « Le monde actuel » pour l’occasion que vous me donnez pour parler à mes fans et aux Ivoiriens. A mes fans, je dis merci de m’aimer et de m’encourager chaque jour. Restez à l’écoute. Bientôt une bombe va exploser. Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et l’Afrique !

Interview réalisée par

Marcel Zokou

 Légende photo : L’artiste-chanteur Fadal Dey, l’une des figures du reggae ivoirien. Il s’active à sortir un nouvel album en 2025.

 

Encadré  

La discographie du Fadal Dey

ALBUMS : Six (6)

1 – 1997 : Religion

2 – 1999 : Jahsso

3 – 2003 : Meditation

4 – 2010 : Mea Culpa

5 – 2015 : Jam Coco

6 – 2020 : Je suis Afrique

SINGLES : Douze (12) 

1- 2003 : Peuple sacrifié

2- 2004 : Prends ma main frère

3- 2005 : Ne l’abandonne pas

4-2010 : Ta voix peut faire la différence

5- 2013 : Soutien au Mali

6- 2013 : L’engagement des hommes

7- 2016 : Touché mais pas couché

8-2016 : Le paludisme

9- 2017 : Naïmato

10 – 2020 : Coronavirus va loin

11- 2020 : Faso Roc

12- 2023 : Can ambiance Akwaba.

 

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