Mali : entre les sanctions de la CEDEAO et les conséquences de la guerre en Ukraine

Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a décidé dans la soirée du lundi 21 février 2022 de reconnaître l’indépendance des séparatistes pro-russes d’Ukraine,. Pour le monde occidental, cet acte du président russe équivaut à la  rupture avec les accords de Minsk. L’Union européenne a automatiquement annoncé une première série de sanctions à l’encontre de la Russie. Celles-ci feront  « très mal », a même averti Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne. Le président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Bide, a également annoncé une première tranche de sanctions. En chorus donc l’Union européenne et les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre la Russie. Ces sanctions sont à la fois économiques et sociales. Le président américain Joe Biden a promis «d’étouffer pour des années» le développement économique de la Russie.

Les nouvelles mesures américaines interdisent « tout nouvel investissement » en Russie et vont appliquer les contraintes les plus sévères possibles aux grandes banques russes Sberbank et Alfa Bank, ainsi qu’à plusieurs importantes entreprises publiques. Elles visent également les filles du président russe Vladimir Poutine, Maria Vorontsova et Katerina Tikhonova, âgées d’une trentaine d’années.

Le Royaume-Uni a dans la foulée annoncé interdire tout investissement en Russie et des sanctions dans la finance et l’énergie.

Le président du Conseil européen Charles Michel a estimé que l’UE devrait « tôt ou tard » prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes.

« Nous ne pouvons tolérer aucune indécision après ce que nous avons traversé », a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’adressant au Parlement irlandais.

Il faisait allusion aux accusations portées contre la Russie d’exactions sur les populations civiles, notamment dans la ville de Boutcha, près de Kyiv.

  1. Zelensky a fait projeter aux diplomates des images dramatiques montrant, selon Kyiv, de nombreux cadavres des victimes civiles de violences filmées dans des localités récemment évacuées par l’armée russe.

Des accusations rejetées par Moscou, Vladimir Poutine a dénoncé une « provocation grossière et cynique » de l’Ukraine à Boutcha. Mais l’Allemagne, très dépendante du gaz russe, a estimé que la thèse de Moscou d’une mise en scène ukrainienne n’était « pas tenable » au vu des photos satellites qui ont été diffusées.

La Chine, très prudente sur le conflit, a de son côté évoqué des images « profondément dérangeantes », mais rappelé que « toute accusation » devait « être fondée sur des faits ».  Sur le plan militaire, les autorités ukrainiennes  avaient  affirmé craindre une offensive russe de grande envergure dans l’est, sur les zones qu’elles contrôlent près de la frontière russe.

Les forces russes consolident leurs positions sur la bande côtière le long de la mer d’Azov, dans le sud de l’Ukraine, pour relier les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Les combats se poursuivent toujours et les forces russes ont globalement l’avantage du terrain par rapport aux forces ukrainiennes.

Le constat est implacable, l’Europe est à la remorque des Etats-Unis face à la crise en Ukraine. Au point où elle sanctionne à tout-va la Russie même si elle doit en subir les revers au plan économique. Des pays tels que l’Allemagne qui dépendent entièrement de la Russie en matière de gaz se trouvent actuellement à la croisée des chemins.

Les sanctions prises par les Etats-Unis et l’Europe contre la Russie causent également d’énormes problèmes économiques en Afriques. Alors que les Africains n’ont rien à voir avec la guerre en Ukraine, ils en payent malheureusement le prix fort. Les prix du pain a flambé dans de nombreux pays, par exemple, à cause du blé qui est devenu rare et couteux. Des pays africains comme le Mali qui vivent déjà une crise interne, la situation devient plus compliquée lorsqu’on y ajoute les conséquences internationales de la guerre en Ukraine.

Lors du sommet extraordinaire des dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’est tenu 9 janvier 2022, des sanctions « très dures » ont été adoptées en raison du non-respect par la junte au pouvoir au Mali de l’échéance de février pour organiser des élections et ramener les civils au pouvoir. Il s’agit de la fermeture des frontières entre le Mali et les pays membres de la CEDEAO, le gel des actifs maliens au sein de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest, la suspension des transactions sauf pour les produits de première nécessité et pharmaceutiques, la coupure des aides financières et le rappel des ambassadeurs des pays membres au Mali.

« Ces sanctions seront appliquées immédiatement. Elles seront progressivement levées uniquement après l’obtention d’un chronogramme satisfaisant soit finalisé », a soutenu la CEDEAO dans un communiqué. Cette décision de la CEDEAO si elle est justifiée au plan politique, elle est dangereuse pour le Mali au plan économique. D’autant que le Mali est un pays très pauvre dont les populations vivent essentiellement de l’aide extérieure notamment celle de la diaspora.  Si ces sanctions économiques ne sont pas levées par la CEDEAO, il faut craindre à la longue un désastre pour les populations. Principalement la famine et la misère qui va se répandre. Pour fuir cette situation, les Maliens vont émigrer vers les pays voisins notamment la Côte d’Ivoire où vit déjà une forte communauté malienne. Par ailleurs, l’immigration clandestine vers l’Europe à travers la traversée de la méditerranée au péril des vies va s’accroitre. D’où l’impérieuse nécessité de lever les sanctions aussi bien contre la Russie et  que le Mali.

Une contribution de

Moussa Dembélé

Citoyen malien vivant en Europe

 

 

 

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié