L’impartial  – A propos de la médiation africaine dans le conflit russo-ukrainien  par Yao Noël 

Plus d’un an après l’absurde autant que meurtrière et vilaine guerre russo-ukrainienne, voilà que quatre dirigeants africains s’investissent dans la médiation entre les deux protagonistes afin de trouver une issue négociée dans cette crise.

Du coup, nombre d’observateurs et de responsables africains sont sinon ouvertement opposés à cette initiative du moins réservés, circonspects et dubitatifs à la fois quant à l’opportunité, l’urgence ou même l’efficacité de cette mission de paix africaine en Ukraine d’abord, en Russie, ensuite.

A défaut d’une position tranchée ou hostile, nous avons pour notre part une approche et une appréciation beaucoup plus nuancées et pondérées.

Disons-le tout net, ce déplacement des 4 chefs d’Etat in situ n’est pas forcément à blâmer ou à condamner.

Il est loin d’être une mauvaise action.

C’est même, du point de vue de notre commune humanité, une bonne action.

Une fois cela dit, il convient de privilégier et prioriser les crises africaines, graves et urgentes. Il s’agit de la guerre au Soudan, la lutte contre le terrorisme violent, virulent  et meurtrier au Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) et qui vient encore de frapper en Ouganda avec plus de 40 étudiants froidement abattus dans leurs dortoirs, puis brûlés vifs.

Sans compter l’actualité très tendue au Sénégal où il y a eu déjà 16 morts. Enfin, il y a les terribles guerres oubliées du Somalie et, depuis peu, de la  République Démocratique du Congo (RDC) etc.

Face à ce sombre, préoccupant et pressant tableau sur le continent africain, l’opinion panafricaine a du mal à comprendre l’empressement de dirigeants africains à prioritairement vouloir s’occuper d’un lointain conflit russo-ukrainien en donnant l’impression (défavorable) de ranger au second plan, les guerres intra-étatiques, endogènes et locales.

Pour ces milliers, sinon ces millions d’africains,

autant il s’agira d’appuyer et accompagner le reste de la communauté mondiale à se mobiliser pour une issue pacifique au conflit russo-ukrainien, autant il va falloir mettre le même engouement, le même entrain, le même empressement pour se pencher sérieusement sur les crises africaines afin de les régler et solutionner.

Voilà donc la nuance. Il ne s’agit pas de prôner l’isolation ou une quelconque politique isolationniste qui serait suicidaire pour l’Afrique et les africains eux-mêmes mais plutôt de revoir et bien fixer l’ordre des priorités et des urgences. Cela est clair et bien loin de toute position démagogique, populiste ou isolationniste.

C’est dire une fois pour toute ceci : autant l’Afrique peut et doit s’intéresser aux affaires et aux conflits internationaux et mondiaux, autant le reste du monde peut et doit tout aussi bien s’intéresser aux affaires, crises et conflits africains de la même manière.

La paix mondiale est une et contingente, liée.

Elle n’est ni sélective ni «one way » (à sens unique).

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