Accords de pêche avec le Royaume-Uni, l’Europe, l’Asie … Pourquoi les pays africains doivent veiller à leurs ressources halieutiques

Lors du référendum du 23 juin 2016, les Britanniques ont voté à 51,9 % en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Avec la ratification de l’accord de retrait enclenché en 2017, cette sortie est effective depuis le 1er janvier 2021 à minuit. Le droit de l’Union européenne a donc cessé de s’appliquer au Royaume-Uni dès le passage à l’année 2021.

Le retrait du Royaume-Uni représente des enjeux nombreux, notamment pour le secteur de la pêche. Face à cette situation du Brexit, la Grande-Bretagne a signé des accords de coopération économique avec les pays africains dont des accords de pêche. L’objectif de ces accords sur la pêche étant pour la Grande-Bretagne de s’assurer en permanence des ressources halieutiques et permettre aux pêcheurs britanniques d’avoir toujours le maximum de poissons et d’autres ressources halieutiques. 

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Il faut préciser qu’en 2020, le gouvernement britannique  a affirmé avoir signé 11 accords commerciaux avec des pays africains, un peu plus d’une semaine avant de quitter officiellement l’Union européenne. En janvier 2020, le gouvernement britannique a  dévoilé sa nouvelle « stratégie pour le développement de l’Afrique », qui sera davantage axée sur les infrastructures et le commerce.

Au moins une douzaine de dirigeants africains étaient présents à Londres pour un sommet visant à stimuler les investissements du secteur privé britannique sur le continent. Il s’agit d’un changement majeur dans les relations du Royaume-Uni avec l’Afrique.

La pêche maritime est l’une des activités qui a fait l’objet d’accords internationaux depuis des siècles. On a même pu dire que ces accords ont contribué à l’élaboration progressive de divers aspects du droit international. Les premiers et les plus importants ont été conclus pour réglementer la pêche dans l’Atlantique nord et en Méditerranée.

Certains d’entre eux continuent même de produire des effets. C’est ainsi que des dispositions du Traité d’Utrecht de 1713 ont créé des droits qui influent encore sur les relations franco-canadiennes en matière de pêche. Les ressources vivantes de l’océan Atlantique le long des côtes africaines sont exploitées depuis fort longtemps par des pêcheurs étrangers, du moins dans la partie nord du continent. 

Déjà, avant l’ère chrétienne, Strabon signalait que « les gens de Cadiz, attirés par l’abondance du poisson, venaient pêcher sur la côte atlantique en face de Lixus ». Toutefois, ce n’est qu’au cours des vingt-cinq dernières années que des arrangements conventionnels sont intervenus pour encadrer ces activités et aujourd’hui l’Afrique de l’ouest est la région où l’on compte le plus grand nombre d’accords bilatéraux de pêche.

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On trouvera en annexe un tableau récapitulatif des accords et arrangements passés par chaque État côtier. Il importe de souligner que ce réseau d’accords bilatéraux ne recouvre pas, tant s’en faut, toutes les activités de pêche menées par des navires étrangers dans les eaux africaines.

Tout d’abord, un certain nombre de pays côtiers octroient des licences de pêche à des navires étrangers en dehors de tout accord ou arrangement formel avec l’État du pavillon ou une société d’armement. D’autre part, des sociétés mixtes ayant la nationalité d’un État côtier africain utilisent très fréquemment des navires battant pavillon étranger. 

Enfin, dans le cadre de relations traditionnelles de voisinage, certains États tolèrent que les flottilles de pêcheurs artisanaux de l’État voisin opèrent librement dans les zones frontalières. Un bref examen de la localisation et de l’importance des ressources vivantes, des caractéristiques socio-économiques du secteur de la pêche, et de la nature des zones de juridiction nationale nous semble constituer un préalable nécessaire à l’analyse des accords bilatéraux de pêche dans la région s’étendant du détroit de Gibraltar au cap de Bonne-Espérance.

Concernant les eaux des pays africains , elles sont pillées tant bien même que les pays africains signent ou non des accords de pêche avec les pays européens, américains et asiatiques. Les pays africains doivent avoir des règles pour les pays étrangers qui viennent pêcher dans leurs eaux. 

Si les pays africains laissent faire sans réagir, ils se retrouveront à long terme face à une pénurie de ressources halieutiques. Parce qu’à la vérité, les pays européens, américains et asiatiques qui signent des accords de pêche avec les pays africains  visent à obtenir davantage de poissons et de ressources halieutiques. Au point où ils n’hésitent pas à dépasser les limites du nombre de poissons à pêcher.  

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Par ailleurs, des bateaux-usines venant d’Asie, d’Amérique et d’Europe pillent les eaux poissonneuses du golfe de Guinée aux dépens des populations. Selon l’ONG écologiste  Greenpeace « les écosystèmes marins sont de plus en plus dégradés du fait de la pollution, de la surpêche par des chalutiers étrangers, des méthodes de pêche destructrices et de la pêche illicite dans le Golfe de Guinée ».

Les côtes africaines sont victimes depuis des décennies d’une pêche industrielle, souvent illégale. Après les bateaux japonais ou européens dans les années 2000, ce sont également les bateaux-usines chinois, turcs ou coréens qui pillent les eaux du golfe de Guinée, alors que les pêcheurs locaux sont moins sortis en mer durant l’épidémie de covid-19. Le rapport Mal de mer publié par Greenpeace Afrique, demande plus de transparence et interroge sur l’intérêt de cette pêche industrielle pour un pays comme le Sénégal.

Selon Greenpeace, au moins huit navires de pêche chinois ont participé à des activités douteuses entre mars et juillet 2020 au large des côtes sénégalaises. Tous portent le nom de Fu Yuan Yu, mais avec des numéros différents. Ils pêchent de nuit dans la Zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise, sans que l’on sache s’ils ont des licences, ni si elles ont été obtenues dans le respect des règles et des procédures.

Le gouvernement sénégalais accorde quelques licences, mais sans aucune transparence. La flotte de pêche chinoise utilise toutes les ruses possibles pour éviter d’être détectée dans les eaux territoriales. Comme mettre le même nom à plusieurs navires ou éteindre le système d’identification satellite qui permet de suivre les mouvements des navires.

Les conséquences de ces pêches illicites sont nombreuses. D’une part, les impacts de cette pêche industrielle sont très négatifs sur les stocks de poissons mais aussi sur la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et le bien-être de millions de personnes. D’autre part, les pêcheurs africains qui disposent de petits bateaux à très faible capacité se retrouveront ainsi sans emplois parce que sans poissons.

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Selon Greenpeace, la question est de savoir si les multinationales, les grandes entreprises et les gouvernements ont le droit de priver des milliers de personnes des ressources dont elles dépendent pour leur travail et leur survie, avec des pratiques destructrices et illégales de pêche que l’on retrouve également massivement au large des côtes somaliennes. Les multinationales impliquées dans la transformation du poisson devraient pouvoir créer des usines sur place dans les pays africains afin que les populations locales bénéficient des retombées des richesses de leurs mers.

Une contribution de  Moussa Koné 

Citoyen malien vivant en Europe 

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