Les Soudanais assistent impuissants aux combats qui font rage depuis samedi. À Khartoum, capitale du Soudan, la plupart des habitants sont restés enfermés chez eux. Dans certains quartiers, il n’y a ni électricité, ni eau et certains Soudanais – notamment ceux qui ont manifesté ces derniers mois pour le départ des militaires et le retour du pouvoir au civil – sont en colère.
Ils ont l’impression d’être pris en otage par ces deux généraux qui se disputent le pouvoir. C’est le cas de Dallia Abdelmoniem, habitante d’un quartier qui jouxte l’aéroport, jointe ce lundi 17 avril par RFI.
RFI : Quel est l’état actuel de la situation ?
Dallia Abdelmoniem : Cela fait trois jours qu’il y a des tirs en continu, des tirs d’artillerie, des tirs à l’arme légère et même des tirs d’avions de combats. On entend des déflagrations en permanence. Cela devient difficile, pour nos nerfs, pour notre santé. Mais on ne peut rien faire. Hier [dimanche 16 avril], il y a pourtant eu trois heures de trêve, mais pas dans notre quartier. Ils ont continué à se tirer dessus jusqu’à 18h00, l’heure de l’Iftar, le repas du soir, car nous sommes en plein ramadan. Donc, on attend et on espère que cela va s’arrêter bientôt.
Avez-vous de l’électricité ? De quoi manger ?
On n’a pas d’électricité depuis samedi et on ne peut pas sortir. Ce n’est pas sécurisé dehors. Alors, on reste à l’intérieur avec les portes verrouillées. Nous nous sommes tous installés dans une pièce, au centre de la maison, où il n’y a pas de fenêtres parce que les tirs d’artillerie font trembler les fenêtres en permanence et on a peur des éclats de verre.
Que pensez-vous de ces combats ?
Je suis en colère, car à chaque fois, nous, les civils, nous nous retrouvons pris en tenaille et, cette fois, nous sommes coincés entre deux hommes qui ont trop d’armes, trop de pouvoir et qui s’en fichent. Le simple fait d’utiliser des avions de combat pour bombarder en pleine ville, cela montre qu’ils n’en ont rien à faire des civils. Nous ne sommes que des marionnettes entre leurs mains. Ils font ce qu’ils veulent et se fichent de nous.
Vous avez l’impression d’être pris en otage ?
Nous avons toujours été leurs otages, mais cette fois-ci, la situation est montée d’un cran. Avant, il s’agissait de conflits avec des rebelles, aujourd’hui ce sont des dirigeants qui s’affrontent et qui nous utilisent. Nous ne sommes que des dommages collatéraux dans leur lutte pour le pouvoir.
Comment cela peut se terminer, selon vous ?
À moins que la diplomatie ne marche – et j’en doute – cela ne peut se terminer qu’avec la défaite de l’un ou de l’autre. Aucun des deux ne va faire marche arrière, cela voudrait dire perdre, être faible et cela, ils ne l’accepteront jamais. Ils ont toujours prétendu qu’ils travaillaient pour le pays, pour la population, mais c’est de la foutaise. Ils font tout cela pour eux, pour leur intérêt, pour leurs alliés, pas pour nous et certainement pas non plus pour le Soudan !
NB : La titraille est de « Le Monde Actuel »
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