Show-biz / Meiway : « Je suis le seul artiste en activité qui a créé une musique »

La reprise des « Grands plateaux de l’UJOCCI » sous l’ère du nouveau président de l’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (UJOCCI), Jean-Marc Tonga, s’est effectuée, le jeudi 20 juin 2025, à l’espace Ménékré Legend sis à Abidjan-Cocody-Riviera-Attoban. L’artiste-musicien et chanteur invité était Meiway, à l’état-civil Frédéric Ehui, la légende du rythme musical Zoblazo. C’était autour du thème : « Zoblazo : hier, dans la continuité et l’héritage ».

Le promoteur du zoblazo a d’entrée affirmé : « C’est moi qui ai créé le zoblazo ». Et de donner des précisions sur comment il a fait de ce style musical, un style qui est parti de Grand-Bassam pour traverser les frontières. « Le goli, le gbégbé, le ziglibity… sont des rythmes qui ne traversaient pas nos frontières. Quand j’entrais en studio en 1989, le constat était sans équivoque : la musique ivoirienne n’arrivait pas à traverser nos frontières. Il fallait donc arriver à le faire avec un de nos rythmes. Pour y arriver, je vais m’inspirer du folklore de ma région, le N’Zima. Je vais donc créer le zoblazo à partir du folklore de chez moi en y ajoutant les ingrédients des musiques d’ailleurs, en faisant aussi appel au saxophone, au violon…. pour être dans le moderne. C’est comme cela que j’arrive à faire cette approche qui traverse les frontières. Et, pour un coup d’essai, ça a été un coup de maître. J’ai essayé et ça a marché. 1er, 2ème et 3ème albums, succès garanti. Ça a évidemment été une belle surprise avec quelqu’un qui arrive avec quelque chose qu’on n’avait jamais entendu », s’est-il souvenu. Et d’ajouter : « Mais moi, j’ai bien démarré. J’ai gagné Podium (émission télévisée qui pose un concours d’orchestres , ndlr). Avec ce premier album, j’ai été sacré meilleur artiste de Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’avec mon deuxième album, je chante ma victoire avec « On a gagné ». Et, l’année qui suit, en 1992 précisément, nous sommes vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ». En insistant : « J’ai créé le zoblazo à la sauce akan, puis après ivoirienne avec des déclinaisons (Monogaga, alloukou…) pour dire que je suis Akan, mais d’abord Ivoirien ».

Meiway a rappelé que c’est avec l’arrangeur Bamba Yang qu’il a construit tout ça. « Et c’est le seul arrangeur que j’ai eu avec les titres « Maguy » et « Ahibebou ». De façon péremptoire, Meiway fera savoir que « je suis le seul artiste ivoirien qui n’a jamais changé de manager. Niamkey Viet est présent depuis le début de ma carrière ». 

Des titres à messages pour sensibiliser 

Meiway va revenir sur certains de ses titres à travers lesquels il s’attelle à sensibiliser le public. Notamment « Voilà string » et ‘ »Death Society ». « A travers la chanson « Voilà string », je voulais passer un message. C’était au moment où les ras-de-fesses étaient à la mode. Je voyais les filles dans les rues avec leur string dehors. Je me renseigne et on me dit : c’est la mode. Je me dis mais si tu es ma go, il y a des choses que je dois être seul à voir. Alors je sensibilise les filles pour ne pas qu’elles se dénudent à l’extérieur. Si tu es ma go, je dois avoir l’exclusivité de certaines choses », pense-t-il.

Ses collaborations

Parlant de ses collaborations, il dira : « Toutes mes collaborations m’ont marqué. Chaque fois que j’en faisais, c’était pour marquer mon envie de partage et d’apprendre des autres ».  Aussi a-t-il eu des featurings avec notamment Koffi Olomidé, Lokua Kanza, N’St Coffies, Kojo Antwi, Monique Séka. Il n’a pas manqué de révéler ceci : « Je pense qu’avec Monique Séka, j’ai fait le meilleur duo de ma carrière. Le titre « Yaya demin » compte pour beaucoup dans mon parcours ».

Les personnes qui ont impacté sa carrière 

Pour Meiway, François Konian était un grand homme. « Je me suis inspiré de ce qu’il a fait avec le groupe Woya. Je rends hommage au Boss parce qu’il a inspiré beaucoup de générations ». Quant à Juliette Anzian, il affirme que « c’était ma sœur. C’était un grand plaisir pour moi de voir une petite sœur qui a commencé devant moi arriver à ce niveau. Avec son décès, c’est une grande perte et de là où elle est, je la salue et je ne l’oublierai jamais ». Proche de Jean-Philippe Ezaley, ancien DG de la SODEXAM et ancien maire de Grand-Bassam, Meiway a retenu que « si les élections étaient transparentes, il serait encore maire. Il a été victime de graves injustices politiques et professionnelles. Mais il a une force de caractère qui mérite d’être saluée. Il est résilient ».

L’héritage est là

Meiway est fier de reconnaître que le Zoblazo est enseigné à l’INSAAC. « Il y a beaucoup de chansons de mon répertoire qui sont repris par les jeunes. Beaucoup d’inspirations sont tirées de mon répertoire, de mes titres. Beaucoup d’étudiants de l’Insaac s’inspirent de mes titres. Je dois donc dire merci à la direction de l’Insaac de me rendre cet hommage », a-t-il estimé.

« Si j’étais à la Fonction publique, je serais proche de la retraite. Mais je suis dans un milieu où il n’y a pas de retraite. Il faut laisser quelque chose à la postérité », relève l’artiste pour qui, parlant de ses préférences pour les femmes rondes, avance : « La femme est le complément de l’homme. Ce que l’homme n’a pas, la femme doit l’avoir. L’homme est plat. S’il choisit une femme qui est plate, il n’y a plus d’équilibre. Je respecte le choix de ceux qui aiment les skinny. Si moi, je vois une skinny, je vais la saluer et on ira boire ensemble. Mais on n’ira pas plus loin que ça. Il n’y a donc pas de discrimination ».

Laisser des traces avec son livre 

« Avec l’âge, il faut laisser des traces. J’ai mon livre sorti à l’occasion des vingt premières années de ma carrière. Il fallait faire une mise à jour vu qu’il y a beaucoup d’événements qui ont suivi. Dans l’autobiographie « Meiway, une carrière, un mystère », j’essaie de montrer la voie à suivre à mes jeunes frères. Une occasion pour moi de leur démontrer qu’il y a une richesse culturelle en Côte d’Ivoire », poursuit Meiway qui précise que cet ouvrage est sorti à la maison d’édition Trait d’union. A l’en croire, « l’héritage en lui-même, c’est la musique que j’ai créée. Je ne cherche pas d’héritier. Je suis unique. Je suis le seul artiste en activité qui a créé une musique et qui continue de la pratiquer depuis bientôt 36 ans. C’est ça une légende. J’ai fait de la musique ivoirienne mon combat. Voici des gens que vous les journalistes devez protéger parce que nous sommes des pièces rares ». Puis de lâcher : « Je n’ai aujourd’hui aucun regret par rapport à mes choix ».

Selon lui, pour faire comprendre son option d’évoluer sans une major, quand on a 35 ans de carrière, on ne cherche pas un tuteur. « Mon rêve, c’est d’être indépendant. C’est pourquoi les majors ne m’attirent pas, ne m’intéressent pas », argumente le roi du zoblazo. Faisant aussi savoir que « malgré mon niveau, je fais partie des artistes combattus. Je suis le reflet de mes fans que je crise partout. Quand j’entends leurs récriminations, j’en fais échos dans mes chansons. Je parle de ce qui ne va pas dans des titres. Même si le zoblazo, c’est la fête, c’est le divertissement ».

Marcellin Boguy 

 Légende photo : L’artiste-musicien et chanteur Meiway et le président de l’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (UJOCCI), Jean-Marc Tonga.

 Légende photo de la Une du site : Meiway, l’une des stars de la musique ivoirienne et l’une des grandes voix de la musique africaine.

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