Mali / De feu IBK à Assimi Goita : Le Cherif de Nioro, le baromètre des pouvoirs ?

Le Chérif de Nioro est sûrement le faiseur des hommes de pouvoir en république du Mali. En effet, toutes les fois qu’il est question des élections, des responsables et leaders politiques font le pèlerinage à Nioro du Sahel, précisément à son domicile.

L’on se souvient de ses prêches de 2013 en faveur de feu Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) avant que la candidature de celui-ci ne soit rendue publique. En 2018, les dirigeants des partis politiques se sont tous rendus chez lui pour y recevoir les bénédictions.

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Monoko Toualy
Monoko Toualy

En 2020, dès la chute du régime IBK, les acteurs du coup d’Etats ont également battu le pavé pour aller le voir, en sollicitant ses bénédictions et son soutien. Et pour marquer la vedette, les « Sages » de Ségou ont été à son domicile, le weekend dernier, avec pour objet, la probable caution de la candidature du président de la transition, le Colonel Assimi Goita, à la prochaine présidentielles.

Ces faits attestent éloquemment que le Chérif de Nioro est celui qui détient les clés de Koulouba, si l’on veut y accéder par la voie des urnes. En vérité, le Chérif de Nioro est une personnalité morale hautement respectée.

Il est l’une des figures religieuses très respectées, dans le même registre que le Chérif Haidara et Mahmoud Dicko. Son sérieux n’est plus à démontrer et c’est à juste titre que les hauts responsables politiques le choisissent comme parrain.

Mais, une telle logique a aussi ses limites, dans la mesure où le Chérif est un religieux et non un acteur politique. L’homme de Dieu qu’il est ne devrait pas trop jouer ni influencer officiellement les choix politiques d’une nation. Cette approche encouragée et entretenue par les hommes politiques eux-mêmes fait bien du tort à la marche de la vie politique.C’est qu’il est l’un grands électeurs, compte tenu du monde qu’il draine, mais, il ne devrait pas la source du choix des candidats pour le fauteuil présidentiel.

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D’ailleurs, il y a de cela quelques jours, le Premier Ministre de la Transition, Dr Chogel Kokalla Maiga, s’est déplacé en personne, jusqu’à Nioro, accompagné au moins de deux ministres, pour remettre la nomination du Chérif, au titre du Trésor Humain Vivant. Sans faire l’objet de débat, l’on pourrait aisément se demander pourquoi les autorités n’avaient-elles pas demander au Chérif de venir à Bamako au Mémorial Modibo Kéita où étaient reçues toutes les personnalités nommées Trésor Humain Vivant ? Ou même se faire représenter ?

Dans le fond, l’on pourrait s’inquiéter. Et l’inquiétude réside clairement dans la question de divergences d’opinions, de visions ou même de projet de société. Imaginons qu’un jour, le Chérif désapprouve la gestion gouvernementale d’un pouvoir. Qu’est-ce qui se passera ? Pire, s’il n’aime pas un président élu, quelles en seraient les conséquences ? En donnant le pouvoir politique à un citoyen, au nom du grand respect qu’il mérite, l’on met le pouvoir, lui-même, dans la rue. Mahmoud Dicko a déjà terrassé un pouvoir et mis plusieurs gouvernements en difficulté.

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La démarche des sages de Ségou dessine bien cette carte à l’horizon. Mais à ce niveau, nous ignorons si cette démarche a eu l’onction du Président Assimi Goita, lui-même. L’on sait toutefois que le p Président parle peu et ne se mêle pas des sujets, très souvent populistes. Les prochains jours, nous édifieront !

Monoko Toualy
Journaliste, expert en communication
Président du Groupe Africa Leaders
Directeur général d’Afrique Médias TV pour le Mali

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