Exposition « Entre rêve et réalité » à Houkami Guyzagn – Deux styles d’écriture s’affrontent

La galerie Houkami Guyzagn sise à Abidjan-Cocody présente, du 13 juin au 14 juillet 2024, « Entre rêve & réalité ». Une double exposition dont le vernissage est prévu pour ce jeudi 13 juin, à partir de 19h, au sein de ce centre des arts. A cette occasion, l’on aura quatre artistes-plasticiens à l’écriture différente à l’honneur : Haz-ié et Emmanuel Lekryst qui implémentent l’exploration de l’intangible, l’imaginaire, le rêve, et à côté les figuratifs Franck Asso et Touré Béchir qui mettent en avant les faits de société, les réalités sociétales. Les deux premiers s’installent à la salle Mathilde Moreau. Et les deux autres investissent l’espace Terre promise. Chacun d’eux venant avec dix toiles.

En prélude à cette grande première, la direction de la galerie hôte a initié une conférence de presse, le vendredi 7 juin 2024, à la salle Mathilde Moreau, avec Haz-ié et Emmanuel Lekryst; les deux autres peintres s’étant fait excuser pour leur indisponibilité.  A cette occasion, Haz-ié et Emmanuel Lekryst ont entretenu les journalistes sur leur vision, leur démarche picturale, leurs technique et approche, sans oublier leurs attentes. Par téléphone, Franck Asso est intervenu aussi pour dire son travail, sa quête et son approche des arts plastiques.

Pour Thierry Dia, le maître des lieux, c’est une grande première d’organiser deux expositions en même temps sur un même site. « Et le faire, c’est surtout donner la possibilité aux visiteurs de voir, apprécier deux écritures différentes en même temps. Et nous exposons ces artistes parce qu’il y a quelque chose à montrer. Les quatre plasticiens ont une belle écriture », estime M. Dia. A en croire le commissaire général-maison de toutes les expositions à la galerie Houkami Guyzagn, le critique d’art, Mimi Errol, « Entre rêve & réalité » met le visiteur en présence de deux types de travail : le fantastique (le monde fantastique de l’imagination) et les réalités sociétales.

Avec Haz-ié, a-t-il indiqué, on a quelque chose d’abouti au niveau de l’imaginaire. « Tout comme avec Lekryst, on vit dans un monde qu’on ne voit pas tous les jours. Ce qui relève de l’aspect rêve ». A ce niveau, il retient que « nous avons deux techniciens qui mettent leurs œuvres en exergue par la technique ».

Par contre, a-t-il poursuivi, du côté de Franck Asso, il est question de société, de marchés, de rêves et leurs animations, de foules…« pour nous plonger dans notre quotidien à la fois moderne et traditionnel ». Idem avec Touré Béchir dont tout le travail évolue autour de la matière et des formes, fait savoir le commissaire des deux expositions en une. Pour qui aussi les empattements, la terre, la réalité du quotidien, le train-train quotidien sont la marque déposée de Touré Béchir. « Il a une œuvre chaude. Et entre Lekryst et Haz-ié, et entre Touré Béchir et Franck Asso, les innovations viennent par les accrocs. Les deux expositions réunies nous donnent quelque chose de merveilleux. Béchir et Franck sont des peintres qui travaillent avec la matière. Ce sont deux matiéristes, quand les autres (Haz-ié et Lekryst), eux, travaillent sur le fantastique, sur l’imagination pure. Lekryst, c’est notamment des hommes qui viennent d’ailleurs. C’est pourquoi nous pensons fort à propos qu’entre le rêve et la réalité, on peut tout se permettre. Et les deux expositions se complètent, l’art étant de prime abord de l’imaginaire », affirme Mimi Errol.

Élévation spirituelle et convocation de la culture ici dans le débat pictural

 « Mes tableaux sont une quête mathématique. Cela s’impose à moi. L’élévation de la conscience, c’est le but ultime de mon existence. Pour élever sa conscience, il faut travailler sur soi. Il n’y a pas longtemps que je peins. Je parle aussi de notre lien avec la nature. La faune, la flore, l’eau, l’air… sont un maillage de notre évolution, de notre monde. Je parle surtout d’élévation spirituelle de la conscience et de magie. Je crée un univers qu’on peut qualifier de fantastique, mais qui est plein d’espoir », dit Haz-ié, à l’état civil Suzel Grié-Hazoumé, fille de l’écrivaine Flore Hazoumé, elle-même écrivaine et évoluant aussi dans l’écosystème du cinéma.

Quant à Emmanuel Lekryst, il reconnaît qu’ « il existe beaucoup de similitudes dans notre démarche (avec celle d’Haz-ié). Je traite à la fois du rêve et de la réalité, parce que l’Homme a deux dimensions : matérielle et spirituelle. Cette exposition nous permet de côtoyer cette limite entre le tangible et l’intangible. C’est l’intangible (le spirituel) qui influence notre perception du monde. C’est une quête du spirituel. Nous nous inspirons de notre vécu. Ce sont les défauts de l’Homme, ses qualités, son imaginaire que nous peignons . C’est, dans mon cas, l’âme humaine qui guide mon travail, ma démarche », précise l’artiste.

Rappelant sa démarche artistique au téléphone, Franck Asso soutient qu’il développe la technique du nattage sur toile et qu’il s’inspire de l’art traditionnel. « Il faut toujours se rappeler de sa culture. Pour créer un monde, il faut toujours convoquer sa culture. J’apporte ma touche traditionnelle à travers le nattage. Je traduis la vie à travers les rencontres, la diversité. Je suis très sensible aux scènes de la vie quotidienne. Je suis un artiste qui met la culture en avant. C’est important face à la perte des valeurs de la jeune génération. Je rappelle que la culture, c’est avant tout notre âme; elle développe nos valeurs », souligne Franck Asso.

Marcellin Boguy 

 

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