Depuis l’exil, le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), Ismaël Sacko, condamne la gouvernance du régime de transition militaire conduit par le colonel Assimi Goita au Mali. Il évoque ici la bataille de Tinzawaten et ses conséquences pour la République du Mali et ses populations.
Pour rappel, le Mali a signé en 2002, la convention internationale qui lui interdit de contractualiser avec des mercenaires. En se soumettant au diktat de Vladmir Poutine et de la Russie, Assimi Goita a engagé notre pays dans une guerre internationale asymétrique. Après recoupements, la bataille de Tinzawaten n’avait pas lieu d’être même si elle a eu le mérite d’annihiler la stratégie militaire de la junte et d’infliger une déculottée à Assimi Goita, ancien prisonnier en 2012 des groupes armés. Assimi Goiata ne serait-il pas dans une stratégie de vengeance contre les groupes armés au lieu de lutter efficacement contre le terrorisme ?
Loyale, cette bataille s’est tenue dans un face à face inédit entre des maliens des groupes armés du Nord du Mali, membres du CSP, et la milice russe Wagner accompagnée par des militaires de notre armée nationale. Elle a mis en lumière le mensonge et l’échec sécuritaire d’une junte aux abois, isolée et affaiblie. Tinzawaten restera à jamais gravé dans la mémoire collective des instructeurs militaires russes et des états-majors « poutiniens. »
L’échec de la stratégie militaire du putschiste Assimi Goita à Tinzawaten, en juillet 2024, sera enseigné dans les écoles de guerre car jamais Wagner et ses tueurs à gage n’ont été mis en déroute sur le continent africain. La prouesse du CSP pourrait enclencher la chute de l’oligarchie des putschistes maliens. Par la même occasion, la théorie d’une armée qui monte en puissance a été démontée par le CSP décidé à laver l’affront de la prise de kidal sans coup férir en novembre 2023.
Le mythe de Wagner brisé
Les tueries, les exactions et le cannibalisme wagnérien sur des populations civiles sans défense du centre, de l’Ouest et du nord du Mali ont été vengées par d’autres fils du pays. Humiliés, tués et fait prisonniers, les Africains et le monde entier ont découvert que le soldat criminel de Wagner n’est rien d’autre qu’un humain, une sangsue qui a manqué de courage à Tinzawaten et un mercenaire qui tue pour gagner sa vie. Prenant la tangente et abandonnant coéquipiers et équipements militaires bien que surarmé, Wagner a été ridiculisé et décrédibilisé par le CSP et alliés qui ont honoré la grande majorité des maliens. Environ 120 morts Wagner et FAMAS, un bilan lourd pour le peuple malien déçu par la découverte de l’hécatombe. Le CSP a réussi à se rééquiper à partir du butin de guerre arraché au duo wagner-Famas.
La souveraineté à géométrie variable
La défense du territoire nationale incombe aux FAMAS bien évidement avec le soutien des forces armées étatiques dans le respect du droit humanitaire international. La souveraineté ne sied pas avec la présence de mercenaires russes chèrement payés à 7 milliards Fcfa pour tuer non pas les terroristes mais pour assassiner des maliens. Wagner et l’impérialisme Poutiniste met en mal le slogan populiste et propagandiste Assimite qui fait office de souveraineté à géométrie variable. Le Mali est humilié et a reculé tant sur le plan sécuritaire qu’économique sous la direction aveugle de la junte.
Les acquis de Tinzawaten
Le ministre de la défense, le Colonel Sadio Camara, a manqué de tact et de flaire car il aurait dû s’imposer pour ne pas envoyer à la boucherie nos FAMAS. Aussi, la stratégie militaire de ses états-majors a sous-estimé le réarmement moral des hommes au turban bleu qui ont l’avantage de la connaissance du terrain. La défaite des FAMAS tire ses origines dans la boulimie d’une junte qui voulait faire de Tinzawaten, un trophée pour permettre à l’incapable Assimi Goita de déclarer sa candidature et remporter les élections présidentielles. Tinzawaten a brisé le rêve de l’oligarchie putschiste. Cette bataille a eu le mérite de se tenir loin des populations et le meilleur voire le plus aguerri l’a remportée avec dignité. Il est évident que la victoire du CSP a donné des sueurs froides à Moscou et aux tyrans des terroristes politiques des pays en souffrance de l’AES.
Le silence de la communauté internationale
Lors de la bataille de Kidal, la communauté internationale avait gardé profil bas. Malgré les massacres des populations les jours qui ont suivi l’entrée dans cette ville par Wagner, aucun pays n’a condamné ces atrocités. Par ailleurs, les structures en charge des droits de l’Homme ont tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités de Bamako pour faire cesser les violations en cours. Le voisin Algérien a bien fait de fermer et de surveiller ses frontières pour éviter toute intrusion pendant la bataille de Tinzawaten.
Les enseignements de Tinzenwaten
Rien ne sera plus comme avant après le 27 juillet 2024. La milice Wagner aura désormais du mal à vendre son expertise auprès des dictateurs putschistes africains, qui, au lieu de former les armées nationales et réformer l’outil de défense avaient confié la sécurité nationale de leurs pays aux mercenaires. 7 milliards de Fcfa payés à Wagner sans résultats. Le peuple malien doit demander des comptes à Assimi Goita et au ministre de la défense Sadio Camara. Cette somme doit être réorientée dans les services sociaux de base au bénéfice des populations du centre et du nord du Mali. Le poisseux colonel Modibo Koné a fait montre d’incapacité professionnelle. Le renseignement militaire n’a pas fonctionné, le CSP a damné le pion aux colonels de salon.
Le risque d’une guerre importée
Par cupidité, par incompétence et par crainte de se retrouver devant la justice, les autorités de fait de la transition malienne sont entrain de réunir les conditions pour importer la guerre froide sur le sol malien. Par ricochet, l’Ukraine pourrait jouer le rôle du port étendard de l’OTAN contre la Russie et ses alliés. L’Algérie observe; il pourrait probablement à ce rythme soutenir le CSP contre la junte qui, par orgueil et par ingratitude a mis au dehors l’allié algérien tout comme la Mauritanie. De ce point de vue, ces deux pays frères qui ont toujours soutenu la junte Assimite contre les sanctions de la CEDEAO en 2022 sont finalement contraints de prendre leur distance tout en sécurisant leurs frontières car des glissements ne sont pas à exclure. Les USA et la France, de même que l’Allemagne, suivent de loin la déroute des Assimites.
Retenons que le « renseignement » joue un rôle déterminant dans le type de guerre asymétrique et barbare qui se déroule sur notre sol. L’entrée du Niger et du Burkina dans le conflit inter malien, pourrait éclabousser ces deux juntes du fait de la solidarité des touaregs nigériens qui n’hésiteront pas à prendre le dessus sur des armées nationales affaiblies par des dissensions internes et par une poursuite devant la CPI. Les semaines à venir seront déterminantes car la Russie de Poutine a le choix de :
- Négocier avec le CSP pour libérer ses prisonniers à des conditions qui défavoriseraient la junte malienne;
- S’engager dans une guerre qui lui serait fatale et qui mettrait notre pays en lambeau.
La quête et l’exploitation des ressources minières et pétrolières du Mali sont bel et bien à l’origine de la débâcle Russe en terre malienne. La Russie de Poutine fait de l’impérialisme en semant la guerre et en promouvant la culture de chaos dans les pays déjà fragiles.
Suggestion
La guerre est loin d’être la réponse de la mal gouvernance. Pour gagner la guerre contre le terrorisme, le glas de l’union sacrée doit être sonné. La paix des braves entre l’ensemble des fils du Mali de l’intérieur, de l’extérieur, réfugiés et exilés politiques est indispensable pour ramener la confiance. Le second ingrédient est l’accès des populations aux services sociaux de base et à une justice irréprochable. La denrée recherchée est d’engager notre pays sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel normal en donnant la possibilité au peuple malien de choisir le futur président conformément à la constitution. Pour ce faire, la junte ne doit pas être partie prenante pour rendre le scrutin crédible.
Et si la junte Assimite refuse de respecter la souveraineté du peuple, il revient aux forces vives et à l’armée de s’assumer pour sauver le Mali afin de stabiliser notre région. Il est du ressort des cadres, intellectuels, la société civile, les politiques et les notabilités traditionnels de se liguer contre une éventuelle guerre froide chez nous. La terre malienne est apte à l’agriculture et au développement. Nous avons tout pour gagner la paix, faisons donc taire les armes. Nous avons l’obligation de construire une armée nationale, professionnelle et républicaine respectant la déontologie de la guerre. Toutefois, il est important que les auteurs du cannibalisme au sein de notre armée soient identifiés et punis pour cet acte ignoble. Respectons l’art de la guerre.
Conclusion
La junte des cinq colonels mène le Mali droit au mur. Elle n’a plus de solutions. Elle doit être éconduite et traduite devant la justice pour haute trahison et pour les massacres massifs des populations civiles. Quoiqu’il advienne, le Mali résistera et survivra car nous disposons des ressources et des ressorts pour semer la fibre patriotique et sceller la paix avec nos frères des groupes armés du Nord dans le respect de la diversité culturelle qui doit transcender le temps et nos différends.
Ismaël Sacko
Président du PSDA
Chevalier de l’ordre national
Légende photo : Ismaël Sacko, président du Parti social-démocrate africain (PSDA) au Mali, contraint à l’exil depuis quelques années.
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