Putschs en Afrique de l’ouest : les colonels dans le miel

Le 18 août 2020, le colonel Assimi Goïta renverse le régime d’Ibrahim Boubacar Keita à Bamako, au Mali. Le 5 septembre 2020, il prête serment avec le président de transition Bah N’Daw dont il est le vice-président. Le 23 mai 2021, la nouvelle de la formation d’un nouveau gouvernement sans ses hommes de confiance le pousse à débarquer au palais présidentiel et à menacer le président Bah N’Daw.

Finalement, il le renverse le lendemain et le fait arrêter en compagnie de son Premier ministre Moctar Ouane. Selon Assimi Goïta, le pouvoir peut être mieux gérer par les militaires car « aucun civil n’est neutre ». Pourtant, depuis le putsch perpétré contre IBK, Assimi Goïta nomme ou fait nommer des militaires, ses proches, à des postes clés de l’administration et de l’armée. Il proposait constamment à Bah N’Daw la nomination de militaires à des postes d’ambassadeurs. Lui-même roulait en Hummer. Le train de vie de Goïta et de sa suite choque à Bamako. Des syndicats de travailleurs exigent désormais la revalorisation des primes et des salaires.

 

En Guinée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, commandant des forces spéciales, renverse le président Alpha Condé le 5 Septembre 2021. Joie et scènes de liesse dans les rues de Conakry et dans plusieurs localités du pays. Les populations espèrent des jours meilleurs dans un pays comptant près de 45% de pauvres. Plusieurs mois après, seuls les proches du lieutenant-colonel Mamady Doumbouya voient leur vie changer. Ce dernier fait des nominations à des postes stratégiques de l’administration publique et des services de l’Etat. Souvent, profitent de signature que « ceux qu’il connait », révèle un membre de l’ancien régime déchu. Nzérékoré, Faranah, Kindia, Kankan, les grandes villes du pays attendent impatiemment que le brouillard se dissipe sur leurs rêves de bonheur.

Au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, auteur du putsch contre Roch Marc Christian Kaboré, le 24 Janvier 2022, a prêté serment le 16 février 2022. Il promet de « gouverner par l’exemple » en s’attaquant à l’insécurité et à la corruption ambiantes, envahissantes. Son régime serait résolument engagé à garantir des jours meilleurs au peuple burkinabé.

Le « peuple », le principal souci évoqué des auteurs des coups d’Etat en Guinée, au Burkina Faso et au Mali qui, selon eux, est brimé, tué et appauvri. Pourtant, ce dernier continue indéfiniment de broyer du noir, regarde les colonels, nimbés de miel, se délecter du lucre de leur nouvelle ligne de front : Les palais présidentiels.

Arthur Zébé

 

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