Mali – Un faire-valoir et homme de main à la Primature, selon le président du PSDA

Depuis l’exil, le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), Ismaël Sacko, condamne la gouvernance du régime de transition militaire conduit par le colonel Assimi Goita au Mali. Il geste un regard sur le limogeage du Premier ministre Choguel Kokala Maiga et son remplacement par le général de division Abdoulaye Maiga.  Le colonel Abdoulaye Maiga devenu général de division remplace sans aucune surprise le clivant et controversé Choguel Kokala Maiga renvoyé pour insubordination, pour avoir dit ses vérités et pour insuffisance de résultats.

 

Le M5 et Choguel perdent la face  

Choguel Kokala Maiga, homme de la rue, il n’a jamais su se hisser au rang d’un homme d’Etat. Il est celui qui dès sa prise de fonction en 2021, a conseillé et induit la junte en erreur.  Il a cautionné et défendu les incohérences, les brimades et le non-respect du délai légal de la transition, initialement prévu en mars 2022. Considéré comme le traitre de la classe politique, il a fini par se ressaisir au crépuscule de son règne pour enfin dire ses vérités à ses maîtres colonels félons devenus généraux de fait. Cette volte-face va lui coûter son poste.

Sa sortie ratée du samedi 16 novembre 2024 et son refus de démissionner ont montré le vrai visage d’homme avide de pouvoir et rattrapé par ses déboires. Les failles au sein des différentes tendances du M5 ont décrédibilisé la supposée branche politique de la junte.  Devenue impopulaire au même titre qu’Assimi Goita, la junte n’avait d’autre choix que d’écarter le M5 de la gestion gouvernementale. Déplumé et dépassé, le M5 reste le plus grand perdant.

Le PM rentrant manque de charisme   

Par ailleurs, Abdoulaye Maiga, l’homme de main d’Assimi Goita a tout de même marqué les esprits par son attitude belliqueuse et va-t-en-guerre à l’encontre des pays voisins et des partenaires traditionnels du Mali. Le nouveau Premier ministre de fait, qui n’a aucune reconnaissance de la Gendarmerie, son corps d’armes, a été incapable de produire des résultats en sa qualité de ministre de l’administration territorial. Il n’a pas l’étoffe d’un chef de gouvernement. Il manque de charisme et de leadership.

Désormais aux commandes en tant que titulaire et non plus en qualité d’intérimaire, il sera jugé aux résultats et non à la teneur des slogans propagandistes qui n’améliorent pas le quotidien des Maliens. L’attelage et la composition du nouveau gouvernement de fait, en disent long sur le rôle de marionnette d’Abdoulaye Maiga. Par ailleurs, le cumul de son ancienne fonction à celle de Premier ministre pourrait faire croire que l’organisation des élections présidentielles courant 2025 est un impératif pour la junte malienne. Sauf que, le choix des hommes prouve tout le contraire. Reconduits à 90%, les membres du nouveau gouvernement avaient montré leur limite et ont été incapables de répondre aux besoins vitaux des Maliens.

Le tout militaire tue le développement

Le triste constat est la militarisation des institutions de la  République et la dictature comme mode de gouvernance dans le but de contrer toute contestation ou toute opposition constructive.

Le général d’armée de fait a perdu a jamais la confiance des  Maliens

Le despote général d’armée Assimi Goita devra compter sur la vigilance de la majorité des Maliens qui se sentent de plus en plus floués et déçus par une gestion colmatée en manque de cap et de vision claire. Quatre ans d’attente et de patience ont mis à rude épreuve la résilience d’un peuple qui a tout sacrifié au profit du confort de la junte. Contrairement au gouvernement Choguel 2, celui-ci a fait une part belle au ministre de la Défense qui se retrouve renforcé avec 2-3 de ses proches au gouvernement. Son proche récupère le portefeuille sulfureux de l’énergie.

Le ministre de la Défense Sadio Camara perd de sa crédibilité sur le théâtre des opérations où notre armée se fait laminer par le JNIM et que malgré les 7 milliards de Fcfa payés à la milice russe Wagner, cette dernière tombe comme des mouches et s’est aussi abonnée au repli tactique face aux terroristes.

Tinzawaten1 a été la perte la plus importante dans l’histoire des mercenaires Wagner. Le CSP est désormais craint. Les grades de généraux sont une récompense pompeuse non méritée au regard de la métastase et de la nébuleuse terroriste qui s’impose et occupe la majorité du territoire national. Les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure ont donc échoué.

Dans le court et moyen terme, rien ne prouve que le nouvel attelage pourra :

  1. contenir  la crise sécuritaire au centre (Badiangara, …) caractérisée par le départ massif des populations vers Sevaré, Mopti ou Bamako;
  2. ⁠stabiliser les régions du Nord du Mali;
  3. ⁠distribuer les services sociaux de base;
  4. ⁠stabiliser les prix des denrées de première nécessité;
  5. ⁠organiser les élections et amorcer le retour vers l’ordre constitutionnel normal.

La corruption, un boulet qui gangrène la gouvernance Assimite  

On note que pour calmer la grogne sociale relative à la crise énergétique, un nouveau ministre a fait son entrée. La solution n’est pas de changer mais de mobiliser les fonds et de les injecter à hauteur de souhait. La corruption autour des 59 citernes disparues est bien à la charge de l’actuel Premier ministre Abdoulaye Maiga et du ministre des finances qui ont réussi à se maintenir.

La corruption dans le dossier des 59 citernes touche de plein fouet, le directeur de cabinet d’Assimi Goita. Cette question n’a jusqu’ici pas été tranchée. L’impunité est aussi le propre du chef de la junte qui envoie en prison non pas les vrais coupables mais les associés.

Conclusion 

Le gouvernement d’Abdoulaye Maiga a le mérite de faire gagner du temps à la junte mais pas pour longtemps. Il aura du fil à retordre pour ramener à la table de discussion les groupes armés et les opposants politiques qui ont le Mali à cœur . Les velléités au sein de la junte et les dissensions internes suffisent pour enliser la marche de la transition. À cela s’ajoute la fracture entre la junte et le peuple malien qui est si grand que le divorce se creuse au quotidien.

L’organisation bâclée et tripatouillée du référendum de juin 2023 prouve que le nouveau PM de fait est un amateur qui n’a pas le sens de l’honneur. Si c’est lui qui doit organiser les prochaines élections présidentielles, le pire est à craindre. Il revient tout de même à la classe politique de se réorganiser en lien avec les forces vives de la nation pour arrêter l’hémorragie et constituer le rempart de la reconstruction du tissu social de Kayes à Tinzawaten et de relancer l’économie nationale. Les acteurs politiques doivent comprendre que tout deal avec la junte Assimite est une compromission car le grand écart nécessite beaucoup d’habilité.

La constance, la cohérence et la persévérance sont recherchées de nos jours dans le milieu politique. Nous sommes l’alternative crédible et nous avons l’obligation de s’y atteler. Car, 2025 sera fort probablement l’année de tous espoirs pour un Mali apaisé, uni et réconcilié avec tous ses fils et filles du Nord au Sud.

Toutefois, 2025, exigera des comptes aux Assimites qui devront répondre pour haute trahison. Les hommes passent mais le Mali demeurera. Choguel était un fusible qui a sauté. Assimi Goita doit s’apprêter. Bâcler les présidentielles à venir pour s’éterniser ne lui réussira pas.  Le système Assimite est en passe de s’écrouler tel le choguelisme. Les mois à venir seront déterminants.

Ismaël Sacko

 Président du PSDA 

 Chevalier de l’Ordre du Mali 

 Coordinateur de la Coalition Sahel Démocratie

Légende photo : Ismaël Sacko, président du PSDA. 

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