« Je commencerai par ce que j’ai dit dans mon discours du 21 février de cette année. Je parle de quelque chose qui nous préoccupe particulièrement, des menaces fondamentales qui, d’années en années, étape par étape, sont créées de manière flagrante et sans cérémonie, année après année, par des politiciens irresponsables de l’Ouest contre notre pays. Je fais référence à l’expansion du bloc de l’OTAN vers l’Est, qui rapproche son infrastructure militaire des frontières de la Russie.
Il est bien connu que, depuis 30 ans, nous essayons avec constance et patience de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes d’une sécurité égale et indivisible en Europe. En réponse à nos propositions, nous nous sommes constamment heurtés soit à des tromperies et à des mensonges cyniques, soit à des tentatives de pression et de chantage, alors que dans le même, l’Alliance de l’Atlantique Nord, malgré toutes nos protestations et nos préoccupations, ne cesse de s’étendre.
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La machine de guerre est en marche et, je le répète, s’approche au plus près de nos frontières.(…) D’une manière générale, il semble que presque partout, dans de nombreuses régions du monde, là où l’Occident vient établir son ordre, il y laisse des blessures sanglantes, non cicatrisantes, les plaies du terrorisme international et de l’extrémisme. Tous les exemples ci-dessus sont les plus flagrants, mais loin d’être les seuls exemples de mépris du droit international.
Cela inclut la promesse faite à notre pays de ne pas étendre l’OTAN d’un pouce vers l’Est. Une fois encore, ils nous ont trompé ou, dans le langage populaire, tout simplement arnaqué. Oui, on entend souvent dire que la politique est un sale métier. Peut-être, mais pas aussi sale que cela, pas à ce point quand même. Après tout, un tel comportement de pipeur de dés est non seulement contraire aux principes des relations internationales, mais surtout aux normes de moralité et d’éthique généralement acceptées. Où sont la justice et la vérité ici ? Rien que des mensonges et de l’hypocrisie (…)
Aujourd’hui déjà, alors que l’OTAN s’étend vers l’Est, la situation de notre pays empire et devient chaque année plus dangereuse. De plus, ces derniers jours, les dirigeants de l’OTAN ont explicitement parlé de la nécessité d’accélérer, de forcer l’infrastructure de l’alliance jusqu’aux frontières de la Russie. En d’autres termes, ils renforcent leur position. Nous ne pouvons plus nous contenter de regarder ce qui se passe. Ce serait complètement irresponsable de notre part.
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La poursuite de l’expansion de l’infrastructure de l’Alliance de l’Atlantique Nord et l’aménagement militaire du territoire de l’Ukraine sont inacceptables pour nous. Le problème, bien sûr, n’est pas l’organisation de l’OTAN elle-même – elle n’est qu’un instrument de la politique étrangère américaine. Le problème, c’est que sur les territoires qui nous sont adjacents – je tiens à le préciser, nos territoires historiques – se crée une « anti-Russie » ennemie, placée sous un contrôle extérieur total, qui est intensivement colonisée par les forces armées des pays de l’OTAN et qui est gavée des armes les plus modernes.
Pour les États-Unis et leurs alliés, il s’agit d’une politique dite d’endiguement de la Russie, d’un dividende géopolitique évident. Pour notre pays, c’est en fin de compte une question de vie ou de mort, la question de notre avenir historique en tant que Nation (…)
Ce qu’il me semble important de souligner. Les principaux pays de l’OTAN, afin d’atteindre leurs propres objectifs, soutiennent en Ukraine les ultra-nationalistes et les néonazis, qui, à leur tour, ne pardonneront jamais aux habitants de Crimée et de Sébastopol leur libre choix de se réunifier à la Russie.
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Ils [les ultra-nationalistes et les néonazis] tenterons, bien évidemment, de s’infiltrer en Crimée, comme ils l’ont fait dans le Donbass, pour y faire la guerre et tuer des gens sans défense. Tout cela comme l’on fait bandes punitives des nationalistes ukrainiens, les supplétifs d’Hitler pendant la Grande Guerre patriotique. Ils déclarent aussi ouvertement qu’ils revendiquent un certain nombre d’autres territoires de la Russie.
L’ensemble du déroulement des événements et l’analyse des informations qui nous parviennent montrent que l’affrontement entre la Russie et ces forces est inévitable. Ce n’est qu’une question de temps : ils se préparent et attendent le moment opportun. Maintenant, ils revendiquent également la possession d’armes nucléaires. Nous ne permettrons pas que cela se produise (…)
Mais la Russie ne peut se sentir en sécurité, ne peut se développer, ne peut exister avec une menace constante émanant du territoire de l’actuelle Ukraine (…)À cet égard, conformément à l’article 51 de la partie 7 de la Charte des Nations unies, avec l’autorisation du Conseil de la Fédération de Russie et conformément aux traités d’amitié et d’assistance mutuelle avec les Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk ratifiés par l’Assemblée fédérale le 22 février de cette année, j’ai pris la décision de mener une opération militaire spéciale.
Son but est de protéger les personnes qui ont été soumises à des abus, à un génocide par le régime de Kiev pendant huit ans. Et à cette fin, nous chercherons à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, à traduire en justice ceux qui ont commis de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris des citoyens de la Fédération de Russie. Dans le même temps, nos plans n’incluent pas l’occupation de territoires ukrainiens. Nous n’avons pas l’intention d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit par la force (…) ».
Dans ce long pan du discours qu’il a prononcé, le 24 février 2022, pour déclencher l’opération militaire russe contre l’Ukraine, le président de la Fédération de Russie,
Vladmir Poutine, a donné les raisons de sa décision. Des raisons qui tournent autour de l’utilisation, selon lui, que l’OTAN et les Etats-Unis veulent faire de l’Ukraine pour installer des armes nucléaires aux portes de la Russie. Poutine accuse l’occident d’avoir tenté de berner la Russie en affirmant que l’OTAN ne s’étendra pas à l’
Est de l’Europe alors que c’est tout le contraire que les Etats-Unis et leurs alliés s’activaient à faire à travers l’Ukraine. Autre crainte de la Russie, la volonté des tenants réels du pouvoir en Ukraine-que Poutine qualifie de néo-nazis- de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Selon le président russe, il fallait faire quelque chose, d’où « l’opération spéciale » qu’il a déclenchée le 24 février 2022 contre l’Ukraine.
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Poutine a-t-il eu raison de déclencher cette guerre? Oui et non. Oui, parce qu’en tant que chef de l’Etat de la Russie, il a pris des engagements fermes pour la sécurité de son pays.Non, parce que cette guerre en Ukraine a occasionné beaucoup de victimes et plongé le monde dans une crise économique qui est durement ressentie en Afrique.
Aujourd’hui, plus que jamais, il faut aller au dialogue entre la Russie et l’Ukraine pour mettre fin au conflit. Il faut aussi mettre fin aux sanctions économiques contre la Russie afin que les échanges commerciaux reprennent normalement à travers le monde.
En voulant intégrer vaille que vaille l’Ukraine au sein de l’OTAN, les pays occidentaux avec les Etats-Unis à leur tête ont contribué en quelque sorte à mettre de l’huile sur le feu. La Russie s’est alors retrouvée, dans une sorte, de dos au mur. Comme l’a dit Poutine, la Russie qui avait fait confiance en l’occident s’est retrouvée flouée.
Elle a par conséquent songé à ses intérêts en privilégiant sa sécurité. Même s’il faut condamner toute initiative de guerre, il n’est pas superflu de comprendre la justesse de l’inquiétude de la Russie. Mais en même temps, il faut maintenant demander à la
Russie de se retirer de l’Ukraine et de mettre fin à la guerre qui dure depuis une année.
Taïwan comme l’Ukraine?
Comme l’Ukraine face à la Russie, la péninsule de Taiwan pourrait être dans une situation de conflit avec la Chine, si la sagesse ne gagne pas les grandes puissances de ce monde. Les Etats-Unis et les pays du bloc occidental soutiennent Taïwan face à la
Chine. La militarisation de Taïwan par les Etats-Unis se poursuit sans retenue et de façon exponentielle.On s’achemine peu à peu et dangereusement vers un autre conflit du genre de celui opposant l’Ukraine à la Russie. La Chine dénonce l’attitude des Etats-Unis mais en même temps elle se prépare à un conflit armée contre Taïwan. Une telle guerre pourrait être mondiale d’autant que les Etats-Unis voleront au secours de Taïwan. La Chine a toujours considéré Taïwan comme un territoire chinois, quant à Taïwan, il revendique avec fermeté son indépendance et son autonomie. Le dialogue entre ces deux pays ne semble pas possible et la voie des armes apparait une option pour les belligérents.
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Alors que cette option pourrait être dangereuse pour tout le monde y compris les pays africains qui entretient nombreux des relations économiques importantes avec la Chine. Un conflit armée entre la Chine et Taïwan aura des coséquences désastreuses pour l’Afrique en terme de coopération économique et d’aides au développement. La Chine se verra dans l’obligation de géler ou même de supprimer automatiquement de nombreux projets de développement en direction de l’Afrique. Le continent africain subira donc de façon drastique les conséquences d’un conflit armée entre la Chine et Taïwan. les conséquences seront mondiales puisque la
Chine occupe une place prépondérante de leader dans l’économie mondiale. D’où la nécessité actuellement d’éviter que survienn une guerre entre la Chine et Taïwan. tout comme il est impératif de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Une contribution de Franck Koffi Assamoi
Politologue ivoirien
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