Le Ghana, pays historique du non moins historique et légendaire leader Osagyefo Dr Kwame Nkrumah, héros de l’indépendance et du Panafricanisme, vient encore de poser un acte sublime voire exceptionnel. Il s’agit de la décision d’exemption de visa d’entrée pour tout ressortissant africain désireux de s’y rendre. Désormais donc, tout africain est dispensé d’un visa d’entrée sur le sol ghanéen. Décision majeure et acte d’une particulière importance et signification, celle du Président Nanan Akuffo Ado plonge ses sources au plus profond du Panafricanisme dont le Ghana et son charismatique nationaliste Osagyefo Dr Kwame Nkrumah sont et demeurent, à la fois, le héros et le héraut incontestés parce qu’incontestables au regard des luttes d’indépendance à la fin des années 50 et au début des années 60.
A l’idéal d’unité, d’intégration du ghanéen, il y avait celui non moins réaliste, pragmatique d’une figure aussi emblématique que celle de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny , homme pondéré certes attaché à l’amitié et à la coopération avec la France, ex-puissance extérieure et coloniale mais tout aussi soucieux d’aboutir à l’intégration de façon graduelle, c’est-à-dire sans vitesse et sans précipitation. Plus tard, cette approche du groupe dit de Monrovia auquel appartenaient Houphouët lui-même et tous les modérés, va, de la bouche du sénégalais Léopold Sedar Senghor, évoluer vers une intégration (africaine) « par cercles concentriques ».
En clair, Dr Kwame Nkrumah et Félix Houphouet-Boigny avaient tous deux à cœur de parvenir à l’unité ou à l’unification continentale mais il y a lieu de reconnaître qu’il y avait entre les deux, une différence de rythmes, de méthodes voire tout simplement de tempérament. Voilà pourquoi certaines langues ont cru ironiser en évoquant un « Panafricanisme du verbe » et un « Panafricanisme des actes ».
Aujourd’hui, soit plus de 50 ans après la création de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) devenue l’Union africaine (U.A), si quelques résultats ont pu être atteints (décolonisation, élimination de l’apartheid en Afrique du Sud etc.), de nombreux autres défis doivent encore être relevés pour aboutir à une totale et satisfaisante intégration africaine. Le Panafricanisme des pères de l’indépendance, si bien sûr, s’il repose sur l’indépendance, la souveraineté, la justice, l’égalité des peuples et des nations, ne doit pas être bâtie sur la haine, sur une quelconque animosité ou hostilité à l’égard de qui que ce soit, même pas à l’égard des anciennes puissances extérieures, coloniales et tutélaires.
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