Le journaliste et ex-otage Olivier Dubois s’est brièvement exprimé peu après son
arrivée en France, ce mardi 21 mars 2023, après 711 jours de détention au Sahel.
Il dit n’avoir été « ni maltraité, ni humilié, ni frappé ». Le journaliste Olivier Dubois,
qui a été otage pendant près de deux ans de djihadistes au Mali, a indiqué ce
mardi 21 mars 2023 à l’AFP n’avoir été ni « maltraité, ni humilié, ni frappé » durant
ses 711 jours de détention. « Je tiens à dire que je n’ai pas été maltraité, ni
humilié ni frappé ni quoi que ce soit », a déclaré le journaliste peu après avoir
atterri sur la base aérienne de Villacoublay, au sud-ouest de Paris.
« Il y a eu des moments difficiles mais pas physiques comme certains ont pu le vivre ». Le
journaliste indépendant de 48 ans a été accueilli par sa sœur, son père et par
Emmanuel Macron sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay.
Au lendemain de la libération d’Olivier Dubois, les questions restent nombreuses
concernant son déroulé et ce qui a rendu possible la fin de la captivité du
journaliste français au Mali. RFI fait le point sur ce qu’on sait de ce dossier dans
lequel le Niger a joué un rôle essentiel. Sur le déroulé, la première chose, c’est
qu’après une longue attente, la séquence de la libération est allée très vite.
Olivier Dubois lui-même a d’ailleurs confié à des proches, ce 20 mars 2023, avoir été
surpris par la rapidité avec laquelle tout s’est accéléré au dernier moment.
De sources sécuritaires nigériennes, Olivier Dubois et l’otage américain Jeffrey
Woodke ont été remis par les jihadistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
intermédiaires de l’État nigérien, au petit matin, ce lundi, près d’Assamaka, dans
le nord-ouest du Niger, près des frontières avec le Mali et avec l’Algérie.
Ce qui veut dire que les jihadistes leur ont fait faire le trajet, a priori par la route, entre
leur lieu de détention, quelque part dans le nord du Mali et cette localité
nigérienne. De là, les deux ex-otages ont été transportés en hélicoptère par les
forces spéciales nigériennes, avec l’appui des armées américaine et française,
vers Arlit, dans un premier temps, puis en avion vers Niamey, où leur libération a
finalement été annoncée par les autorités nigériennes en début d’après-midi.
Officiellement, il n’y a pas eu de rançon, c’est ce qu’ont déclaré les autorités
américaines et c’est ce qu’assurent aussi des sources sécuritaires et politiques
nigériennes. Qui nient également toute libération de prisonniers, une monnaie
d’échange pourtant fréquente dans ce type de négociations. Difficile cependant
d’imaginer qu’Olivier Dubois et Jeffrey Woodke aient été libérés sans contrepartie.
Certaines sources affirment que rançon il y a bien eu, des montants circulent
même déjà, mais à ce stade rien de clairement recoupé, la prudence est donc de
rigueur.
Ce que l’on peut dire, c’est que le président nigérien Mohamed Bazoum
s’est personnellement impliqué, à la demande de Paris, à partir de l’été dernier
notamment. Avec quels intermédiaires ? Des noms circulent, des personnalités
proches de la présidence nigérienne, et qui sont d’habituelles personnes
ressources pour dialoguer avec les groupes jihadistes.
Jointes par RFI, ces personnalités n’ont pas souhaité préciser leur éventuel rôle.
On parle aussi de l’implication de personnalités touaregs maliennes, membres de
groupes armés du Nord signataires de l’accord de paix de 2015. Mais là encore,
les principaux intéressés ne confirment pas.
Certains démentent même catégoriquement. C’est en tous cas le Niger qui a finalement obtenu cette double libération, c’est le Niger qui avait obtenu, dans le cadre des négociations, les deux
dernières preuves de vie d’Olivier Dubois. Des vidéos transmises en décembre
dernier et la semaine dernière et qui avaient, contrairement aux deux premières –
celles de mai 2021 et de mars 2022 – été tenues secrètes.
La famille d’Olivier Dubois avait toutefois été informée et rassurée, sur son état de santé et sur
l’existence de négociations, sans en connaître le niveau d’avancement. La
surprise, hier matin, a donc été d’autant plus grande.
Enfin, des interrogations demeurent sur le rôle des autorités maliennes de
transition, qui s’étaient impliquées dans un premier temps sur le dossier avant,
apparemment, de s’en détacher. Est-ce une conséquence des relations qui se
sont dégradées entre Bamako et Paris ? Est-ce la France qui a voulu court-
circuiter le Mali ? Est-ce le Mali qui n’a plus voulu aider la France ? Est-ce une
question d’opportunité ? Ce 20 mars 2023, les deux ex-otages ont remercié le
Niger et la France, mais pas le Mali, ni les États-Unis.Précisons enfin que le chef
d’état-major de l’armée nigérienne était en visite à Bamako il y a une dizaine de
jours. On peut se demander, après coup, si ce dossier faisait partie des
discussions.
RFI et Ouest-France
NB : La titraille est de « Le Monde Actuel »
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