Production de la noix de cajou – Les enjeux d’un produit de rente en Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire grâce à la mise en œuvre de la réforme engagée en 2013 dans le secteur agricole, et singulièrement dans la filière anacarde, occupe le rang de premier producteur mondial d’anacarde avec une production de 1,020 million en 2022 qui en 2011 était de 400 000 tonnes. Avec cette lourde responsabilité, les enjeux de ce produit de rente sont non seulement ceux de la transformation mais aussi de gain pour les producteurs.

Le rendement de la production de l’anacarde permet à la Côte d’Ivoire de devenir depuis 2017, le premier exportateur de noix brutes de cajou, avec plus de 800.000 tonnes, soit plus de 40% de l’offre mondiale. Grâce à cette réforme, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui le 3eme exportateur mondial d’amande de cajou.
Le secteur de l’anacarde réalise un chiffre d’affaires de plus de 600 milliards FCFA par an. La réforme permet à la filière de générer un revenu annuel de plus de 300 milliards FCFA aux 400 000 producteurs ivoiriens.

En effet pour plus de valeur ajoutée induit par ce produit de rente, les autorités ivoiriennes ambitionnent de transformer davantage leur anacarde. C’est en cela que le Salon international des équipements et des technologies de transformation de l’anacarde (SIETTA), joue un rôle moteur dans l’atteinte de cet objectif de transformation de la noix de cajou en Côte d’Ivoire.

Et c’est à juste titre que la 4ème édition de ce salon qui s’est déroulé, du 6 au 8 avril 2023, au Palais de la Culture à Abidjan-Treichville avait pour thème général: “ Contribution de l’industrie du cajou à la résilience des pays africains face aux défis économiques mondiaux ”. Cet évènement majeur pour le marché mondial du cajou, vise à contribuer à l’émergence d’une industrie de l’anacarde en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest africaine, par la promotion et la vulgarisation des innovations en matière d’équipements et de technologies de transformation.

A’ la cérémonie de clôture du Sietta, le représentant du Premier ministre ivoirien, Souleymane Diarrassouba, ministre ivoirien du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des Pme, n’a pas manqué de rappeler les initiatives entreprises par le gouvernement ivoirien pour faire la promotion de la transformation de la noix de cajou.

 Booster l’industrie du cajou

“Pour booster l’industrie du cajou, le Gouvernement a adopté trois mesures importantes dans le cadre du Programme de développement de la transformation de l’anacarde”, a-t-il indiqué. Il s’agit de l’octroi de subvention à la transformation de l’anacarde aux unités locales de transformation, à travers la signature de 37 conventions entre l’Etat et les opérateurs; un investissement de 200 millions de dollars US, soit plus de 107 milliards de francs CFA d’appui pour l’amélioration de la chaîne des valeurs, dans le cadre d’un Projet dénommé Projet de promotion de compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde (PPCA), financé par la Banque mondiale. Et l’octroi de mesures additionnelles d’incitations fiscales et non fiscales, aux industries locales, à travers une convention avec l’État.

“Je peux vous assurer que ces mesures ont commencé à produire des effets et l’environnement de l’industrie du cajou en Côte d’Ivoire évolue petit à petit dans le bon sens”, s’est-il réjoui. Le taux de transformation, selon Souleymane Diarrassouba, a sensiblement évolué pour se situer en 2022 à 21,8% de la production nationale de noix brutes. Soit un volume de noix brutes transformées de plus de 224 000 tonnes contre 40 383 tonnes de noix brutes transformées en 2016.

Au dire du représentant du Premier ministre ivoirien, dans la mise en œuvre du projet PPCA, trois zones agro-industrielles sont en cours d’aménagement dont celle de Korhogo, qui est prête à accueillir

des unités de transformation de noix de noix de cajou, tandis que celles de Séguéla et de Bondoukou sont réalisées à plus de 70%. “Cette composante du projet vise à rendre disponible des zones industrielles aux standards internationaux dédiées à l’installation d’unités industrielles de l’anacarde”, a ajouté le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des Pme qui n’a pas omis de citer la mise en place du Centre d’innovations et de technologies de l’anacarde, le CITA, qui est une usine école dédiée à l’anacarde, créée par le Gouvernement ivoirien, pour soutenir le développement de la transformation locale.

“Le CITA est non seulement un pôle technologique en matière de conseil, d’expertise, de formation et de recherche, mais aussi un instrument d’accompagnement pour un partenariat public-privé innovant”, a-t-il annoncé. Et de conclure: “Le Gouvernement ivoirien, pour sa part, continuera de mener les réflexions et les actions visant à renforcer davantage ces mesures, et à apporter le soutien requis pour la facilitation des différents investissements et le développement de la transformation de l’anacarde”.

Il convient de relever que les réformes et actions entreprises par le Gouvernement ivoirien au plan industriel ont permis d’obtenir des résultats encourageants. En effet, grâce aux différentes réformes et aux investissements mises en œuvre par le Gouvernement, le secteur industriel a connu une croissance moyenne annuelle de 15,8% en 2022 malgré les effets négatifs de la Covid-19 et de la crise ukrainienne, avec une contribution au produit intérieur brut (PIB) de 22% en 2022.

Nedson Djinsou

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