Mali / Face à la mort du chef de cabinet d’Assimi Goita tué par les terroristes  Ismaël Sacko, président du PSDA :   «Une transition civile s’impose au Mali »

« Les terroristes abattent la cheville ouvrière d’Assimi Goita et sèment la terreur au palais présidentiel de Koulouba ». C’est l’intitulé du texte ci-dessous produit par M. Ismaël Sacko, président du Parti social-démocrate africain (PSDA). Contraint à l’exil par le régime militaire de transition au Mali, c’est  depuis l’extérieur qu’il se prononce sur l’actualité sécuritaire dans son pays marquée par des attaques terroristes dont l’une a coûté la vie au chef de cabinet du président de la transition, le Colonel Assimi Goita. Le président du PSDA fait des  propositions pour le retour à la normalité au Mali. Pour lui, une transition civile s’avère nécessaire.

Éléments de langage

1. Assassinat du chef de cabinet du chef de la junte malienne, feu Adjudant Oumar Traoré

2. Attaque terroriste meurtrière de Farabougou, localité sous embargo;

Attaque terroriste dans la zone militaire et hautement équipée de Sevaré.

3. Pertes en vies humaines regrettables et dégâts matériels considérables:

4. La fête de ramadan (Eid El Fitr) sanglante et endeuillée.

Le contexte 

Notre pays, jadis connu pour sa légendaire stabilité sociopolitique où la liberté de mouvements sur l’ensemble du territoire national ne souffrait d’aucune contrainte, vit les moments les plus dramatiques de son histoire sécuritaire malgré l’achat de plusieurs engins et équipements militaires.

Loin s’en faut, la guerre asymétrique imposée aux maliens en 2012 par nos frères séparatistes du nord du Mali a ouvert le bal à une série d’attentats dans le septentrion. La faiblesse de notre outil de défense d’alors a sevré le peuple d’une victoire nationale. La bataille de Kona en 2012 et la défaite meurtrière de Kidal en 2014 ont obligé El Hadj Ibrahim Boubacar Keita, président de la République de l’époque, de signer l’accord de paix dit d’Alger en 2015 en position de faiblesse.

Fort malheureusement, les coups portés à nos FSD et la stratégie politique proposée n’ont pas suffi a ramené la quiétude et de souder notre peuple derrière la volonté politique des plus hautes autorités.

Le peuple malien et son armée   

Toujours est-il que le malien voue une admiration indéfectible à son armée. Notre peuple reste jaloux de son outil de défense et notre amour pour nos FAMa, ne souffre d’aucune ambiguïté, tel le poing à l’allonger du bras. Car en chaque malien vit un militaire de sang.

Mensonge d’État et échec sécuritaire  

Toutefois, les choix politiques de la junte militaire malienne  sous le règne tyrannique d’Assimi Goita et sa stratégie propagandiste avec son corollaire d’échecs sur le théâtre des opérations ont réussi à semer le doute dans le cœur des maliens. Le pessimisme est en train de s’installer au sein d’une population qui vouait un culte légendaire à la bande des 5 colonels usurpateurs d’un pouvoir politique dont ils ignorent le secret.

Le sacré et intouchable ministre de la défense voit son mythe s’effondrer et peine à convaincre. Oui, le terrain commande mon colonel mais vos résultats ne plaident pas à la faveur de vos mensonges. Le Président Bah N’Daw ne s’était donc pas trompé en limogeant son ministre de la

Défense Sadio Camara pour défaut de résultats. Originaire de Nara, sa zone d’origine reste très infestée, ultra fragile et meurtrière.

L’absence d’anticipation par la bande des 5 colonels a endeuillé les maliens qui ont célébré l’Eid  El Fitr, attristés et vécu un week-end ensanglanté.

Le Centre et le Nord du Mali, une nébuleuse à même de phagocyter la junte

Qu’en est-il de « Farabougou »? Cette localité située au centre du Mali est demeurée un bastion terroriste depuis le 1er coup d’Etat de la junte en 2020. La semaine dernière, plus d’une dizaine de nos soldats et civils y ont perdu la vie.

Vous n’avez pas le droit d’abandonner les régions du centre et du Nord du Mali qui croulent sous la puissance de feu de nos ennemis.

Il y a deux semaines de cela que la région de Menaka est encerclée et échappe au contrôle de Bamako. Le mutisme de la junte militaire est un signe d’abandon et de non-assistance à des maliens en quête de protection.

Prions pour que Gao, la résistante, ne succombe pas ce soir.

Le 22 avril 2023, la ville de Sevaré située au cœur de la Venise malienne a été l’objet d’une triple attaque. L’aéroport, la gendarmerie et le camp sont attaqués. Un acte terroriste barbare et regrettable qui n’honore pas le bilan mitigé d’une junte en disgrâce. Pour rappel, en avril 2022, Sevaré avait été victime d’une attaque similaire suivie de l’attentat historique contre la garnison mythique de Kati en juillet dernier.

N’oubliez pas que les mêmes causes produiront les mêmes effets.

La déchéance est amorcée. Le temps reste l’indicateur vital. A chacun son chrono.

Toutefois, je salue le courage de nos forces de défense et de sécurité (FDS) pour le sacrifice ultime et pour avoir pu repousser l’ennemi à Sévaré.

Il est tout de même temps  que la junte dise la vérité au peuple malien au regard de sa résilience.

Le mensonge d’Etat ne saurait prospérer d’autant plus que ses dégâts sont d’une gravité extrême.

L’action publique exige planification (anticipation), constance, cohérence et cohésion nationale.

Au-delà de l’envie de bien gouverner et de sortir par la grande porte de l’histoire, la junte malienne donne l’image de jeunes loups assoiffés de galons, de titres et de pouvoir despotique mais manquent des fondamentaux et de méthodes pour asseoir à tort sur la durée, leur hégémonie.

Ne dit-on pas que le pouvoir est jouissif ! Cette assertion, la Junte l’applique à fond…

La série d’échecs cuisants sur les théâtres des opérations pour des soi-disant «hauts gradés et des durs à cuire dans la chaîne de commandement » et l’absence de résultats tant sur le plan sécuritaire, politique, économique qu’au niveau de la cohésion sociale ont donné naissance à un sentiment d’une junte incapable, impuissante qui tâtonne.

Pour preuve, l’attaque terroriste meurtrière qui a coûté la vie à une mission de très haut niveau de la présidence de la République du Mali, le 18 avril 2023, dans la zone infestée de la forêt de Ouagadou (axe Guiré- Nara) traduit l’expression ultime d’impuissance tactique de la junte à traquer et neutraliser les ennemis de la paix.

Koulouba panique et désemparé

Jamais dans l’histoire du Mali, un haut cadre de la présidence et de surcroît « le chef de cabinet » du président de la République n’a été tué encore moins capturé en mission. Repos éternel à leurs âmes.

L’adjudant feu Oumar Traoré, le désormais ex-chef de cabinet d’Assimi Goita et sa délégation ont  payé le prix fort de la politique de l’autruche.

Par cet acte barbare et lâche que je condamne de toutes mes forces, les terroristes ont réussi à atteindre le cœur du chef de la junte militaire malienne Assimi Goita en frappant Koulouba au mauvais moment et en tuant son homme de confiance.

Une enquête doit être diligentée pour élucider cette mort tragique au point de calciner des corps

Mort héros, le désormais feu Oumar Traoré alias « Douglas » était le nœud gordien de l’aile politique d’Assimi et le tissu nodal de sa Forsat militaire bien que le défunt fut moins apprécié par ses collègues. Il faut aussi rappeler que le stratège militaire qu’était le défunt coiffait de très hauts gradés malgré son grade de sous-officier. Il est vrai que la fonction prime sur le grade mais il y a des limites à ne pas franchir. Car, un très bon militaire a sa place sur le théâtre des opérations et non dans un bureau.

Propositions 

A ce stade de la guerre terroriste qui coupe le sommeil à une junte désemparée, il sied de démilitariser l’administration et d’envoyer au front nos meilleurs des forces de défense et de sécurité. Il y va de la survie de notre nation.

Et cela d’autant plus que l’étau se resserre autour de Koulouba et ses œuvres sociales en soutien à l’éventuelle candidature d’Assimi pour confisquer le pouvoir.  Un autre échec cuisant en préparation.

Il est plus qu’urgent que la junte mette en œuvre son plan de sécurisation des zones sensibles afin de sauver des vies, protéger nos territoires, redonner le sourire, l’espoir et donner le gage d’une armée qui monte en puissance par ses acquis et non par la propagande médiatique car le revers de la médaille pourrait être un réveil brutal. Les maliens méritent mieux.

Pour défaut de résultats et l’absence d’un chronogramme clair et rassurant en vue d’organiser les élections et revenir à la normalité constitutionnelle, une transition civile s’impose comme ultime solution.

Conclusion 

Au regard de la situation sécuritaire délétère et de la multiplication des poches d’insécurité gangrenées, les démocrates et patriotes convaincus doivent sonner le glas de l’union sacrée autour des valeurs républicaines et sortir du mutisme.

Je salue la bravoure et l’esprit solidaire de nos populations éprouvées à dessein et prie pour le repos éternel des âmes disparues. Prompt rétablissement aux blessés.

La junte militaire doit savoir raison garder et préparer sa sortie avant de se retrouver coincée dans la nasse. Trop de sang a coulé, la peur et le désordre font fuir les investisseurs et empêchent le développement. Une transition civile s’impose.

Le 23 avril 2023

Ismaël Sacko

Chevalier de l’ordre national

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