Lutte contre le terrorisme : Les Etats-Unis pourront-ils venir à bout des Shebab ?

Agissant en Somalie, de la corne de l’Afrique, jusqu’au Kenya, qui sont les Shebab ou « Al chabab » ? Ce sont des islamistes somaliens liés à Al-Qaida. Le groupe islamiste Harakat Al-Shabaab Al Mujaheddin (mouvement des jeunes combattants) est plus connu sous le nom de « Al Chabab » qui signifie « la jeunesse » en arabe. Ce mouvement naît en Somalie en 2006 et sert alors de branche militaire radicale aux combattants de l’Union des tribunaux islamiques.  Les Shebab seraient entre 5 000 à 9 000 combattants. Tous ne sont pas somaliens, certains viennent aussi de pays arabes et du Pakistan. Après la mort de leur chef Ahmed Abdi « Godane », tué par une frappe américaine, les Shebab nomme en septembre 2014, Ahmed Oumar également connu comme Abou Oubaïda, qui dirigeait auparavant le renseignement au sein du mouvement.  Le groupe est parvenu à diversifier ses sources de financement. Leur popularité semble leur assurer des dons depuis l’étranger. En Somalie, les Chabab récolte de l’argent par un système de taxe, de donations mais aussi par l’intermédiaire de services rendus et qu’ils font payer.

Ces islamistes prennent le contrôle de Mogadiscio au mois de juin 2006. La capitale est reprise fin 2006 par les troupes éthiopiennes, soutenues par les Etats-Unis, et qui viennent aider le gouvernement somalien de transition. Mais les troubles persistent dans le pays. Alors que l’Union des tribunaux islamiques se disloque, les Chabab gagnent en force et s’imposent dans la lutte contre les troupes éthiopiennes.  En 2008, l’Ethiopie finit par retirer ses troupes du pays. Seules les forces de l’Union africaine font face aux islamistes qui prêtent officiellement allégeance à Al Qaida en 2009 et en 2012. Les Chabab contrôlent alors les deux tiers de la Somalie. Progressivement, la force de paix de l’Union africaine reprend du terrain : l’Amisom (African Union Mission In Somalia) profite des divisions qui gagnent les rangs des Chabab. En 2011, les islamistes perdent la capitale somalienne puis leur bastion, la ville portuaire Kismayo en septembre 2012.

Mais sans gouvernement national, les Chabab règnent toujours sur de vastes zones rurales, surtout dans le Sud du pays, où ils imposent la charia. Ils poursuivent également des attaques sporadiques en Somalie et dans les pays limitrophes comme au Kenya (attentat de l’université de Garissa, en 2015) ou à Kampala (Ouganda, en 2010).

Depuis l’échec de l’opération « Restore Hope », les Etats-Unis quasiment pris du recul face à la situation  sécuritaire en Somalie laissant la place aux troupes de la sous-région et de la région africaines. N’ayant pas de grands moyens militaires et logistiques, les militaires des armées africaines impliquées en Somalie ne peuvent pas endiguer le phénomène Shebab. Quant aux Etats-Unis, pour quelque peu, atténuer leur échec aux yeux de l’opinion africaine et internationale, ils ont produit en 2020, un rapport dans lequel ils ont quasiment tout mis sur la tête du gouvernement somalien, l’égratignant en soutenant que c’est lui qui est incapable de défendre son territoire.

Dans ce rapport annuel des Américains sur le contre-terrorisme,  la lutte contre les islamistes Shebabs est évoquée abondamment. Les Etats-Unis ont dressé le bilan que les shebabs sont impliqués dans plus de 1 000 actions violentes en 2019, en Somalie et au Kenya. Dans ce rapport, les Américains n’ont pas été tendres avec le gouvernement de Mogadiscio. Le pouvoir somalien est jugé toujours « fortement dépendant de ses partenaires étrangers » pour la sécurité. L’armée nationale elle « reste incapable de sécuriser seule son territoire et de reprendre des villes ». Résultat : les Shebabs contrôlent toujours de grandes régions du sud et du centre de la Somalie. Des zones où ils se déplacent librement, prélèvent des taxes, recrutent, etc. Mais le rapport a noté certaines choses positives quand même : la création du FRC, qui est un centre chargé de traquer les flux financiers illégaux. Il y aussi des lois contre le blanchiment d’argent, contre le financement du terrorisme, contre les transferts d’argent par téléphone, très utilisés par les islamistes.

Alors que son prédécesseur Donald Trump avait décidé de retirer les 750 soldats implantés en Somalie, pour les remplacer par des rotations, le président américain Joe Biden a décidé de rétablir une présence militaire en Somalie pour y combattre les jihadistes shebab affiliés à Al-Qaïda, approuvant une demande du Pentagone qui jugeait trop risqué et peu efficace le système de rotations décidé par Donald Trump à la fin de son mandat.  Les islamistes radicaux, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans qu’ils ont intensifiée menant notamment des attentats de plus en plus meurtrières avec à la clé un assaut d’envergure contre une base de la force de l’Union africaine (10 morts selon un bilan officiel). Comme on peut le constater, la corne de l’Afrique continue de souffrir du terrorisme en dépit de la présence des Etats-Unis.

En 2021, le continent  africain a subi un nouveau niveau record de violence islamiste, propulsé par une augmentation de 70 % de la violence liée aux groupes islamistes militants au Sahel. Par ailleurs, au cours des deux dernières années, le Sahel a subi l’augmentation la plus rapide des activités d’extrémistes violents en Afrique. La région est non seulement au cœur de réseaux criminels et de divers trafics illégaux, elle a aussi vécu une augmentation de la violence entre éleveurs et agriculteurs. Bien que le Sahel soit l’une des régions les pauvres et qu’il fasse aussi face à des conditions environnementales parmi les plus fragiles, le taux de croissance de la population du Sahel est le plus rapide du continent. Par conséquent, les migrants venus du Sahel constituent une part importante des personnes tentant de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Europe. Sur ce fond, de nouvelles institutions démocratiques tentent de gagner du terrain dans la région. Voici une sélection du travail du CESA sur la région.

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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