A l’instar des pays ayant un débouché sur la mer, la Côte d’Ivoire est dans l’œil de cyclone des menaces terroristes. On se souvient même de l’attaque terroriste survenue, le 13 mars 2016, à Grand-Bassam, cité balnéaire ivoirienne, qui avait fait 22 morts et 33 blessés. Après Grand-Bassam, d’autres attaques terroristes ont été constatées dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Ces attaques ont fait également plusieurs dont des militaires.
Face à cette situation d’insécurité qui touche au demeurant la sous-région ouest-africaine et l’Afrique tout entière, la Côte d’Ivoire sous la direction du président de la République, Alassane Ouattara, a décidé de prendre les taureaux par les cornes en renforçant la coopération internationale au plan militaire et du renseignement, et en dotant l’armée ivoirienne davantage d’éléments opérationnels ainsi que d’équipements.
Le 21 novembre 2021, le chef de l’État, Alassane Ouattara, avait annoncé le recrutement de 3 000 soldats en 2022 qui rejoindront les rangs des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI). Cette promesse a été effectivement tenue.
En effet, Alassane Ouattara a décidé de rajeunir les effectifs d’une armée jugée vieillissante et, surtout, suppléer au plan de départ volontaire à la retraite lancé en 2017 dans le cadre de la loi de programmation militaire : environ 4 000 éléments devraient quitter les rangs de l’armée. Le président prévoit de recruter 10.000 soldats sur trois ans, alors que la menace sécuritaire liée au terrorisme au Sahel est l’un des principaux défis que doivent affronter les autorités ivoiriennes.
Au Nord, dans les régions du Tchologo et du Bounkani, les forces de défense et de sécurité déployées dans la « zone opérationnelle» sont fréquemment harcelées par les djihadistes de la cellule d’Amadou Koufa. Relativement à la promesse qu’il a faite de renforcer les effectifs de l’armée ivoirienne, le président Alassane Ouattara est passé à l’acte. En effet, le mercredi 27 avril 2022, 2 954 recrues ont été simultanément présentées au drapeau à l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa) de Bouaké, à la Garde républicaine de Yamoussoukro et au Centre interarmées de formation initiale militaire (CIFIM) de Séguéla.
Ces nouveaux soldats ont acquis des réflexes militaires et les aptitudes fondamentales nécessaires à l’exercice du métier des armes. Ces recrues rejoindront les armées, commandements et corps des Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) où elles recevront un autre module dénommé Complément à la Formation commune de base (CFCB), qui les spécialisera dans leurs nouvelles entités. D’autres jeunes gens seront recrutés pour accroître les effectifs des FACI, Les autorités ivoiriennes envisagent de recruter 7000 soldats durant la période 2022 à 2023.
Comme on peut le constater, la Côte d’Ivoire renforce ses capacités de défense et de sécurité pour faire face à la menace terroriste qui va certainement s’accroître à ses frontières depuis le retrait de l’armée française du Mali. La France et ses partenaires européens ont officialisé, jeudi 17 février 2022, leur « retrait coordonné » militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste conduite par Paris.
La France était militairement présente depuis 2013 au Mali. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe État islamique. Quelques 25 000 hommes ont été déployés au Sahel, dont environ 4 300 Français (2 400 au Mali dans le cadre de Barkhane).
Après l’annonce du retrait militaire français du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste, l’armée française a officiellement remis aux forces armées maliennes (FAMA), le mardi 19 avril 2022, les clés de la base de Gossi, dans le nord du Mali, étape majeure du départ de la force antijihadiste Barkhane du pays, a indiqué l’état-major français.« Le transfert de la base avancée de Gossi est effectif depuis la fin de matinée », a indiqué le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, précisant que la base accueillait 300 soldats français. Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, a mobilisé jusqu’à 5 500 hommes sur le terrain en 2020 et avait entamé sa mue sur décision du président français Emmanuel Macron, qui prévoyait de ramener ce nombre à 2 500 ou 3 000 d’ici 2023.
La Côte d’Ivoire qui est consciente de conséquences de cette décision française a décidé de renforcer les effectifs de son armée et de s’équiper. Pourra-t-elle s’équiper librement ? Telle est la question fondamentale quand on sait la pression que mettent les pays occidentaux sur les anciennes colonies qui, bien qu’indépendantes, se trouvent toujours comme dans des serres, dans une sorte de prison.
Ancienne colonie française et bien qu’indépendante depuis le 7 août 1960, la Côte d’Ivoire subit le diktat de la France dans bien de domaines. L’Accord de coopération militaire que le pays a signé avec la France depuis plus de cinquante années en fait une sorte « d’obligé » de la France en matière militaire et sécuritaire. Au moment où la guerre en Ukraine bat son plein et que la Côte d’Ivoire est alignée sur la position occidentale, on s’imagine difficilement que la Côte d’Ivoire ait la possibilité de discuter avec tous les pays fabricants d’armes et d’équipements militaires dont la Chine, la Russie, l’Inde etc. avant d’acheter du matériel pour équiper son armée.
Sans aucun doute, la France et les Etats-Unis vont imposer à la Côte d’Ivoire le choix occidental. Alors qu’on sait que c’est la France, à travers le drame qu’elle a causé en Lybie en 2011, qui a entrainé la grande insécurité dans la région africaine, la Côte d’Ivoire qui fait face au terrorisme, à l’instar des autres pays, de l’Afrique de l’Ouest, ne peut pas aisément dire « non » à la France et aux Etats-Unis en matière d’achat des armes et des équipements militaires. Pourtant il le faut puisque la Côte d’Ivoire est indépendante et c’est à elle seule que revient la décision de s’équiper à moindre coût au regard des difficultés financières qu’elle traverse actuellement.
Une contribution de
Hamed Silué
Citoyen Ivoirien
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