Brésil / Elu président de la République : De cireur de chaussures à chef de l’Etat : Les 5 vérités sur Lula   

L’élection présidentielle au Brésil qui s’est déroulée, le dimanche 30 octobre 2022, a livré ses résultats à travers les chiffres diffusés par le Tribunal supérieur électoral (TSE), la plus haute instance judiciaire de la justice électorale brésilienne. En effet,  le candidat du Parti des Travailleurs (PT), Luiz Inacio Lula da Silva, a été de nouveau élu à la tête du Brésil. Il a obtenu 50,9% des voix au second tour, contre 49,1% pour le président sortant  et candidat de l’extrême droite Jair Bolsonaro, sur 156 millions d’électeurs.

À 77 ans et 12 ans après avoir quitté son second mandat et fait un passage en prison, Luiz Inacio Lula da Silva reprend la tête du Brésil, un pays qu’il avait laissé dans un contexte de division et d’insécurité accru mais également d’inégalités sociales de plus en plus inquiétantes durant le mandat du président Jair Bolsonaro. Comme un soulagement, l’élection de Lula a été saluée par la communauté internationale. De nombreux dirigeants du monde ont unanimement salué la victoire, dimanche, de Luiz Inacio Lula da Silva face au président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro à l’issue d’une campagne ultra-polarisée.

Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré sur Twitter : « Nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d’amitié entre nos deux pays“. Pour lui, cette élection est “une nouvelle page de l’histoire du Brésil ». De son côté, le président américain Joe Biden a indiqué dans un communiqué avoir « hâte de travailler pour poursuivre la coopération entre nos deux pays », ajoutant : « J’adresse mes félicitations à Luiz Inacio Lula da Silva pour son élection à la présidence du Brésil à la suite d’élections libres, justes et crédibles ».

Nouveau président de la République du Brésil, Lula peut être saisi en cinq étapes importantes de sa vie d’autant que personne n’aurait imaginé, il y a quelques mois,  qu’il se battrait à nouveau pour briguer la présidence de son pays face à Jair Bolsonaro. Né le 27 octobre 1945, huitième et dernier enfant d’une famille d’agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est), Luiz Inacio Lula da Silva dit Lula a sept ans lorsqu’il a émigré avec sa famille vers l’État de São Paulo pour échapper à la misère.

Un cireur de chaussures devenu métallurgiste

« Tous les dimanches, j’allais, avec mon père et mes frères, couper du bois dans les marécages. J’avais dix ans », avait affirmé Lula à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants en 2014. Il a aussi raconté qu’il avait été cireur de chaussures puis teinturier alors qu’il n’avait que 12 ans. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il a perdu l’auriculaire gauche dans un accident du travail. Sept ans plus tard, alors qu’il n’a que 21 ans, il a décidé de rentrer au syndicat des métallurgistes et il a fini par en devenir le président en 1975. C’est d’ailleurs lui qui a été une importante figure des grandes grèves de 1979, en pleine dictature militaire (1964-1985).

Fondateur du Parti des Travailleurs

Excellent orateur, Lula a co-fondé en 1980, le Parti des Travailleurs avec l’ambition de représenter au mieux la classe ouvrière. À cette période, au Brésil, le général Joao Figueiredo, à la tête du pays, a accepté la création de ce parti. Figueiredo qui commençait à comprendre que la dictature militaire à la tête du Brésil allait bientôt laisser sa place à la démocratie. Rapidement, le peuple brésilien a réussi à s’identifier aux idées de ce parti de gauche et six ans plus tard, Lula a remporté sa première élection en étant élu député fédéral de l’État de São Paulo. Lors de son mandat, il a participé à l’écriture de la constitution brésilienne du 5 octobre 1988.

Trois échecs en 1989, 1994 et 1998

Fort de son succès et avec une cote de popularité qui ne cessait de grimper à travers le Brésil, Lula a décidé de se présenter, en 1989, aux premières élections présidentielles démocratiques après la dictature militaire qui aura duré 21 ans (1964-1985). Il a échoué de peu (53% vs 47%) face à Fernando Collor de Mello qui a remporté ces élections. Quatre ans plus tard, la défaite sera totale face Fernando Henrique Cardoso (54% vs 27%) et en 1998, il a fini par s’incliner lors de la revanche entre les deux hommes (53% vs 31%). Lors de ce troisième échec, Lula a compris que son discours, perçu comme trop radical par les élites du pays et une partie de la classe moyenne, était un frein dans sa course à la présidence.

Premier président issu de la classe ouvrière

La quatrième fois a été la bonne puisque Lula a été élu président du Brésil le 27 octobre 2002 face à José Serra. Il a pris ses fonctions le 1er janvier 2003. Premier chef de l’État brésilien issu de la classe ouvrière, il a mis en œuvre d’ambitieux programmes sociaux, grâce aux années de croissance portées par le boom des matières premières. Sous ses deux mandats (2003 à 2010), près de 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère. Lula a aussi incarné un pays qui s’ouvrait sur le monde, et a conféré au Brésil une stature internationale avec l’attribution du Mondial de football (2014) et des Jeux olympiques (2016) à Rio de Janeiro.

580 jours derrière les barreaux

Puis, tout a basculé quand il a été rattrapé par les méandres de l’enquête « Lavage express » : un gigantesque réseau de pots-de-vin autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras. L’affaire a rapidement constitué le plus grand scandale de corruption de l’Histoire du Brésil. Ce scandale a provoqué la chute de Lula. Le 12 juillet 2017, le juge Sergio Moro a condamné Lula à neuf ans et six mois de prison pour corruption et blanchiment d’argent. Il a été accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer en échange de contrats pour une entreprise du bâtiment. Finalement, il a passé 580 jours derrière les barreaux avant d’être libéré le 8 novembre 2019.  Lula est ainsi redevenu président, le dimanche 30 octobre 2022, au terme d’un scrutin très serré. Il a battu de justesse le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, à 50,83% contre 49,17%, selon les résultats officiels quasi définitifs.

Didier Depry

 

 

 

 

 

 

 

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié