Présente dans le « pré-carré » français en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale où elle multiplie des relations de coopération militaire fructueuses et lorgne vers des rapports économiques de type nouveau (win-win), la Russie irrite de plus en plus la France. Tièdes au départ, les relations bilatérales entre Paris et Moscou sont devenues tendues pour se dégrader progressivement. Récemment, le vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a soutenu que son pays ne souhaite pas voir « les pays inamicaux » à la Russie prendre part au sommet des BRICS qui se déroulera en août 2023 en Afrique du Sud. Allusion faite, sans le citer, au président de la France qui voudrait y participer.
Répondant en quelque sorte aux autorités russes, le président français, Emmanuel Macron, a accusé la Russie d’être une « puissance de déstabilisation de l’Afrique ». Il a tenu ces propos lors d’une interview qu’il a accordée, ce vendredi 23 juin 2023, à RFI, France 24 et France Info. A noter que la Russie est la grande absente du sommet sur le nouveau pacte financier mondial qui vient de s’achever ce vendredi 23 juin 2023 à Paris. Un sommet organisé à l’initiative de la France.
« Ce sommet dit l’isolement de la Russie. Il faut qu’elle arrête sa guerre d’empire auprès de son voisin, l’Ukraine », a lancé Emmanuel Macron, qui n’a pas hésité à qualifier la Russie d’être « l’une des seules puissances coloniales du XXIe siècle ». Surtout, dans cette interview accordée notamment à RFI, le chef de l’État français a accusé la Russie, en effet, d’être « une puissance de déstabilisation de l’Afrique à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation ». Et Emmanuel Macron d’ajouter : « Cela a été documenté par les Nations unies en République centrafricaine à travers la milice Wagner. »
Réaction ce vendredi midi de Dmitri Peskov, le porte-parole de la Présidence russe : « La Russie développe avec les pays africains des relations amicales et constructives basées sur le respect mutuel. Celles-ci ne sont pas dirigées et ne peuvent pas l’être contre des pays-tiers. »
Ce qui est piquant dans cette passe d’armes entre Paris et Moscou au sujet notamment de la Centrafrique, c’est que le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra est précisément à Paris et a posé pour la photo la veille aux côtés d’Emmanuel Macron et de son épouse, à l’occasion d’un dîner offert à l’Élysée à tous les chefs d’État présents à ce sommet.
Cette année, c’est la seconde rencontre Macron-Touadéra. Les deux présidents se sont déjà vus le 2 mars 2023 à Libreville, grâce à l’entregent du président gabonais Ali Bongo. Est-ce le signe d’un dégel entre Paris et Bangui ? À ce stade, non, car à la connaissance de RFI, il n’y a eu jusqu’à présent aucun tête-à-tête formel entre les deux chefs d’État à l’occasion de ce sommet de Paris. Ce n’est que le jour où un tel entretien aura lieu qu’on pourra parler d’un début de décrispation entre la France et le principal allié de la Russie en Afrique centrale.
Didier Depry
(avec RFI)
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