Nobel de la paix – Le groupe japonais Nihon Hidankyo, lauréat de 2024

Lauréat du Nobel de la paix 2024, le groupe japonais Nihon Hidankyo a annoncé, ce lundi 2 décembre 2024, être en mesure d’envoyer 30 anciens survivants de la Bombe à la cérémonie de remise du prix à Oslo, grâce à une campagne de financement participatif.

« J’ai le plaisir d’annoncer que notre délégation pourra aller » en Norvège pour la cérémonie du 10 décembre, a annoncé un de ses porte-paroles, Jiro Hamasumi, à des journalistes. Le groupe Nihon Hidankyo, qui rassemble des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki et qui milite pour un monde purgé de l’arme atomique, a décroché la prestigieuse récompense mi-octobre. Rapporte la radio publique française, RFI.

Mais le montant du prix était insuffisant pour couvrir les frais de déplacement des 30 récipiendaires collectifs, conduisant l’organisation à lancer une campagne de financement participatif. Celle-ci a généré plus de 36 millions de yen, soit près de 230 000 euros, s’est félicité Jiro Hamasumi. Il s’est dit « très surpris » que la campagne ait rassemblé 10 millions de yen dès le premier jour.

Ce rescapé, aujourd’hui âgé de 78 ans, était dans le ventre de sa mère lors de l’explosion de la bombe atomique américaine de Hiroshima le 6 août 1945. Son père fait partie des 140 000 morts. À Oslo, « j’espère pouvoir faire part de mon expérience pour qu’il n’y ait pas d’autres victimes et que l’arme atomique ne soit plus jamais utilisée », a-t-il souligné. Parmi les autres membres de la délégation figure Terumi Tanaka, 92 ans, qui avait subi enfant l’explosion de Nagasaki le 9 août 1945. Celle-ci avait fait 74 000 morts.

Le combat des hibakusha

Créé en 1956, le groupe anti-armes atomiques Nihon Hidankyo a été distingué par le Comité Nobel pour « ses efforts en vue d’un monde sans armes nucléaires » et pour « démontrer via ses témoignages que l’arme nucléaire ne doit plus jamais être utilisée ». L’organisation a en effet collecté et diffusé des milliers de témoignages, publié des résolutions et des appels publics, et très régulièrement envoyé des délégations aux Nations unies et à diverses conférences pour se faire les porte-paroles du désarmement nucléaire.

Le groupe rassemble les survivants de ces deux explosions nucléaires, connus au Japon sous le terme « hibakusha », littéralement « personnes affectées par la bombe ». Les hibakusha ont, pendant des décennies, porté avec force leur appel à bannir l’arme nucléaire. On en dénombrait encore 136 700 environ en 2020, mais leur nombre décline rapidement. Nombre de survivants souffrent de maladies provoquées par ces radiations et d’effets à plus long terme, notamment de risques élevés de cancer.

« Un jour, les hibakusha ne seront plus parmi nous, avait expliqué le Comité Nobel lors de l’attribution du prix. Mais grâce à une forte culture du souvenir et à un engagement continu, les nouvelles générations au Japon perpétuent l’expérience et le message de ces témoins. Elles inspirent et éduquent les gens dans le monde entier. Elles contribuent ainsi à maintenir le tabou nucléaire, condition préalable à un avenir pacifique pour l’humanité. »

Légende photo : La ville de Nagasaki après le largage de la bombe atomique en 1945. Les dégâts humains et matériels étaient incommensurables.

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