L’artiste-peintre Amakan revient sur le devant de la scène avec son exposition à la Fondation Richmond’Art sis à Abidjan-Cocody-Danga, Rue des Jasmins, du 19 septembre au 19 octobre 2024. Cette exposition est le fruit d’un travail inspiré et arraché de justesse qui impose une accablante frustration : celle que ressent le plasticien de ne pas pouvoir faire voir ses créations à temps. Cette frustration, apprend-on, est forgée dans la douleur et est nourrie à la sève d’une intemporalité nouvelle, manifestant ainsi la force de son rapport avec la couleur et la matière.Témoin de son temps, Amakan entend surfer, à l’occasion de sa énième exposition solo, sur les vagues du semi-figuratif qui met en exergue le rêve, l’infini et le subjectif.
Ses œuvres, il est important de le rappeler, nous ramènent le reflet de notre vie intérieure, accompagnant nos idées de grandeur en scrutant les profondeurs abyssales de l’espèce humaine, tout en stigmatisant la vie individuelle et sociale. Amakan prend plaisir à inviter le public à un rapport à l’œuvre intuiti personae et explore les tréfonds de son moi pour sortir de son être tout ce qui est enfoui, caché et qui l’amène à la découverte aussi d’un symbolisme voilé renvoyant l’image d’une société responsable en quête perpétuelle du meilleur pour ses concitoyens. Les créations de ce diplômé des écoles d’art d’Abengourou et de Bingerville se distinguent par l’originalité de ses thématiques qui intègrent l’être au cœur de la société. En peinture, Amakan exprime librement son vécu en donnant un point de vue à la fois sournois et inavoué d’une époque agonisante.
A cet effet, l’artiste fige la vie et fixe la mémoire visible et invisible des comportements sociaux d’une génération qui ne s’arrête pas et qui va vite. Sa pratique est auréolée du prisme de l’exaltation, avouant ainsi sa faiblesse pour les têtes fortes, remplies et bien faites des femmes et hommes, des jeunes et des vieux, même des enfants, assombris, caricaturés et suggérés dans la palette de couleurs, capables de reconnaître et d’accepter l’exception d’une signature contemporaine dans un style semi figuratif. Il est important d’avancer que les œuvres d’Amakan bénéficient d’une aube nouvelle, estampillée du sceau d’une éternité naissante, prodige des formes et des signes, toujours fidèle à sa préoccupation de voir l’humain dans un cadre urbain accompli et un environnement sain.
Christelle Mangoua, la commissaire générale de cette exposition, a ici fait le choix d’œuvres inédites qui, toutes, renvoient à une double perception de la toile et de son image inspirée par la profusion du détail, mettant en relief dans le même temps l’allégorie d’une vie intérieure pleine et riche. Ce qui positionne du coup Amakan comme l’artiste de l’intérieur qui s’extériorise. Il est recommandé de ne pas regarder les œuvres de ce peintre seulement avec les yeux d’un néophyte. Il faut aussi entrer dedans.
Marcellin Boguy
Légende photo : L’artiste-peintre Amakan posant devant l’une de ses toiles.
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