Grand-Lahou : Ebounou, une sous-préfecture oubliée !

Si la politique de décentralisation de l’administration ivoirienne a vu l’érection de plusieurs villages en chefs-lieux de sous-préfecture, les moyens d’accompagnement, en l’occurrence le développement des infrastructures, n’ont pas toujours suivi cette volonté de l’Etat de se rapprocher des administrés. De nombreuses bourgades devenues des sous-préfectures manquent de presque tout et apparaissent comme des oubliées de l’Etat. La sous-préfecture d’Ebounou, dans le département de Grand-Lahou, n’échappe pas à cet état de fait.

 

Du 18 au 21 mars 2022, Ebounou, qui signifie en langue Avikam ‘’le bout de la forêt’’, recevait ses plus illustres fils (les cadres) à son chevet. Ceux-ci s’y sont réunis pour réfléchir aux actions à mettre en œuvre afin de sortir le village du sous-développement chronique dans lequel il baigne depuis plusieurs décennies. En effet, cette presqu’île (le village est entouré d’eau de trois côtés), érigée en chef-lieu de sous-préfecture et regroupant 14 villages, souffre du manque d’infrastructures de base. L’absence d’eau potable, d’électricité, de centres de santé, d’écoles dans presque tous les villages sont entre autres les maux qui s’ajoutent au phénomène de l’insécurité.

Il n’y a pas de gendarmerie à Ebounou. Mais le problème le plus crucial dans ce village du littoral ivoirien qui présente beaucoup de potentialités économiques et touristiques, à l’instar de beaucoup d’autres d’ailleurs, est celui de la route. Les 18 kilomètres qui séparent Ebounou de la voie nationale « la côtière », elle aussi dégradée mais en réhabilitation depuis peu, sont impraticables. Cette sous-préfecture reste ainsi enclavée en plus du fait que sur les 14 villages, seulement 3 soient accessibles par la route. Les autres n’étant accessibles que par voie fluviale.

Face à ces nombreux problèmes, les cadres du village, soucieux du bien-être de la population, ont décidé de prendre en main les choses en s’organisant pour sauver non seulement les beaux sites touristiques dont regorge le village, mais surtout en lui donnant un souffle nouveau à travers la création d’activités génératrices de revenus pour les habitants. « Cela fait 12 ans que je me suis absenté. Et cela a plombé de nombreuses activités économiques du village. Maintenant que je suis revenu, j’essaie de tout coordonner pour véritablement relancer le développement d’Ebounou, en collaboration avec le Sous-préfet, les cadres, mais aussi avec l’implication de la jeunesse et de toute la communauté villageoise », confie Benoît Kamena Brown, fils d’Ebounou et opérateur économique dans le secteurdu tourisme, visiblement peiné par l’état de léthargie dans lequel se trouve ce village aux fortes potentialités  touristiques et économiques.

A propos de potentialités économiques, c’est le Sous-préfet, Touré Adama, que nous avons approché, qui en parle mieux : « Nous demandons aux investisseurs de venir investir à Ebounou qui est un véritable eldorado. Ebounou est un scandale économique. Il y a beaucoup de poissons, beaucoup de crabes, de crevettes et de langoustes. A Ebounou, nous avons la mer, la lagune et une immense forêt. C’est une grande richesse.  Les Blancs (les colons) n’avaient pas choisi Ebounou par hasard. C’est une porte d’entrée et de sortie. Les gens appelaient Ebounou, et continuent de l’appeler ainsi,  ‘’Petit Lahou’’. Ici, c’est un Eldorado. Nous avons de belles vues (paysages). Il faut que dans tous les villages, il y ait l’eau et l’électricité, mais aussi un centre de santé, une école… », plaide l’autorité administrative. Pour le représentant du Chef de l’Etat dans la localité, il faut également l’union des filles et fils pour parler d’une seule et même voix afin de poser les problèmes de développement devant les autorités compétentes. « Il faut qu’à Ebounou les gens se mettent ensemble au sein d’une seule mutuelle pour voir dans quelles mesures ils peuvent développer la Sous-préfecture (…). Pour ma part, je ferai ce que je dois faire pour sortir Ebounou de sa léthargie. Quand je suis en service quelque part, je considère que je suis fils de la localité. Bien qu’étant là pour appliquer ce que l’Etat me dit. Parce que je suis là en tant que l’Etat et non en tant que moi. Ebounou a 14 villages dont seulement 3 sont accessibles par la route et les autres, par l’eau. C’est pourquoi, Ebounou a besoin de navettes pour aller facilement dans les villages », renchérit le Sous-préfet.

Message reçu 5/5 par les cadres du village dont la priorité est désormais le développement d’Ebounou, ce village composé de quatre grandes familles et six quartiers, et situé à la frontière des départements de Fresco et de Grand-Lahou. Benoît Kamena Brown épouse parfaitement cette vision des choses, lui qui est promoteur d’un vaste projet de construction d’une ville verte sur une superficie de près de 50ha à l’Île Boulay (Abidjan).

« Je n’attendrai pas que le projet ‘’Brownville’’ de l’Île Boulay arrive à son terme avant d’entamer le développement touristique d’Ebounou. Je ferai les deux en même temps. Les mois à venir, Ebounou recevra un grand nombre d’experts et d’investisseurs. Le travail ne fait que commencer. J’aime beaucoup mon village, et les gens sont vraiment contents de me voir quand j’y arrive », annonce-t-il en appelant tous les cadres présents à ces assises, notamment, Octave N’douba Avit, Jacques Chevalier, Vincent Grohi, et les Chefs de village dont Lavry Bogui Pierre (Chef d’Ebounou), Beugre E. Russein (Chef d’Essonam),  Gadji D. Charles (Chef de Dokpodon), à emboucher la trompette du développement afin qu’Ebounou sorte enfin la tête de l’eau.

 

 

 

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